Huntington : ce que vous devez savoir sur l’U.S. Open of Surfing qui démarre aujourd’hui
Grosse pensée d'abord pour Tim Bisso qui aurait dû participer à ce 1er des 4 Challenger Series de l'année.
20/09/2021 par Marc-Antoine Guet
On y est !
Alors que la saison WCT vient de se terminer, une autre, bien plus intéressante encore côté français s’apprête à démarrer : celle des Challenger Series ! Au nombre de 4 d’ici la fin d’années (Huntington, Ericeira, Hossegor, Haleiwa) ils vont distribuer les derniers billets pour participer au WCT la saison prochaine. Des Challenger Series à nos yeux plus excitants que le CT car en 4 compet’ seulement, tout peut arriver !
Coup d’envoi ce soir
Le coup d’envoi va semble-t-il être donné aujourd’hui avec le 1er des 4 events : l’US Open of Surfing à Huntington Beach dont la waiting périod démarre ce jour-même. Une compétition avec beaucoup d’enjeux puisque seront présents, stars du CT, jeunes talents du QS mais aussi et surtout pas moins de 15 Français. Tous auront comme objectif de lancer au mieux cette courte campagne de qualification pour intégrer le World Tour la saison prochaine.
Chez les femmes, pour se qualifier il faudra au terme de ces 4 épreuves terminer dans les 6 premiers. Chez les hommes, une place dans le top 12 devrait être suffisante. Un faux départ du côté d’Huntington n’est donc clairement pas souhaité et chaque tour va compter.
Forces en présence côté Français
La délégation tricolore sera bien représentée puisqu’ils seront 11 chez les hommes et 4 chez les femmes.
Hommes
Kauli Vaast, Michel Bourez, Mihimana Braye, Joan Duru, Gatien Delahaye, Jorgann Couzinet, Charly Martin, Gaspard Larsonneur, Charly Quivront, Maxime Huscenot et Tristan Guilbaud seront présents à Huntington. Une liste dans laquelle nous aimerions aimé voir le nom de Tim Bisso… (lire plus bas).
Chez les femmes, la France pourra compter sur Vahine Fierro, Maud Le Car, Tessa Thyssen et Pauline Ado pour se faire représenter.
L’imbroglio Tim Bisso
Sixième au classement européen, Tim Bisso s’est qualifié pour les quatre épreuves des Challenger Series : l’US Open aux États-Unis, le Pro Ericeira au Portugal, le Pro France à Hossegor et l’Haleiwa Challenger Series à Hawaï. Cette qualification lui permettait d’espérer accomplir le rêve de tout surfeur pro, celui d’atteindre le CT. Après presque deux années sans compétitions, toucher du doigt cet objectif marquait pour le surfeur à la fois un retour à la normale et l’aboutissement d’un long travail. Comment imaginer que la perte d’une carte bancaire pouvait menacer son rêve de devenir pensionnaire du Tour ?
Petit rappel.
Alors qu’il quittait Bali pour rejoindre les États-Unis, Tim Bisso a connu la hantise de tout voyageur, celle de perdre sa carte de crédit. À son arrivée sur le sol américain, les agents de l’immigration l’ont accusé de venir aux États-Unis dans le but de gagner l’argent ou d’avoir des pratiques illégales alors qu’il avait un ESTA (autorisation de voyage touristique ou d’affaires aux États-Unis pour 90 jours consécutifs). C’était pourtant bien avec un objectif touristique que Tim projetait ce voyage, celui de surfer et de rendre visite à sa petite amie. Définitivement bornés, les agents territoriaux n’ont pas même cherché à interroger les parents de la petite amie du surfeur chez qui il allait loger afin de vérifier les raisons de sa visite. Malheureusement, cette mésaventure a eu des répercussions qui sont loin d’être anodines pour le surfeur guadeloupéen.
Dorénavant, il lui est impossible de demander l’ESTA, document nécessaire pour son entrée sur le territoire. Or, le visa B1/B2 que l’immigration américaine lui réclame à défaut, n’existe plus en 2021 en raison d’un problème interne. Ne pouvant obtenir aucun de ces deux documents, il est donc impossible pour le Français de se rendre aux États-Unis.
La seule et unique solution qu’il lui reste est de passer par le biais d’un avocat. Le problème est que cette solution n’en est peut-être pas une. Même en ayant recours à un homme de loi, sa demande peut ne pas être acceptée. Une demande dont l’approbation et le délai de réponse sont incertains et qui a en plus un coût non négligeable : 2500 dollars, sans compter les frais d’avocats.
« C’est une accumulation de choses qui fait qu’ils t’empêchent de pouvoir faire cette demande en fait. Ils te mettent des bâtons dans les roues dès le début. » nous a-t-il expliqué.
Une situation qui pourrait donc avoir de lourdes conséquences sur la carrière du jeune surfeur, que ce soit sportivement ou financièrement.
En plus de rater l’US Open, il est également possible que Tim Bisso ne puisse pas concourir à une deuxième épreuve de ces Challenger Series, celle d’Haleïwa à Hawaï qui est aussi un Étataméricain. Au regard de sa qualification actuelle, il faudrait que le surfeur remporte l’épreuve française et arrive deuxième de l’épreuve portugaise pour pouvoir se qualifier sur le Tour.
Dégueulasse.
La route va être longue
Premier des 4 Challenger Series de cette année, l’US Open of Surfing va distribuer aux vainqueurs les premiers 10 000 points de qualification. Et la route pour les décrocher va être longue puisqu’ils seront pas moins de 96 surfeurs chez les hommes au départ de cette compétition prestigieuse et 64 surfeuses chez les femmes. Oui, ça fait du monde.
Des athlètes pour beaucoup issus du CT mais aussi des surfeurs ayant obtenu leur billet via le circuit QS régional. Soit pour faire simple les meilleurs surfeurs de chaque continent. La crème de la crème tout simplement.
Têtes de série
Chez les hommes, on peut citer la présence de Conner Coffin, qui vient de terminer quatrième de la première finale Rip Curl WSL, mais aussi Griffin Colapinto ou encore Kanoa Igarashi, originaire d’Huntington et déjà malgré son jeune âge double vainqueur de l’U.S. Open. Parmi les têtes d’affiche on retrouve aussi (notamment) Jack Robinson, Michel Bourez, Kolohe Andino, Nat Young, Connor O’Leary, Caio Ibelli ou encore Wade Carmichael, tous pensionnaires ou ex pensionnaires du World Tour.
Du côté des femmes, les têtes d’affiche s’appellent Caroline Marks, Isabella Nichols, Keely Andrew, Brisa Hennessy, la favorite de la ville et ancienne gagnante de l’Open Courtney Conlogue ou encore Sage Erickson, lauréate de la dernière édition en 2019.
Description du spot
Connue pour sa constance et l’atmosphère d’amphithéâtre que lui confère son emblématique jetée, Huntington Beach est considérée comme LA ville de surf aux Etats-Unis.
Le côté sud de la jetée offre un peak gauche-droite, le « pier bowl », tandis que plus loin sur la plage, de bonnes gauches peuvent se former lors des solides houles de sud. Un endroit parfois appelé « Rob’s peak » en hommage à Rob Machado, vainqueur ici-même et intenable sur ce banc de sable lorsque l’event était encore sur le World Tour. On se souvient d’ailleurs de sa finale face à Kelly Slater en 1995.
Exposé aux houles du nord et de sud, Huntington fonctionne le mieux lors des combinaisons de swells nord-ouest / sud-ouest. Lorsque la houle est trop forte, les vagues peuvent fermer et le courant devenir vraiment violent mais à l’opposé, il y a presque toujours une vague à surfer, même quand c’est flat partout ailleurs.
Si Huntington peut être creux par vent offshore, la plupart du temps, les vagues ressemblent plus à un skatepark de haute performance. Idéal pour les carves et les airs sur la réforme intérieure, même si l’une des clés du succès ici est d’être capable de relier les deux sections via le classique « Huntington hop ».
Histoire
Organisée pour la première fois en 1959, la tradition de couronner les vainqueurs à l’ombre de la jetée d’Huntington remonte aux premiers jours du surf de compétition.L’event, appelé à l’origine The West Coast Surfing Championship, est devenu l’OP Pro en 1982 avant de se faire renommer l’U.S. Open en 1994.
Au début des années 80′, les batailles épiques entre Tom Curren et Mark Occhilupo notamment sont devenues légendaires et ont contribué à propulser le spot vers de nouveaux sommets.
Parmi les autres anciennes légendes figurent les champions du monde Kelly Slater, Andy Irons, Lisa Andersen, Layne Beachley ou encore Sunny Garcia. Compte tenu de sa longue histoire et du prestige que l’event dégage, une victoire à Huntington reste un must sur le CV de quiconque tente d’atteindre l’échelon le plus élevé de ce sport.
"J'ai envie de voir les meilleurs surfeurs mondiaux faire ce qu'ils savent faire de mieux ici en France, c'est aussi eux qui ont voulu venir, ça leur manque."