Tout commence dans les années 80, le jeune Laird passait alors pas mal de temps en tant que mannequin en Californie. Il était un peu à l’apogée de sa carrière de top : jeune, blond, bronzé… Après avoir grandi sur l’île de Kauai, il avait besoin d’aller voir comment ça se passait ailleurs. Comme tout le monde, la façon de vivre californienne l’a un peu ébloui. Il qualifiera l’Etat de « l’endroit de tous les extrêmes« . Après avoir – plutôt bien – profité de ce qu’offrait la Californie des années 80, il est revenu aux valeurs de base. Le voilà de retour à Hawaii.
Le photographe Sylvain Cazenave l’observera longtemps surfer. Il finiRA par apprécier le style de surf du jeune surfeur – une manière de surfer assez libre, tout semble simple et possible. cAR Hamilton était aussi très à l’aise en planche à voile, sport que le photographe shootait beaucoup pour divers magazines à travers le monde. L’objectif du rideur était la vitesse. Son crédo : toujours aller plus vite. Son terrain d’entraînement : les outer reef de Kauai et ses vagues gigantesques.
Le jeune Laird fait rapidement sensation. Mais obsédé par la vitesse, il refusait catégoriquement de faire de la compétition, ne voulant pas être juger par une autre personne. Il acceptait uniquement le jugement du chronomètre. Il participa donc à la compétition de planche à voile de vitesse avec le temps comme seul indicateur. Et très vite, Hamilton explose les records, en France notamment.
Après s’être lassé de la vitesse, Laird revint à sa passion première : le surf de grosses vagues. Au début des années 90, Cazenave le croise régulièrement au North Shore ou à Maui, ne manquant pas de le shooter lors de ses sessions incroyables. C’est en 1992 que Laird signe chez la toute nouvelle marque française Oxbow grâce au photographe. Les deux futures légendes passent de plus en plus de temps ensemble à voyager, rien que pour les catalogues de la marque.
Laird confit alors son grand projet à Cazenave : lorsque les vagues sont très grosses, personne ne peut ramer assez vite pour rattraper la vague. La vague en plein océan est beaucoup trop rapide, même équipé d’une planche plus grande et épaisse le meilleur athlète du monde ne peut la suivre. Après avoir abandonné l’idée de jeter le mat du wind, Laird a eu l’idée de se faire tracter par un zodiac comme en ski nautique. Durant l’été 92, le surfeur et ses deux amis Darrick Doerner et Buzzy Kerbox s’entrainent à faire une sorte de « surf-nautique », Cazenave étant toujours là pour immortaliser ces drôles de sessions.
En 93, en partie grâce à Oxbow, le trio prend ses premières vagues en tow-in, le système étant quasiment au point. Au fil des tests, ils se sont rendus compte que le zodiac n’était pas l’outil parfait, il sera donc remplacé par le jet ski. Ils optimiseront sous l’objectif du photographe la sécurité du sport et les performances des jets.
Sylvain Cazenave tient toujours à souligner la chance qu’il a eu de les suivre eux, et d’être ainsi témoin de l’évolution du sport. Il est le seul à avoir pu shooter toute l’histoire. « De nos jours, le tow-in fait partie du surf en général alors qu’au début cette nouvelle discipline était totalement décriée par les puristes qui n’acceptaient pas l’intervention des machines dans le sport » précise le photographe.
L’évolution ne s’arrêtant jamais, depuis une quinzaine d’années, l’inventeur surfeur frustré par la résistance de la planche avec les grosses vagues, découvre le foil, cette dérive inspirée des voiliers de course faisant littéralement glisser le surfeur au dessus de l’eau. Le procédé est encore en amélioration de nos jours.
20 ans plus tard, Cazenave expose à Paris ces clichés qui retracent toute cette histoire avec Laird. Cette exposition permet au photographe de remonter le temps et de se souvenir que le plus grand défi avec Laird était de le trouver dans l’océan. « Pour Laird, tout est simple. Lorsqu’il y avait des grosses houles, il montrait vaguement l’océan pour nous indiquer où il serait. Ce n’est qu’après avoir loué l’hélico qu’on passait de longs moments à le chercher dans l’eau. Mais avec l’habitude, on le trouve. De toute manière à l’époque c’était le seul à faire ce genre de chose, il suffisait juste de repérer les deux seuls fous furieux au milieu de l’océan déchainé !« .
La majorité des clichés de l’exposition témoignent de la prise de risque particulière de Laird et ses compères, comme par exemple ce moment où le moteur du jet ou du bateau s’arrête en plein milieux de la mer et que l’énorme série arrive. Le photographe affectionne particulièrement ses premières photos, lorsque la réussite des différentes expériences peut se lire sur les tirages. C’est le cas de la double page du magazine bimensuel Polka qui retrace l’exposition. Cette photo « raconte » le succès des footstraps conçu par Laird, qui l’ont permis d’être encore plus agile lors de ses grosses sessions. Chaque hiver, Cazenave avoue se demander « Qu’est-ce que Laird va encore inventer ?« . Pour preuve, le SUP, remis au goût du jour entre autres par l’Hawaiien lorsque les conditions étaient trop petites pour surfer. Plus récemment, le SeaBob qui permet de surfer les vagues par en dessous, en apnée pour Laird
Laird Hamilton, un véritable waterman que Sylvain Cazenave n’est surement pas près de se lasser de shooter.
Propos recueillis par Sirikit.
Exposition photo Laird Hamilton, L’art d’être un waterman du 13-30 juin 2012 à la PolkaGallerie de Paris.