Jusqu’au milieu des 60’s, le surf de longboard est un surf de manoeuvres sur la planche, essentiellement. Pas croisés, spinner, nose-riding et bien sûr le hang-ten, figure technique par excellence.
Lorsqu’il remporte le titre de champion du monde en 1966, l’Australien Nat Young entame un nouvel âge du surf avec un longboard plus manoeuvrant, mis au point par le shaper Bob McTavish. Nat Young marque ses bottom-turns et ses drop knee cut-backs. On passe d’un surf sur la planche à un surf sur la vague dont la (ré)volution du shortboard (planche toujours plus courte et plus manoeuvrante) est la raison d’être, cela depuis 1967 où Nat Young, Bob McTavish et le kneeboarder George Greenough inaugurent des nouvelles trajectoires plus serrées dans les virages, avec des planches passant de plus de 3m à 2,70m avec un gros V à l’arrière, jusqu’à aujourd’hui où un quattro 5’9 sous les pieds d’un Slater n’est que la continuité de cette quête de radicalité dans les virages et les trajectoires.
En 1969 Nat Young remporte le Surfer Poll des lecteurs de Surfer Magazine et fait la couverture du magazine avec cette photo d’un magistral cut-back (pour l’époque) à Sunset. Une des couvertures les plus marquantes de l’histoire du magazine et de surf, la puissance et la radicalité du surf de Nat Young se retrouvant dans le surnom qu’il avait alors : The Animal. Dans la séquence filmée de Nat Young à Sunset (ci-dessous, tirée du film Sunshine Sea de Freeman/McGillivray), on voit à quel point l’Australien excelle.
Sa planche (actuellement exposée à la Surfing Heritage Foundation), une Dewey Weber shapée par Harold Ige, est encore longue. Elle a un square tail, mais son outline effilé donne l’esprit des shortboards qui vont évoluer par la suite. On la sent manoeuvrante et avec une super glisse. Les trajectoires de Nat Young dans le curl, dans ses bottoms et ses cut-backs, sont tout à fait innovantes pour l’époque, tant par leur accentuation que par leur finesse par rapport au déferlement. Nat Young inspirera ainsi les grands surfeurs de Sunset des années suivantes, notamment Jeff Hakman et Barry Kanaiaupuni.
Par ailleurs, le style que déploie Nat Young par son aisance et sa fluidité, son jeu élancé de bras, son pivot accompagné des épaules, son ajustement du pied arrière tout en ayant des appuis deux pieds au milieu de la planche, reflète tout l’esthétisme du surf des 70’s à venir, celle d’un surfeur en « harmonie” avec la vague, tel que le film mythique Morning of the earth, le promulguera deux ans plus tard.
Extrait du film Sunshine Sea :
le shape de la board
extra
la board a l’air de taper sec
en cas de turbulence
et il change de position de pieds a chaque turn.
C beau
Une belle leçon de glisse.