Gatien Delahaye : "De loin la plus grosse performance de ma carrière"
Ressenti, matos, objectifs... le Guadeloupéen est revenu pour nous sur sa 2e place acquise à Ballito.
22/07/2022 par Marc-Antoine Guet
C’est l’un des tout meilleurs surfeurs backside de cette planète.
Sans sponsor majeur il y a encore 4 ans quand nous l’avions croisé du côté du CaraïbosLacanau Pro, le Guadeloupéen a gravi depuis les échelons à une vitesse folle, lui qui surfe désormais pour le team Vissla et RT Surfboard. Dernière grosse perf’ en date et pas des moindres : une 2e place à Ballito lors du 3e Challenger Serie de l’année. La plus belle performance de sa jeune carrière !
Rien de très surprenant néanmoins pour ceux qui suivent son parcours. En 2019, avant que le Covid n’entraîne une saison blanche en 2020, c’était bien lui, juste derrière Jorgann Couzinet, le Français le mieux classé sur le circuit QS. En finissant la saison à la 25e place, Gatien avait déjà prouvé (si besoin était) qu’il fallait compter sur lui dans les années à venir. Aujourd’hui il confirme.
Juste après sa finale à Ballito et juste avant de filer en Californie la semaine prochaine pour le 4e Challenger Serie de la saison à Huntington, Gatien a pris le temps de répondre à quelques questions.
Entretien.
Quel parcours ! Raconte-nous cette dernière journée à Ballito.
Gatien Delahaye – « Ce fut une dernière journée super intense avec une demi-finale contre Leonardo (Fioravanti) assez marrante, des scores qui n’ont pas dépassé les 5 et une série assez fun. Je pense qu’on se mettait chacun dans la tête de l’autre. On a essayé de se déstabiliser comme on pouvait même si ce fut une série avec beaucoup d’erreurs de notre part. Ce fut mauvais choix sur mauvais choix. Le premier qui allait prendre une bonne décision allait prendre la main et tout faire changer. J’ai eu de la chance, c’est arrivé en ma faveur. Une fois la demi-finale passée, j’étais super heureux.
Cette finale (perdue face à Rio Waida) c’est certainement la plus grosse perf’ de ta carrière. Avec quelques jours de recul comment tu te sens ?
G.D – Oui, c’est de loin la plus grosse performance de ma carrière. C’est juste un pur bonheur et un pur plaisir. C’est vraiment satisfaisant après ces années de travail intense et tout ce temps passé et dédié à la compétition et au surf de haut niveau. C’est juste un pur bonheur, je ne pouvais pas rêver mieux.
En finale on a senti Rio intouchable. Comment l’as-tu vécu toi ?
G.D – Rio c’est clairement le mec le plus redoutable de la compétition et surtout dans ce type de compétition. Je pense que ça s’est ressenti un petit peu dans cette finale, surtout quand il a scoré sa première vague à 7,50. Il était en bonne posture. Moi, mon ressenti c’était que je n’avais plus d’autres choix que de mettre de gros scores et de commencer avec un gros score donc j’ai voulu m’asseoir, rester patient et attendre une série qui allait pouvoir me donner l’opportunité de m’exprimer. Malheureusement ce n’est pas venu en ma faveur sur ce tour-là, sur cette finale. Je pense vraiment que Rio est prêt pour le CT 2023.
Tu grimpes dans le top 10 mais le plus dur reste peut-être encore à faire. Le CT tu commences à y penser ou pas ?
G.D – Passer de 90 au ranking à Top 10 c’est un bond énorme, c’est un pas de géant. Le plus dur reste à faire, on a encore cinq compétitions, rien n’est joué. Maintenant il va falloir être régulier, on n’a plus le droit à l’erreur à ce stade-là. Le plus gros reste à faire. Le CT, oui j’y pense bien sûr. C’est un rêve pour tout le monde et c’est pour ça aujourd’hui qu’on se bat sur les Challengers. Mais voilà, sans pression. Je vais y aller step by step.
Qu’est-ce qui a changé dans ta manière de surfer ? On sent que tu as encore franchi un palier cette année.
G.D – Je pense que c’est le temps passé dans les petites conditions. Tu sais les conditions vraiment pourries. Je pense aussi que c’est le temps que j’ai passé dans l’eau à travailler mon frontside, car oui, ça a toujours été mon point faible. Aujourd’hui, performer dans des conditions pareilles à Ballito c’est juste incroyable et ça montre à quel point le travail paye.
Ton programme pour les prochains jours, prochaines semaines à venir ?
G.D – « Je suis de retour à Hossegor pour m’entraîner, surfer un maximum et me préparer pour Huntington Beach. Je pense que c’est important de repartir de zéro et « se reset » pour les prochaines étapes.
Un petit mot sur ton matos, tu surfes quoi cette année ?
G.D – Pour la compétition je surfais une RT, une planche qu’on a fabriquéavec Albertopour pouvoir performer dans ce genre de conditions, des conditions pas évidentes, un peu comme les vagues de tous les jours. C’était une 6’0, 18’50, 2’50, squash modèle icon. C’est la magic board !
Tu parles de conditions, elles n’ont pas toujours été évidentes sur ces CS cette année. Comment personnellement toi tu vis ça ? Je sais que ça en frustre certains.
G.D – Conditions jamais évidentes sur les Challengers Series c’est sûr. Je pense qu’un bon surfeur sait surfer dans tous les types de conditions. Aujourd’hui moi ça ne me dérange pas, bien au contraire. Je pense avoir un sens marin qui fait que dans tous types de conditions j’arriverai à me sortir du lot. Mais pour certain, c’est sur que ça peut poser problème, il y en a qui sont plus dures que d’autres. Moi aujourd’hui, peu importe les conditions je suis prêt à performer ».
Prochain rendez-vous pour Gatien Delahaye, Huntington Beach en Californie ! La 4e étape des Challenger Serie aura lieu du 30 juillet au 7 août prochain.
Son processus d'entraînement, la façon dont elle a vécu les Jeux, l'ambiance au sein de l'équipe de France, sa médaille... La Française nous dit tout !
Ce qu'il fait quand il ne surfe pas, son pire souvenir de voyage, sa plus longue session, le heat de ses rêves, la manoeuvre qu'il a mis le plus de temps à maîtriser...