C’était un moment fort de ces Jeux Olympiques Paris 2024 à Teahupo’o, et peut-être l’une des plus belles séries de la compétition. Malheureusement opposés en quart de finale, Kauli Vaast et Joan Duru se sont répondus vague sur vague lors du heat les opposant. Dès la fin de série, le Tahitien craque sous l’émotion tandis que Joan Duru le félicite. « Je sais qu’il va le faire » : dès sa sortie de l’eau, le capitaine de l’équipe de France ne montrera aucune déception individuelle, saluant la prestation de celui qui deviendra champion olympique quelques séries plus tard. En interview, nous avons questionné Kauli Vaast et Jérémy Florès sur ce moment fort pour l’équipe de France de surf.
Surf Session – Kauli, quel a été pour toi le heat le plus difficile aux Jeux Olympiques ?
Kauli Vaast – Je pense que le heat le plus difficile a été celui contre Joan. C’est difficile de tomber contre un pote, surtout qu’on voulait finir en beauté avec 2 médailles françaises chez les hommes. Tomber ensemble en quarts c’était compliqué parce que Joan c’est comme mon grand frère. Depuis petit je le suis, j’ai grandi en le regardant faire ses compétitions et ses résultats sur le Championship Tour. C’est une machine de guerre et tomber contre lui, c’était dur. Il y avait ce côté-là mais c’était aussi mon meilleur heat en réalité, de pouvoir me mesurer à lui sachant que c’est l’un des meilleurs tube-rideurs au monde. Beaucoup ne le savent pas mais beaucoup le savent aussi : ceux qui savent, savent. Le faire contre lui en quarts, c’était un honneur.
Kauli Vaast – Le plus beau c’est qu’on s’est donné à 200% chacun. C’était un truc de malade. D’autant plus qu’il y avait un coach pour nous deux, ça c’était unique aussi. Jérémy était au milieu, je passe devant lui il me dit « allez vas-y, prends la priorité » et Joan passe en suivant il lui dit aussi « vas-y » : l’encouragement des deux, c’était magnifique. Il n’y avait aucune animosité, aucune méchanceté, c’était de la pure compétition, le pur battle. Que le meilleur gagne et j’aurais été tellement fier qu’il gagne aussi. Directement quand il a perdu, quand la sonnerie a retenti, je n’ai pas réussi à tenir, j’ai craqué et j’ai pleuré parce que j’étais dégouté d’avoir fait ça, je me sentais mal. C’était beau en réalité, c’était une belle histoire. Il était content pour moi, c’est une personne incroyable et c’est pour ça que ça a été un truc de ouf.
Jérémy, sur la compétition, y a t-il eu un moment difficile à gérer ? On pense à ces heats 100% français…
Jérémy Florès – Sportivement, c’est vrai que les duels Johanne et Vahine ensemble dans la même série et Joan et Kauli c’était dur, c’était un crève-cœur. C’est la première fois que j’ai vécu ça, c’est vrai que c’était dur à accepter parce qu’ils sont méritants tous les quatre. Mais ce que j’ai aimé, notamment entre Kauli et Joan, c’est qu’ils se connaissaient par cœur. Ils ont fait toute la saison ensemble et ils ont une relation très fusionnelle alors qu’avant ils ne se connaissaient pas tant que ça. Là, il y a un lien fort qui s’est créé, une amitié et un profond respect. Du coup je savais que cette série-là, ce serait vraiment la guerre, mais une bonne guerre.
Jérémy Florès – Je savais qu’ils se donneraient à 200% tous les deux. Ils se connaissent tellement par cœur que ça allait être quitte ou double. Je savais que ça allait être une série magnifique. En regardant la série, j’étais à la bouée à encourager les deux et ça me donnait des frissons. C’était tellement beau à voir. C’est ça qui est beau dans le sport et dans cette série-là. C’était magnifique de voir deux guerriers, amis, se donner tout jusqu’à la dernière seconde.