Ian Walsh était de passage cet automne en France, après une tournée européenne pour son sponsor Fox qui lui a notamment permis de découvrir le potentiel des vagues de Méditerranée. L’Hawaïen nous raconte sa nouvelle passion pour le Vieux Continent ainsi que ses nouveaux challenges à la rame, comme on a pu le voir à Jaws il y a 2 semaines :
Tu as pas mal bougé avant d’atterrir à Anglet. Raconte-nous tes dernières semaines…
J’ai décidé de chasser un swell en Indo, dans l’optique de découvrir cette nouvelle vague au Sud de l’Indo. C’était dingue, un des meilleurs surfs que j’ai jamais eu. De là, j’ai pris un vol direct pour l’Italie. Je suis passé de la jungle indonésienne pendant 10 jours à la civilisation.
L’Italie, ça a été comme des « vacances culinaires » pour moi : j’ai pu goûter différents types de cuisine, flâner à Florence, Venise… Ça a été un trip à part pour moi. J’ai même repoussé mon départ. Les Italiens sont très accueillants. Des surfeurs locaux m’ont montré quelques spots, j’étais vraiment impressionné par la qualité des vagues que j’ai pu trouver sur place, je ne m’y attendais pas : slab bien creux, 5,6 pieds… Je me suis fais bien ramassé, il y a eu des planches cassées, c’était assez dingue. J’ai déjà envie de retourner en Italie et en Sardaigne, passer plus de temps là-bas.
L’Europe est en train de devenir ma destination préférée, parce qu’il y a tellement d’Histoire ici, tellement de nourritures différentes. Je pourrais facilement passer un mois ici sans même prendre ma planche. Mais le fait qu’il y ait des super vagues en France, en Espagne, en Irlande, en Italie me donnent encore plus envie de venir passer davantage de temps ici.
Tu es déjà allé en Irlande ?
Oui, il y a de super vagues. L’eau est super froide pour moi, mais ça vaut le coup. Quand j’étais jeune je voulais venir tripper en Europe durant deux, trois mois pendant l’été, et maintenant je cherche à nouveau le moyen de venir passer un mois ici. Vous avez la chance de pouvoir passer d’un pays à l’autre en seulement 1h ou 1h30 de vol, changer de langue, de nourriture… Et même ici à Biarritz : vous avez les vagues, les montagnes, l’Espagne juste à côté.
Il ne te reste plus qu’à trouver une Française…
C’est ça, et me baser ici. Ou en Italie, ou même à Prague ou ailleurs (rires) Il y a plein de filles magnifiques en Europe, dans chaque ville où je vais il y a partout. Je pense que l’Europe est l’endroit au monde où il y a le plus de jolies filles.
L’Europe est aussi désormais considérée comme une sérieuse destination pour le surf de gros.
L’Europe reçoit tellement de solides houles de l’Océan Atlantique, que ce soit en Écosse, au Portugal, en Espagne, en France. Il y a plein de grosses vagues, et encore de nombreuses autres à découvrir. C’est un endroit unique, je n’hésiterai pas à sauter dans un avion pour y scorer un swell si l’occasion se présente. Je ne suis pas trop fan de l’eau froide, mais il y a tellement d’endroits différents, et tu peux découvrir de nouvelles vagues, de nouveaux slabs.
On peut donc s’attendre à te revoir dans le coin cet hiver.
Oui je suis en train de planifier un voyage ou deux ici prochainement. Il faudra que ce soit rapide et que ça en vaille le coup, parce qu’il y aura l’Eddie Aikau en attente à Waimea, il faudra surveiller Jaws aussi… En gros si c’est gros ici et petit à Hawaii je me fais la mission. Mais j’ai vraiment envie de venir, j’ai tellement vu de photos de vagues complètement dingues qu’il me tarde de m’y coller.
Comme par exemple celles de Dorian à Nazaré l’hiver dernier ?
Oui, je parlais justement avec lui avant qu’il ne s’envole pour ce swell. Le voir au line-up défier ces vagues énormes à la rame avec d’autres Européens comme Eric Rebière a été une vraie inspiration. C’est la prochaine étape : attaquer à la rame les vagues qu’on prenait jusqu’à aujourd’hui en tow-in. Nazaré a quand même l’air compliqué : c’est un spot exposé, multi-pics et qui brasse beaucoup d’eau. C’est comme de surfer la Gravière à 50 pieds ! Pas vraiment le pic parfait comme Jaws ou Mavericks. Tu peux rester là-bas toute la journée et ne pas avoir une seule bonne vague. Et c’est là que réside le challenge. Une seule bonne vague comme celle qu’avait prise Shane est 5000 fois plus spéciale que la même en tow. J’espère pouvoir revenir, peut-être avec lui.
La tendance semble définitivement de lâcher le jet-ski pour tenter d’attaquer les grosses vagues à la rame.
Je pense que la rame implique beaucoup plus de choses. Mes objectifs ont radicalement changé ces cinq dernières années, et sont plus orientés vers la rame. Mais je veux quand même continuer à utiliser le jet-ski pour des raisons de sécurité. Quand tu vois ce qui est arrivé à Greg Long à Cortes Bank… A la fin de la journée je veux seulement que mes potes rentrent chez eux en vie.
Le jet élimine de nombreux risques dans le gros surf, même s’il en reste encore de nombreux autres. Le tow-in est toujours d’actualité à Teahupoo quand c’est vraiment gros, mais à Jaws, Mavericks, Fiji, je veux – personnellement – désormais repousser mes limites à la rame.
Parle nous de tes planches de rame.
Toutes mes planches tournent autour de 10’6″, en quad, plutôt fines, genre 4”, et 21” de large. C’est mon set-up 95% du temps.
Tu crois qu’il y a une limite à surfer Jaws à la rame ?
Il y a sans doute une limite, mais on ne la connaît pas encore. Ça fait 3 ou 4 ans qu’on n’a pas eu de swell vraiment énorme. Peut-être que ce serait trop gros pour partir à la rame. Mais je préfère ne pas y penser, m’y jeter quand l’occasion se présentera et puis voir sur le moment. Si ça ne marche pas, alors peut-être qu’on ressortira les jets.
C’est vrai qu’entre une vague de 50 pieds et une autre de 65 pieds, la différence de vitesse est si énorme. Mais chaque hiver le niveau ne cesse d’augmenter. Mais c’est bien on, on prépare le taerrain pour les kids. Dans 10-15 ans, quand je sera plus vieux, on verra les kids partir backdoor à la rame sur le spot !
Interview : Romain Ferrand
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