Mark Holder : le taulier de Bathseba

Le plus connu des surfeurs barbadiens est toujours fidèle à son île et à sa douceur de vivre.

27/07/2018 par Marc-Antoine Guet

Il est né, a grandi et a
surfé à Bathseba. Mark Holder est peut-être le plus connu des surfeurs
barbadiens, lui qui fit carrière dans les années 90. Toujours fidèle à son île
et à sa douceur de vivre, Mark ne se fait pas prier pour en vanter les mérites.

Raconte-nous tes débuts ?

J’ai commencé le surf à six
ans grâce à mon frère. Il n’y avait pas beaucoup de surfeurs mais ils
s’attaquaient déjà à Soup Bowl. Je regardais beaucoup les gars du coin à l’eau
et j’ai attrapé le virus. À l’époque, au début des années 80, j’ai vu un film qui
m’a vraiment marqué avec Mark Richards, Tom Carroll, Joey Burran, Billy Morris,
tous les grands surfeurs de l’époque. Ça m’a donné de l’inspiration, de les
voir voyager et surfer de bonnes vagues à longueur de temps, profiter de la
vie. J’ai décidé que c’était ce que je voulais faire : rencontrer des
gens, aller voir ce qui se passait autour du monde.

 Justement, ça fait quoi de quitter son île pour la
première fois ?

Ça fait du bien de sortir de
son bout de terre. La première fois que j’ai quitté l’île, c’était avec
l’équipe nationale pour une compétition à Puerto Rico dans les années 80. Je me
suis rendu compte que j’étais très mal équipé ! J’avais un twin-fin 5’8
shapé par un gars du coin, pas l’idéal. Kelly Slater participait aussi à cette
compétition et je me suis retrouvé dans un heat avec lui, un bon souvenir.

 Est-ce que le surf à la Barbade a beaucoup changé
depuis tes débuts ?

J’ai l’impression qu’on a
moins de houles, que c’était beaucoup plus consistant avant ! Maintenant,
il faut attendre les dépressions, la saison des ouragans… Avant, je
descendais à la plage et je surfais toute la journée des tubes parfaits.
Personne n’était là sur la plage, pas de photographes pour immortaliser ça,
rien. Pareil dans l’eau. On n’était pas nombreux, les locaux ne surfaient que
quand c’était parfait. Aujourd’hui, c’est super de voir qu’il existe une belle
génération de jeunes surfeurs. Mais ils doivent respecter leurs aînés !
C’est bien qu’ils connaissent ceux qui ont tracé la voie pour eux. J’ai
toujours été très respectueux des surfeurs plus âgés et je souhaite que ça
continue ainsi. Je déteste quand des jeunes me tournent autour au pic, qu’ils
me ragassent. Ils passent après ! Je ne suis pas là pour batailler, juste
pour m’amuser.

Qu’est-ce qui te plaît le plus ici niveau surf ?

C’est super bien, c’est top
pour tous les surfeurs. En plus, l’ambiance est détendue, les plages sont
belles et on a tous types de vagues : molles, rapides, violentes… Mais
Soup Bowl reste la numéro une. C’est consistant, très souvent de bonne qualité,
on trouve toujours quelque chose à surfer.

 Aujourd’hui, tu es content de voir que des jeunes
locaux peuvent vivre du surf ?

J’adore ça ! À
l’époque, il n’y avait que moi et Adam Burke qui pouvions en vivre. Les
sponsors offrent d’autres possibilités de nos jours.

 Une journée idéale sur ton île, ça ressemble à
quoi ?

Se réveiller avec une bonne
session avec des copains, passer manger un morceau de poisson, traîner à droite
à gauche, partager de bons moments.

 Une session vraiment spéciale dont tu te souviens à
Soup Bowl ?

Il y en a tellement mais je
vais en raconter une en particulier. Les vagues faisaient 2 m à 2 m 50, que des
tubes. J’avais la vingtaine, c’était vraiment puissant. Chaque vague, c’était
un tube. Avec juste quelques amis. C’était incroyable, l’une de mes meilleures
sessions à Soup Bowl !

 Quels sont les dangers sur ce spot ?

Il n’y a pas vraiment
d’échappatoire… Il faut y aller à fond. Et le reef peut être dangereux,
surtout à marée basse. À chaque bonne session, je vois des surfeurs se faire
mal, sortir en sang. Moi-même, mon dos est mal en point….

 Es-tu toujours aussi passionné par le surf ?

Je ne suis plus obsédé comme
avant. Je ne vais plus surfer tous les jours quoi qu’il arrive, je choisis mes
sessions. Mais j’adore toujours autant ça. Le surf, c’est la vie, le reste
n’est que détail. Il n’existe rien de mieux que de prendre une vague, de faire
un turn, de tuber. Le surf m’a beaucoup donné, permis de voir tellement
d’endroits différents, j’ai accompli des choses que je n’imaginais pas
possible.

                


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