Novembre 2023, Gearoid McDaid accueille chez lui en Irlande un personnage bien à part : Tom Curren revient sur l’île d’Emeraude 20 ans après son dernier passage, cette fois en compagnie de son fils Frank et alors qu’il n’a pas fait de surf trips depuis des années. Le team Rip Curl (dont Curren fait partie depuis 1981 !) se complète avec la venue de l’Argentin Leandro Usuna. Failte (qui signifie Bienvenue), retrace leur escapade irlandaise, faite de surf mais aussi de rencontres et de moments purs, simples et enjoués, propres à la culture irlandaise.
On y découvre Tom Curren comme on ne l’a peut-être jamais vu, dans tout son naturel, du peak au pub en passant par le micro. Pour le triple champion du monde, cette dernière étape aura d’ailleurs été majeure : « l’un des moments les plus mémorables pour moi a été de jouer de la musique avec Johnny Gallagher » contait-il à son retour (Johnny Gallagher est un guitariste de blues, de rock et de jazz irlandais, reconnu pour être l’un des meilleurs guitaristes en Irlande et au Royaume-Uni, ndlr).
Pour Gearoid McDaid, l’expérience a aussi été particulière. « C’était vraiment un sentiment incroyable d’avoir Tom dans l’eau. Et plutôt drôle d’avoir tous les anciens qui étaient super excités de l’avoir dans l’eau et qui essayaient de découvrir où nous allions surfer. » Le surfeur Rip Curl a aussi pris plaisir à partager sa culture avec le team et c’est selon lui la communauté de surf irlandaise qui a pu positivement surprendre ses pairs : « Ce n’est comme nulle part ailleurs dans le monde, à quel point toute la communauté de surf irlandaise est accueillante et gentille. Dans l’eau tout le monde prend des vagues et tout le monde fait preuve de respect. Je pense aussi qu’ils ont pu être surpris par l’enthousiasme des gens pour surfer, malgré le vent hurlant, la pluie, la neige, il y a toujours des gens à l’eau.« . Une fois le trip terminé, nous avons questionné le local de l’étape. Interview.
Quel est ton meilleur souvenir de ce voyage ?
Il y a eu tellement de moments épiques sur ce trip. On a eu des vagues très fun et c’était un coup de chance car les prévisions changeaient littéralement toutes les heures (rires). On a aussi eu des sessions inattendues seuls à l’eau, juste entre nous et avec au-dessous de nous le double arc-en-ciel le plus fou que j’ai jamais vu. Mais je pense que le point culminant du voyage pourrait être le concert et la soirée de fin de trip que nous avons organisés avec Tom dans un pub local. Au départ c’était juste un truc sympa, on pensait que ça allait être tranquille, avec juste quelques gars qui prenaient un verre et Tom qui jouait quelques morceaux. Mais quand la nouvelle s’est répandue, ça s’est transformé en un concert façon festival, la salle était pleine à craquer, c’était incroyable. C’est assez drôle, la plupart du temps quand les pros viennent, ce sont les jeunes qui se précipitent pour les rencontrer, mais avec Tom, ce sont tous les surfeurs plus âgés qui se précipitent, et s’il y a des pintes et de la musique, ils se précipitent d’autant plus.
Quelle idée avais-tu de Tom avant de le rencontrer et cette idée a-t-elle évoluée après cette expérience ?
L’idée que je me faisais de Tom était uniquement basée sur ce que j’avais entendu de la part d’autres personnes qui avaient voyagé avec lui. Il peut être calme et réservé, mais c’est un gars super sympa. Et oui, peut-être qu’au début du voyage, il était un peu silencieux, mais au fur et à mesure que nous apprenions à le connaître, il est devenu la plus grande des légendes. Il a adoré l’humour irlandais. On faisait des blagues, on buvait des verres de Guinness et pour être honnête, il était toujours le premier à inciter tout le monde à aller surfer, même si les vagues n’étaient pas parfaites, c’est fou de voir qu’un gars de son statut a encore autant d’entrain.
Lors des premières sessions, avais-tu la pression à l’idée d’aller à l’eau avec un tel surfeur ?
Je pense qu’il y avait de la pression de mon côté parce que je voulais qu’ils aient accès aux meilleures vagues possibles, car lorsque nous avons annoncé le voyage, les prévisions s’annonçaient idéales. Et puis comme c’est toujours le cas en Irlande, ça bouge beaucoup. Puis je les ai emmenés sur un pointbreak en droite, ce n’était pas fou et il y avait 60 à 90cm propres et Tom était content, ça a tout facilité de savoir qu’il était simplement enjoué de surfer.
Avez-vous pu partager vos expériences, lui du surf et toi du lieu notamment ?
Tom a bien ses propres trucs et astuces quand il s’agit d’aller surfer. C’était vraiment cool d’entendre ses connaissances sur les différents designs de planches et les shape plus funs. Il avait des planches très différentes et pour quelqu’un comme moi ça paraissait étrange, mais bien sûr ça marchait et ça m’a un peu donné envie d’essayer d’autres designs aussi. Je pense que de mon côté mes principaux trucs et astuces pour surfer en Irlande ont été de rester le plus au chaud possible. Des astuces comme envelopper sa combinaison dans une bouillotte le matin pour la réchauffer, puis verser l’eau chaude dans ses bottes et ses gants pour les réchauffer lorsqu’on les enfile. L’essentiel du surf en Irlande c’est de rester chaud. Si vous n’avez pas chaud, ce sera beaucoup plus dur d’entrer dans l’eau.
Pour finir, quel mot utiliserais-tu pour décrire Tom ? Et Leandro ? Et quel mot penses-tu qu’ils utiliseraient pour te décrire ?
Tom est certainement excentrique, mais de la meilleure façon possible. Et Lele, ce serait « frother » (quelqu’un d’enthousiaste, qui aime la vie, ndlr). Qu’il s’agisse de surfer, de prendre des photos ou de boire des pintes, il était toujours partant donc c’était génial de l’avoir avec nous sur ce trip. De mon côté, je pense qu’ils me décriraient comme stressé (rires) surtout à cause des prévisions toujours changeantes, à les checker un million de fois par jour et à essayer de leur offrir les meilleures vagues possibles. Je suppose que quand c’est chez soi, on veut montrer le lieu sous son meilleur jour. Mais j’espère qu’ils ont juste pensé que j’étais un bon gars fun (rires).