En 2010, Marion Poizeau et la surfeuse irlandaise Easkey Britton faisaient office de pionnières en s’aventurant dans les vagues du Baloutchsistan, au sud-est de la République islamique d’Iran. Une vidéo qui tourne sur le net, un sujet sur France Ô… Cette escapade n’aurait pu demeurer qu’un “buzz”. Mais le pouvoir des réseaux sociaux répand la nouvelle et suscite l’enthousiasme de nombreux iraniens et iraniennes. À tel point qu’en 2013, Marion et Easkey repartent dans le pays, cette fois avec un nouvel objectif : introduire le sport des rois hawaïens dans un pays où la constitution repose en partie sur la charia.
Pour ce faire, elles ne seront pas trop de quatre pour relever un tel défi et Marion fait appel également à deux sportives iraniennes, la snowboardeuse Mona Seraji et la nageuse Shalha Yasini. L’accueil se révèle surprenant pour nous occidentaux parfois aveuglés par les préjugés. Police comme autorités religieuses se montrent ouvertes à la pratique du surf, du moment que seules des femmes enseignent ce sport à d’autres femmes et que, évidemment, elles soient voilées. D’où le certain surréalisme de surfeuses en combinaisons néoprène, coiffées du hijab, alors que l’eau en mer d’Oman peut atteindre les 30° !
Là encore, Marion et sa petite bande n’entendent pas faire de cette mission un “one-shot”, bien décidées à ancrer le surf durablement en Iran. En attendant l’émergence d’une véritable fédération de surf officielle, les filles ont contribué à mettre sur pied un collectif We surf in Iran au sein de cette communauté naissante de surfeuses et surfeurs du Baloutchsistan iranien. Les premiers retours montrent qu’aujourd’hui des élèves viennent des quatre coins du pays pour s’initier au surf.
Boostées par cette réussite, Marion, Easky, Mona, Shalha et d’autres recrues ont lancé l’initiative Waves of Freedom, une ONG dont la vocation est d’utiliser le surf comme outil d’émancipation auprès des personnes les plus vulnérables et ostracisées, et particulièrement les jeunes femmes.
De ce second trip au Baloutchsistan, Marion a réalisé un documentaire de 52 min 100 % made in Iran, entourée d’une petite équipe du cru pour le tournage et la post-production. Son regard à travers Into The Sea vient casser bien des idées reçues sur ce pays, dont on oublie qu’il était le chantre du modernisme dans le Moyen-Orient avec son voisin irakien il y a moins de 40 ans. Sans “bon sentimentalisme”, Into The Sea est un film de surf puissant, preuve qu’il n’y a besoin ni de vagues splendides ni de stars pour nous laisser bouche bée.
Distribué par X-Treme Video, Into The Sea est à découvrir sur iTunes, Google Play, Vimeo On Demand et d’autres services de VOD.