Jérémy Frerot : "Le surf, comme la musique, m’aide à me vider la tête, à m’évader et à m’exprimer"
À l'occasion de la sortie de son dernier album, le chanteur girondin est revenu pour nous sur sa passion pour le surf et ce que ça représente pour lui.
02/02/2021 par Marc-Antoine Guet
« C’est quoi un homme pour toi ? » interroge-t-il.
Difficile de trouver plus d’actualité que le nouveau single de Jérémy Frérot,Un homme. Idéal pour faire le pont entre les rythmiques froides et urbaines de Matriochka, son premier disque solo couronné par le public, et le groove d’un nouvel album qui s’annonce. Faisant appel à ses complices Laurent Lamarca et Vincha, le chanteur girondin qui a surfé une bonne partie de sa vie du côté de la Salie (33) s’offre avec Un homme le luxe d’être interprète, confessant ses doutes en tant qu’homme, donc, tout en affirmant sa solidarité des combats pour les droits de la femme.
C’est en détaillant les ambivalences humaines que cette chanson devient universelle… Comme toujours chez Jérémy Frérot.
Au programme de son dernier album dont la sortie est prévue le 19 février prochain : plus de chaleur, de tempos relevés, d’immédiateté – pas seulement dans les mélodies mais aussi, et surtout, dans les textes. Aujourd’hui, l’envie de faire de la musique à écouter ensemble est plus forte que jamais. Pour ce, l’ancien chanteur des Fréro Delavega s’est entouré d’une garde rapprochée qui a compris les enjeux de sa vie actuelle, jeune père dans une époque troublée.
À l’occasion de la sortie de ce dernier album, le chanteurgirondin est revenu pour nous sur sa passion pour le surf, ce que ça représente pour lui, sans oublier d’évoquer son engagement associatif aux côtés de Surfrider Foundation.
Entretien.
On connaît le Jérémy chanteur, mais moins le Jérémy surfeur. Depuis quand surfes-tu ?
Jérémy Frérot –Depuis que j’ai 6 ans. C’est mon père qui nous a mis sur une planche. Il a appris à surfer tout seul. Il nous a mis sur une 6’4, une Town & Country si ma mémoire est bonne. On a mis beaucoup de temps à apprendre. Plus de temps évidemment que si nous étions allés dans une école de surf. On surfait beaucoup dans le Sud-Ouest, du côté de Biscarosse surtout, à la Salie. J’ai vraiment commencé à progresser quand j’ai fait mon premier voyage. On est parti au Portugal, à Ericeira surfer Ribeira d’Ilhas. C’est une vague super longue, du coup petit tu progresses beaucoup en passant du temps sur la vague. C’est là que j’ai vraiment progressé.
Et ensuite tu as reçu ta première board.
J.F – Oui mon père m’a offert ma première board après ce voyage. C’était une Surfactory. Une 6’0 soit disant incassable (rires). J’ai réussi à la casser. Après ce voyage, j’ai enchaîné pas mal de surf avec les potes.
Aujourd’hui malgré ton métier arrives-tu encore à trouver un peu de temps ?
J.F – J’essaye. L’hiver c’est plus difficile car je dois faire pas mal d’allers-retours à Paris. Mais j’adore surfer au printemps et à l’automne. Il y a des vagues et surtout moins de monde, c’est plus agréable. Il y a de plus en plus de monde à l’eau aujourd’hui c’est un truc de fou. Avant avec mon père on y allait tous les week-end, le monde ne me gênait pas. Aujourd’hui, une session peut vraiment être gâchée par ça.
En parlant de session gâchée, aurais-tu un petit coup de pression à raconter ?
J.F – Oui c’est tout récent en plus. C’était en octobre dernier. Je venais d’avoir la Fishbeard de chez Al Merrick. Je pars en courant à l’eau, les conditions étaient vraiment cool. Première vague je pars, je fais un late take-off, je tombe sur la board, les côtes en avant. Je me relève, le set arrive, je dois absolument repasser la barre sinon je vais me faire casser. J’avais super mal en ramant. J’arrive de l’autre côté, je m’assois, et je me rends compte que je ne peux plus revenir. J’avais trop mal aux côtes, j’ai pensé que je m’en étais cassé une, que c’était rentré dans les poumons… J’ai réussi tant bien que mal à revenir et je suis parti direct à l’hôpital. Heureusement plus de peur que de mal. Rien de cassé mais ça avait bien bougé.
En parlant de la Fishbeard qu’en penses-tu ?
J.F – C’est la planche que je préfère de mon quiver. J’ai beaucoup surfé entre mes 17 et 25 ans. J’étais sauveteur l’été, je pouvais surfer pendant mon temps libre tous les jours. Mais maintenant que je surfe moins, ma rame est un peu moins bonne. Mon niveau aussi… J’ai besoin d’avoir plus de temps pour partir sur une vague et la Fishbeard m’aide de ouf. Elle part plus vite. Il y a la qualité de glisse du fish mais combinée avec la réactivité d’un shortboard. Car elle est beaucoup plus fine devant qu’un fish. Et la réactivité à l’arrière est top.
A quoi ressemble ton quiver justement aujourd’hui ?
– J’ai un Go fish even 5.9
– Un fish plume (shaper Breton), je ne me souviens plus des côtes mais c’est très large et épais, très pratique en Méditerranée.
– Une Al Merrick Fishbeard en 5.10 19 7/8. 2 9/16.
Avec quel surfeur ou quelle surfeuse aimerais-tu un jour faire un featuring ?
J.F – Ce serait avec Matahi Drollet! Un Tahitien avec un style incroyable sur la vague, mais aussi un guitariste hors pair. Je pourrais l’écouter jouer des heures. Je ne le connais pas mais je le suis sur Insta. C’est un gars inspirant, qui joue de la gratte comme personne. Tu as l’impression qu’il fait tout bien c’est insupportable. Et il surfe comme un dingue. Je me souviens de son shooting avec Barron Mamiya sur un shorebreak du North Shore l’année dernière… c’était incroyable. Je trouve que c’est beau ce qu’il fait dans la vie.
Tu parles de Barron Mamiya, tu suis un peu l’actu surf ?
J.F –Oui pas mal. Je suis à fond les compet’, les lives de la WSL. J’ai d’ailleurs l’appli dans le téléphone. J’aime bien voir les sportifs français réussir. La victoire de Florès était super émouvante, celle de Defay à Bali aussi. Le surf putain c’est génial. C’est le premier sport aussi qui a réussi à mettre le même prize money chez les femmes que chez les hommes. J’aime ça.
Si tu pouvais passer 1h avec un(e) surfeur(se) pro ça serait qui et pourquoi ?
J.F – Ça serait John John Florence. Il ne fait pas que surfer, il fait de la voile, beaucoup d’autres sports, et il est engagé pour préserver l’environnement en plus d’avoir l’air vachement sympa.
Entre une session parfaite avec Jérémy Florès seul sur un spot perdu ou un featuring avec l’artiste de ton choix tu prends quoi ?
J.F – Une session avec Jérémy Florès sans hésiter.
Pourquoi être devenu ambassadeur de Surfrider Foundation ?
J.F – Parce que l’état des océans me touche particulièrement et que son état se dégrade de jour en jour. Je suis originaire du Bassin d’Arcachon, donc je suis sensible à cette environnement. Cette ONG est présente depuis le début de ma vie. J’ai toujours fait des ramassages de plage avec mes parents. Et quand j’étais sauveteur, il y avait toujours un stand à côté du poste. Ils venaient faire des analyses d’eau et heureusement car c’est horrible ce qui se passe sur le spot de la Salie. Je pense qu’un artiste doit être engagé, dans n’importe quel domaine, mais il doit aider dans une cause qui tire l’humain et son environnement vers le haut. C’est pour ça que je suis devenu ambassadeur Surfrider.
Comment as-tu vécu ces derniers mois ?
J.F – Ce fut compliqué pour tout le monde mais moi ça m’a inspiré. J’ai pu écrire pas mal de chansons. Ce qui arrive là c’est une sortie d’album donc je suis content de ce qui se passe. En plus j’ai trouvé vraiment la musique qui me plaît de ouf pour chanter et m’exprimer. Mais je t’avoue que toute cette atmosphère commence vraiment à me titiller, sans restos, sans concerts… J’ai essayé de tourner la situation à mon avantage et ça m’a inspiré. Même si je garde un très mauvais souvenir du 1er confinement avec toutes ces vagues vierges ! Et j’ai subi encore plus le 2e confinement. Mon frère étant prof de surf au Penon, je le voyais surfer des vagues tout seul. Des vagues que normalement tu ne surfes jamais seul. Il m’envoyait photos et vidéos c’était horrible (rires).
Comment décrirais-tu ton style de musique aujourd’hui ? Quelles sont tes influences ?
J.F –Mon style aujourd’hui est plutôt indie soul avec de la variété française aussi. Mes influences sont Mac Miller, Ben Harper, Still Woozy mais aussi beaucoup de musique brésilienne, de bossa nova.
Vois-tu des similitudes entre le surf et la musique ?
J.F – Oui bien évidemment, ça vide la tête, je m’en sers pour m’évader, et m’exprimer, créer et être actif. C’est aussi composer que de surfer sur une vague. Il faut savoir l’anticiper, et faire quelques figures, les plus belles en fonction de ce que fait la vague. Le surf comme la musique c’est une danse.
>> Son prochain album sortira le 19 février prochain ! En attendant, l’invitation est lancée pour partager une session dans le Sud-Ouest.
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