Pauline Ado a plus de 15 ans de surf professionnel dans les jambes et un palmarès qui a commencé jeune. En junior, elle est devenue championne du monde ISA Junior en 2006 puis championne du monde ASP Junior en 2009. Au niveau européen, elle collectionne aussi les distinctions avec trois titres de championne d’Europe Junior ASP (en 2005, 2007 et 2010) et trois titres de championne d’Europe Espoir (en 2004, 2006 et 2008).
En open, on trouve aujourd’hui dans ses plus belles réussites un titre de championne du monde ISA en 2017 (mais aussi de vice-championne du monde ISA 2022 et une médaille de bronze aux ISA 2016), 7 titres de championne d’Europe WSL ( 2010, 2012, 2014, 2015, 2016, 2018 et 2019), 3 titres de championne de France (2005, 2007 et 2008), une qualification aux Jeux Olympiques Tokyo 2020 où elle termine 9e et pas moins de 5 années sur le Championship Tour (de 2011 à 2014 et en 2017) où elle termine 9e à deux reprises, en 2011 et 2013.
La Basque a aussi honoré dans sa carrière pas moins de 19 sélections en équipe de France et se place en 2023 dans le top 5 des surfeuses françaises. Alors que la jeune génération continue d’affluer sur les listings de compétition, Pauline Ado fait partie de cette génération de surfeuses qui grâce à leur expérience et à un travail constant ont été en mesure de rester sur le devant de la scène. Fin juin, la surfeuse de team Izipizi nous a accordé du temps pour revenir sur son implication en équipe de France, des compétitions ISA aux Jeux Olympiques de Tokyo.
Les ISA et Pauline Ado, une histoire qui dure
Quand on regarde de près la carrière de la Basque, on note de suite cette constante : ses participations aux ISA sont nombreuses et elle y a performé plus d’une fois. « Depuis mes premiers ISA Junior c’est quelque chose qui m’a plu de représenter mon pays et de faire partie d’une équipe » raconte t-elle, « c’est rafraîchissant dans un sport individuel et puis historiquement les ISA junior m’ont révélées. Mon titre de championne du monde junior au Brésil a complètement lancé ma carrière et ça a été un fait très marquant de ma carrière. C’est pour toutes ces raisons que dès que j’ai pu honorer une sélection je l’ai fait. En junior, ne pas pouvoir y aller c’était un crève-cœur, aussi car ce sont de bons moments de groupe. Sur mes années de CT j’ai moins pu le faire mais c’est un format que j’apprécie et qui m’a plutôt bien réussi aussi. »
Par le passé, Pauline a en effet su tirer profit de ces échéances à part : « Le contexte est différent, c’est un événement unique, d’équipe. Même si quand j’aborde une compétition j’ai une rigueur dans ma préparation et ce que je mets en place, c’est forcement diffèrent. Déjà car ce ne sont que des séries à 4 ! Mais c’est vrai que souvent dans ma carrière quand j’ai eu comme ça des échéances dos au mur, j’ai su aller chercher le résultat qu’il me fallait. »
Des ISA aux Jeux Olympiques
Si elle s’est toujours impliquée sur les ISA, la compétition a pris une nouvelle ampleur ces dernières années, avec l’apparition du surf aux Jeux Olympiques et l’échéance mondiale devenue un critère de qualification.
« Je ne pensais pas que de mon temps de carrière le surf serait aux Jeux, donc c’est passé d’un rêve inaccessible au rêve réalisable. Bien sûr ça a ajouté de la pression sur les sélections en équipe de France ou les qualifications aux ISA. Avant ça certains surfeurs ne tenaient pas trop aux ISA donc on avait plus de chance d’y aller si on était motivé alors qu’aujourd’hui c’est clairement le classement national qui joue. Ça a ajouté des enjeux et de la pression, c’est sûr. Ça signifie aussi des moyens différents mis en place par les Fédérations en France ou ailleurs, parce que c’est devenu un sport olympique avec la professionnalisation qui va avec et ça c’est plutôt positif.«
Pour la première du surf aux Jeux Olympiques, la Fédération Française a dû réunir des athlètes habitués à évoluer en individuel, dans un contexte COVID-19 complexe. Une phase « pas forcément évidente que ce soit pour les athlètes et les encadrants » du fait notamment des différents profils qualifiés, comme l’explique la surfeuse. « C’est logique quand on y pense, on s’est construit nous-mêmes, à partir de nos 18 ans, à trouver notre entourage et notre fonctionnement. Avec l’effet Jeux, la Fédération mets de plus en plus de choses en place mais arrive avec des athlètes qui ont déjà beaucoup de routines et de process donc ce n’est pas toujours facile de s’accorder sur ça. Pour moi idéalement il faut être à l’écoute de chacun pour que chaque athlète soit dans les meilleures dispositions. L’exercice est difficile mais il y a une bonne marge de progression sur ça.«
Cette année, la perspective de Paris 2024 a aussi poussé la Fédération Française de surf à mettre les bouchées double sur l’encadrement de l’équipe de France et des potentiels athlètes olympiques. Une différence que Pauline, première olympienne française de l’Histoire du surf, a perçue : « le fait que ce soit en France ajoute une grosse différence. Il y a plus de moyens mis en place avec les stages à Tahiti et la possibilité de loger là-bas dans une maison sur place louée par la Fédération jusqu’aux Jeux. Les athlètes ciblés peuvent s’y rendre pour aller s’entraîner, ce que j’ai déjà fait. »
Côté qualification pour les Jeux Olympiques 2024, le sort de la regular dépend aujourd’hui de son classement national. Elle saura prochainement si elle est ou non intégrée à l’équipe de France qui se rendra aux ISA 2024 à Puerto Rico, mais les lignes ne semblent pas s’écrire en ce sens. Pauline est classée n°4 française en fin de saison 2023, derrière Johanne Defay (sur le CT), Vahine Fierro (n°10 CS) et Tessa Thyssen (n°25 CS), hors aux ISA 2023 elles étaient 3 françaises seulement à porter les couleurs tricolores.
Pour obtenir une 3e place féminine aux Jeux, l’équipe de France devra décrocher la 3e place non-nominative féminine attribuée au pays vainqueur par équipe des ISA 2024. Si Johanne Defay et Vahine Fierro ont déjà l’assurance de représenter la France sur la vague de Teahupo’o, cette 3e place pourrait donc permettre à une 3e française de les rejoindre sur le spot polynésien. Un objectif atteignable, les Françaises s’étant placée n°1 en 2023 et n°2 en 2022.
« C’est atteignable en effet mais c’est plus compliqué que d’aller chercher une qualification individuelle » précise Pauline, « car il y a beaucoup plus de paramètres. Mais ça reste atteignable, avec un destin quand même assez en main par rapport aux athlètes qui cherchent à atteindre ce but. La dimension d’équipe aura plus d’importance que d’habitude mais la performance est individuelle et tu ne peux pas te reposer sur les autres, il faudra aller chercher sa performance. Globalement faire une énorme performance ramène des points et mets les chances de ton côté. Après en effet ce n’est pas nominatif, la Fédération choisira ensuite qui envoyer via des critères établis, que l’on ne connaît pas encore. Cette possibilité n’existait pas aux Jeux de Tokyo, aujourd’hui c’est le cas et des gens vont en bénéficier, donc c’est important. »
Les prochains mois se montreront décisifs pour l’équipe de France…