L’histoire d’une addiction au surf ou d’une simple pratique démarre le plus souvent dans un shop. Si ces boutiques spécialisées ont aujourd’hui gagné la plupart des littoraux voire des mégapoles de la planète, il aura fallu attendre les 50’s pour que le concept voit le jour.
Par Olivier Dezèque
Le shapeur Dale Velzy démarre son premier commerce à Manhattan Beach en Californie, ouvrant la voie à Hobie Alter, Greg Noll, Bing Copland. Le shop sort du garage obscur pour officialiser le lieu de fabrication et de glaçage des planches. En 1952, Jack O’Neill étend son offre aux néoprènes et doucement l’industrie du surf se développe. Dans les 60’s, tee-shirts, boarshorts, magazines viennent compléter les rayons encore très rudimentaires des surfaces de vente. Jo Moraïz ouvre en 1966 le premier shop à Biarritz. Le surf n’est qu’à ses débuts en France. Freedom, le Hangar puis Waïmea naîtront les années suivantes sur la côte basque, puis landaise.
En 1975, Gérard Decoster, qui tient plusieurs commerces d’import U.S. dans le quartier des Halles à Paris, se lance dans la distribution de skateboards. Pratiquant convaincu, il rejoint Biarritz pour découvrir les vagues et ce sport qui a donné naissance à la planche à roulettes. « Ça a été la révélation. J’avais 30 ans et j’ai décidé de ne pas retourner à Paris et de surfer. J’ai ouvert mon shop, le Hangar, au-dessus de la Côte des Basques. On pouvait y trouver de tout, des planches Gordon and Smith aux Converses importées », explique t-il avec un brin de nostalgie. Le magasin de 250 m2 a été détruit en 1989 et Gérard s’est dirigé vers d’autres aventures : « J’ai toujours été un mauvais vendeur, mais un bon acheteur ainsi qu’un collectionneur averti et toujours à l’affût. Lorsque les premiers Macintosh sont apparus, j’ai voulu faire de la création graphique. Mes fournisseurs sont devenus mes clients et j’ai alors essentiellement travaillé pour l’industrie du surf », indique Gérard, qui finalement pose un regard critique sur la distribution de produits, certainement trop formatés dans les boutiques d’aujourd’hui.
Philippe Pilon, alias “Bob”, témoigne aussi de ce changement. Avant qu’apparaissent les premiers commerces spécialisés, il devait courir après les camping-cars de surfeurs anglais pour négocier le rachat de planches : « Nous étions avant tout des passionnés. J’ai fait mes études par correspondance pour pouvoir vivre les meilleures années du surf en Europe. Pour gagner un peu d’argent j’ai travaillé pour le premier Rip Curl Shop d’Hossegor, remplaçant l’épouse blessée du directeur. J’y suis resté un bon moment. » Selon le senior, l’industrie s’est piégée par la mise en oeuvre de la mondialisation, entraînant une lente et évidente uniformisation des produits. Bob a donc monté son enseigne, Not So Classic, lui permettant de choisir sans contrainte ses produits : « Je préfère le côté humain à l’approche commerciale. Je ne fais pas de discount de produits et j’exige la qualité. Je me reconnais dans cette approche lorsque le fils ou même le petit-fils d’un type à qui j’avais vendu une planche vient me voir afin de repartir avec le matériel le plus adapté à ses attentes. »
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Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le Surf Session de juillet, actuellement en kiosque.
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