A un mois de ses débuts sur le Tour, Leonardo Fioravanti, 19 ans, ne semble pas plus stressé que ça. Premier Italien à se hisser à un tel niveau de compétition, mais aussi l’un des plus jeunes à se qualifier, Leo marque déjà l’histoire, avant même d’avoir vraiment commencé. Entrevue avec l’intéressé, réalisée en partie grâce à vos questions :
Nous sommes à quelques semaines de la première épreuve du Tour (le Quiksilver Pro Gold Coast, qui démarre le 14 mars prochain). Où en es-tu au niveau préparation ?
Pour le moment je suis vraiment focus sur mes planches. Depuis janvier, j’enchaine les aller-retours au Portugal où je travaille dessus avec Christian Braadley. J’ai beaucoup surfé là-bas aussi, il y avait de très belles vagues et j’ai pu m’entrainer. Maintenant, j’ai hâte d’aller au chaud, en Australie, où je vais participer aux QS pour me mettre dans le bain, surfer Snapper et me préparer.
As-tu sensiblement modifié tes planches pour les vagues du Tour ?
Non, c’est plus ou moins les mêmes planches que l’an dernier, mais sur le Tour, il faut des planches différentes pour chaque spot, Snapper c’est creux et il faut une planche qui rentre bien dans le pocket, Bell’s Beach est plus mou, Margaret peut énormément varier, on a donc essayé de travailler sur des modèles qui peuvent marcher partout.
Tu pars avec combien de planches ?
Je pars avec deux boardbags, soit 14 planches, et on va ensuite m’apporter une troisième housse, j’aurais donc 20 planches au total.
L’an passé j’ai utilisé seulement 57 planches. Enfin, c’est évidemment beaucoup mais Christiaan pensait que j’en utiliserais plus. Cette année, il va m’en falloir plus que ça.
Est-ce que tu as une magic board de l’an dernier que tu comptes réutiliser sur le Tour ?
Oui, j’en ai une, que j »emmène d’ailleurs en Australie avec moi. J’ai surfé avec sur le Quik Pro France, elle est encore en bon état. Bien sur, j’ai un quiver entier mais si je peux surfer Snapper avec celle-là, je la surferai.
Tu es je crois le seul rookie à avoir déjà surfé tous les spots du Tour. Lequel es-tu vraiment impatient de surfer en format World Tour ?
Oui, je crois que je suis le seul à avoir surfé Fidji en tout cas, et j’ai vraiment hâte d’y être, c’est un des meilleurs endroit au monde. J’y suis allé avec Kanoa et Kelly et on a eu des vagues incroyables. j’ai compris pourquoi on dit que ce sont les meilleures vagues au monde. L’île est paradisiaque, Cloudbreak est une des meilleures vagues au monde, Cloudbreak aussi quand ça marche, et j’ai vraiment envie de surfer là-bas à deux à l’eau.
C’est peut-être la dernière année de Kelly sur le Tour. Quels sont tes rapports avec lui désormais ?
Ca va être super excitant, c’est sûr, de faire une saison entière avec lui sur le Tour. Oui, il se dit que ça pourrait être sa dernière année, mais j’espère vraiment qu’il restera encore. On verra.
En attendant, j’espère pouvoir surfer le plus de séries possible contre lui. Je rêve de surfer contre lui à Fidji, c’est le roi là-bas. Même s’il va défoncera sûrement, ce serait incroyable de prendre des barrels avec lui là-bas (rires).
Tu as voyagé à ses côtés pendant plusieurs années. Est-ce que ses conseils te sont encore bénéfiques aujourd’hui ?
Disons qu’il ne m’a jamais vraiment donné de conseils du genre « il faut faire ci ou ça« . Mais j’ai eu la chance, à travers Quiksilver, de voyager énormément avec lui, mais aussi Jérémy (Flores), Dane (Reynolds), d’être dans les mêmes maisons et j’ai beaucoup appris sur la façon dont tous se géraient, ce qu’ils mangeaient, où ils surfaient, … Ce sont des expériences qui m’ont beaucoup apportées.
Tu vas retrouver sur le Tour Kanoa (Igarashi) et Zeke (Lau) qui sont de très bons potes. Comment vous voyez votre première année ensemble ?
Avec le team Quik, on voyage souvent tous ensemble, mais avec Kanoa et Zeke on va notamment avoir le même entraîneur, Jake Patterson, qui va tous les trois nous suivre. C’est super excitant de pouvoir voyager avec deux de mes meilleurs potes, on va sûrement pas mal s’amuser (rires).
Tout en gérant amitié mais aussi rivalité entre vous…
Dans l’eau, il n’y a plus d’amitié. On vit ensemble, on voyage ensemble, on surfe ensemble et on se pousse lors des entrainements, mais toute ma vie j’ai combattu mes amis à l’eau. On est amis, mais une fois en série, c’est autre chose. Il le sait, je le sais, c’est soit lui soit moi, et il faut penser : « ce sera moi ».
Est-ce que tu as fondamentalement changé des choses dans ta préparation entre les années QS et celle-ci sur le CT ?
Sur le QS il faut faire super attention à la diététique, il faut surtout pas prendre de kilos car on surfe des petites vagues. Moi j’essaie de toujours manger sainement, mais sur le CT, tu peux être un peu moins à cheval là-dessus, tu peux prendre un peu plus de poids, car les vagues sont grosses, tu as besoin de vitesse et donc de puissance, et cela vient aussi du poids. Margaret, Bell’s Beach et Fidji demandent d’être plus lourd.
Jake est aussi là pour nous coacher sur la tactique, mais aussi psychologiquement.
Question classique : Est ce que tu pars avec un objectif pour cette première saison ?
Je n’ai pas vraiment d’objectifs, comme un top 10 ou quoi, je veux surtout m’amuser, prendre de l’expérience. Je pense que je me fixerai des objectifs au milieu de l’année pour voir mes objectifs en fonction de mon classement. Mais je me sens prêt, j’ai une bonne équipe avec moi.
Et pas trop de pression à quelques semaines du début ?
C’est une nouvelle étape dans ma vie, mais je suis habitué à voyager, je suis habitué à la compétition, je connais ces endroits, donc pour moi c’est comme reprendre une vie normale.