Michel Bourez : "Si la route des JO passe par le QS, alors je ferai les QS".
Détendu, souriant, déterminé et optimiste, le Tahitien a répondu sans détour au micro de la Fédé à tous les sujets, assurant qu'il allait tout faire pour participer aux JO de Paris-2024 à Teahupo'o.
Au terme d’une drôle de saison 2021 qui l’aura vu dégringoler au classement du CT et tutoyer l’Olympique en juillet à Tokyo (5e place), Michel Bourez n’est pas parvenu à se maintenir sur le CT pour une 13e saison consécutive. Trois jours après son élimination prématurée sur le HaleïwaChallenger à Hawaii, il s’est confié au micro de la Fédé dans la maison du North Shore qu’il occupe avec Mihimana Braye. Détendu, souriant, déterminé et optimiste d’après ceux qui l’ont interviewé, le Tahitien a répondu sans détour à tous les sujets, assurant qu’il allait tout faire pour participer aux JO de Paris-2024 à Teahupo’o.
Haleiwa est ton jardin, tu nourrissais forcément des ambitions ici, et surtout, il te fallait passer un ou deux tours pour assurer ton maintien…
Michel Bourez – Je n’ai juste pas fait le bon choix de vagues. Le surf était là, la volonté était là. C’est juste mon choix de vagues qui n’a pas été bon. Il aurait fallu que je sois plus patient. J’avais observé la série d’avant, et il n’y avait pas eu beaucoup de vagues. Je me suis dit qu’il fallait que je score très vite pour mettre la pression sur les autres. En fait, c’était tout le contraire qu’il fallait faire. C’est bizarre. Mais on fait tous des erreurs. Alors oui, ce n’était pas le bon moment pour commettre une telle erreur. Les trois autres ont eu toutes les bonnes vagues. C’est comme ça.
As-tu ressenti une certaine pression avant et pendant cette série ?
M.B –Pas du tout, non. J’avais envie de surfer. C’est tout.
Ça doit être vraiment frustrant de perdre comme ça car tu n’as pas pu t’exprimer…
M.B –C’est sûr que je suis sorti frustré. Je voulais juste bien surfer. Et je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer durant ces 30 minutes. Mais ça fait partie de la compétition. J’ai l’habitude depuis toutes ces années. Gagner ou perdre, c’est le jeu de la compétition. J’étais venu ici pour quelque chose, ce n’est pas passé.
Cette élimination prématurée à Haleiwa est un peu à l’image de cette saison sur le circuit pro qui n’a pas été la tienne…
M.B –On ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut. Je voulais me maintenir sur le CT. Je n’y suis pas arrivé. Encore une fois, c’est le jeu de la compétition. Je devais faire le job, je n’y suis pas arrivé. Que ce soit sur le CT ou sur les Challenger Series. La saison a été compliquée avec le long break de 2020, le Covid, les 4 mois en famille en Australie, mes blessures (cou et genou). Mais ça a été difficile pour tout le monde. Le plus important, comme je l’ai écrit sur une story il y a 3 jours, le plus important est que ma famille soit en bonne santé.
Tu es un véritable athlète mais ton corps a aussi connu quelques pépins physiques cette saison : le cou, le genou…
M.B –C’est vrai que j’ai enchaîné. Je ne suis plus tout jeune non plus (rire), je dois l’avouer. Ça fait partie du métier de se faire mal. Mais j’aurais quand même bien voulu être à 100% de mes moyens pour mieux défendre mes chances sur le CT. Ça aurait été différent je pense. J’ai dû faire avec.
L’annulation de la dernière étape du CT, à Teahupo’o fin août, où tu aurais pu performer et te maintenir, t’a-t-elle affectée ?
M.B – Oh oui… Énormément. J’avais fait le choix d’aller au Mexique malgré ma blessure au cou et la WSL m’avait confirmé deux jours avant l’annulation que Tahiti se ferait bien. Et puis le lendemain de mon élimination, j’apprends que c’est officiellement annulé. Ça a été un coup difficile.
Retour sur Haleiwa, on t’a vu mettre du temps à sortir de l’eau après ton heat. Dans quel état d’esprit es-tu aujourd’hui ?
M.B –J’avais appréhendé tout ça. J’avais coché cette option de peut-être ne pas me qualifier pour le CT. Je m’étais préparé à ça. Je ne vais mentir à personne, ni à moi-même, en disant que si je veux continuer à être sur le CT c’est uniquement pour faire les JO en 2024 à Tahiti. Je n’ai plus forcément envie d’être à fond sur le tour et de voyager aux quatre coins du monde à longueur d’année. Je préfère rester chez moi avec ma famille et surfer des vagues parfaites avec les copains. Il faut bien comprendre que la vie de surfeur pro est dure. Être au top tout le temps représente énormément de sacrifices, surtout quand tu as une famille et des enfants.
Ton objectif est donc toujours de finir ta carrière aux Jeux à Tahiti en 2024 ?
M.B –Oui ! Le plus important pour moi est de me focaliser sur la qualification pour les Jeux Olympiques. Dès qu’on connaîtra les modalités de qualification, je verrai comment faire pour avoir ma place pour les Jeux. D’ailleurs, ça serait bien que l’ISA et le CIO se dépêchent à annoncer la procédure. Ou sinon qu’ils me donnent la wild card directement comme ça je reste tranquille à la maison et je vais surfer Teahupo’o tous les jours (rires).
On ne sait malheureusement toujours pas quel sera le chemin pour aller aux Jeux mais si on regarde les qualifications pour Tokyo-2020, le CT a délivré la moitié des places. Du coup, penses-tu repartir sur les QS et les Challenger pour retrouver le CT en 2023 ?
M.B –Je ne sais pas du tout. Je sais que c’est plus facile de se qualifier que de se maintenir sur le CT. Si j’apprends que le CT 2023 est officiellement le passage prioritaire pour aller aux JO, et que la route des JO passe par les QS alors je ferai les QS, et les Challengers. Finalement, que je ne me maintienne pas pour le CT 2022 n’est pas si grave que ça. Le plus important, ce sera la saison CT 2023 qui pourrait, on met toujours des « si », être qualificative pour les JO.
Et si les modalités de qualifications olympiques changent en raison de la particularité de la vague de Teahupo’o et que le circuit pro n’est plus une étape obligée ?
M.B –J’arrête le tour ! Je l’ai déjà dit. Si demain j’apprends que le CT n’est plus qualificatif pour Tahiti 2024, je dis au revoir et je reste à la maison !
Cette décision ne devrait toutefois pas « tomber » dans les semaines à venir. Ce qui va quand même t’obliger à prendre une décision… Et, si tu viens à faire les QS en 2022 pour viser l’accession en 2023, tu choisiras la zone Europe ou Tahiti/Hawaii ?
M.B –Je n’y ai pas encore pensé (sourire). Ça me plairait davantage d’être sur la zone Tahiti/Hawaii, ça me permettrait de rester plus longtemps à la maison et de m’éviter de longs déplacements en Europe en hiver et au printemps.
As-tu un moment hésité à dire stop en voyant Julian Wilson, Adriano de Souza et Jérémy Florès prendre leur retraite cette année ?
M.B – Non, non. Je le répète encore : je veux finir ma carrière avec les Jeux à Tahiti. C’est l’objectif que je me suis fixé pour finir ma carrière professionnelle. C’est sûr que ça fait réfléchir quand je vois Jérémy et les autres arrêter. Ces départs interviennent aussi après l’année 2020 et l’arrêt des compétitions à cause du Covid. D’ailleurs, la situation n’est toujours pas réglée et ça reste encore très compliqué de voyager aujourd’hui. Le mieux en ce moment est sans doute de rester à la maison. Jérémy, Julian, Adriano, ont fait le bon choix. Je respecte totalement leur décision. J’espère juste qu’il ne regrettent rien.
On sait et on entend que tu as toi aussi maintenant envie d’avoir une vie familiale plus « normale ». Mais alors qu’est-ce qui te donne encore la force d’être un compétiteur à bientôt 36 ans ?
M.B –J’aime la compétition. Si je n’avais pas fait du surf, sans doute aurais-je fait des compétitions de jujitsu. C’est juste que j’aime relever des challenges et les atteindre.
On l’a bien compris, ton dernier défi est de participer aux JO en 2024 chez toi. Mais aurais-tu eu une telle motivation si les Jeux avaient eu lieu ailleurs qu’à Tahiti ?
M.B – Je ne le pense pas. Si les Jeux avaient eu lieu en France, j’aurais déjà arrêté ma carrière. Je continue et je veux les faire parce qu’ils ont lieu à la maison. C’est chez nous, c’est à Tahiti. Je me dis qu’il faut absolument qu’il y ait un Tahitien qui participe à ces Jeux.
On sait maintenant que tu ne seras pas à Hawaii fin janvier pour le début du CT 2022. Mais est-ce que tu suivras le Pipeline Pro fin janvier ?
M.B –(Long soupir) Ça va faire bizarre… Je vais peut-être la regarder avec Jérémy (Florès) du coup (rire) ! Mais oui, ça va me faire drôle, surtout si vagues sont bonnes car c’est une super compétition. J’ai de la chance d’avoir de bonnes vagues chez moi à Tahiti aussi.
Quel est ton programme pour les jours et semaines à venir ?
M.B –Je profite des derniers jours ici à Hawaii puis je rentre samedi à Tahiti. Je vais peut-être aller dans les îles. J’ai branché Jérémy pour venir avec moi. On parle tout le temps de ça. j’aimerais bien visiter beaucoup d’îles, surfer de bonnes vagues, trouver des bons spots avec personnes. Profiter de ces moments en famille. Y aller avec mes enfants.
Son processus d'entraînement, la façon dont elle a vécu les Jeux, l'ambiance au sein de l'équipe de France, sa médaille... La Française nous dit tout !
À l'occasion de la sortie de son dernier album, le chanteur girondin est revenu pour nous sur sa passion pour le surf et ce que ça représente pour lui.
Bonjour,
J’ai 52 ans et je suis le World Tour avec attention depuis que le web existe, et même bien avant, lorsque l’une des étapes se déroulait dans les Landes. Je ne sais pas si Michel lit les commentaires sur Surf Session, j’en doute. Néanmoins, puisque je ne suis sur aucun réseau social, je me permets de me servir de votre site pour lui adresser un immense merci ! Ce gars-là, qu’il arrête le Tour ou pas, nous a tous fait rêver. Il nous a tous impressionnés, inspirés par sa puissance et son extrême humilité. Après Vétéa, il a montré que les surfeurs polynésiens étaient les dignes représentants du He’e Nalu, le sport des princes, le sport des rois en son pays. Et quand on va là-bas, on se rend compte combien leur rapport à l’océan est fort et séculaire. Alors chapeau le Spartan ! Merci infiniment pour tout ce que tu as pu apporter aux passionnés comme moi. Tu peux te reposer peinard maintenant. Le job est fait. À bientôt pour les JO.
Piéro
Bonjour,
J’ai 52 ans et je suis le World Tour avec attention depuis que le web existe, et même bien avant, lorsque l’une des étapes se déroulait dans les Landes. Je ne sais pas si Michel lit les commentaires sur Surf Session, j’en doute. Néanmoins, puisque je ne suis sur aucun réseau social, je me permets de me servir de votre site pour lui adresser un immense merci ! Ce gars-là, qu’il arrête le Tour ou pas, nous a tous fait rêver. Il nous a tous impressionnés, inspirés par sa puissance et son extrême humilité. Après Vétéa, il a montré que les surfeurs polynésiens étaient les dignes représentants du He’e Nalu, le sport des princes, le sport des rois en son pays. Et quand on va là-bas, on se rend compte combien leur rapport à l’océan est fort et séculaire. Alors chapeau le Spartan ! Merci infiniment pour tout ce que tu as pu apporter aux passionnés comme moi. Tu peux te reposer peinard maintenant. Le job est fait. À bientôt pour les JO.
Piéro