Grand sourire, d’humeur joyeuse et toujours sur son nuage, le Luzien est revenu pour nous sur cette journée qui restera pour lui gravée à jamais.
Bravo pour ta 5e place ! Avant de revenir sur cette journée, comment tu te décrirais pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Pierre Caley – « Je viens de Saint-Jean-de-Luz mais j’ai passé les 7 dernières années en Australie, du côté de Cronulla au sud de Sydney. J’étais lifeguard professionnel sur les plages à l’année et avant ça j’étais en équipe de France de sauvetage côtier pendant 5 ans. J’ai été champion du monde en 2014 avec Jonathan Despergers et j’ai gagné les mondiaux avec l’équipe de France en 2013. À cette période j’allais beaucoup en Australie pour m’entrainer et surfer. Je surfe des grosses vagues depuis que je suis jeune. Au départ je le faisais pour moi. En Australie j’ai beaucoup voyagé mais uniquement pour le perso. J’étais avec des potes, on se faisait des ronds et on surfait. Je ne sais pas si je me présente bien (rires).
C’est parfait ! Que représente Nazaré pour toi ? Quand as-tu commencé à surfer là-bas ?
P.C – Je suis pote avec Justine (Dupont) et Fred (David). Je les ai rencontré en Australie il y a quelques années, ils m’avaient proposé de venir à Nazaré mais à l’époque je n’avais pas trop le temps, je bossais. En 2020 je suis rentré en France voir mes parents pendant mes vacances. J’avais des congés. Malheureusement, à cause du Covid, les autorités avaient mis une limite d’entrées sur le territoire, il fallait voler en business. Je n’avais pas de vol en business. Ma copine d’ici ne pouvait pas venir non plus en Australie. J’ai attendu que ça se débloque et ça ne s’est jamais débloqué. Du coup j’ai passé 5 mois à Nazaré avec Fred (David), Justine (Dupont) et Clément (Nantes) à surfer. C’était top. Cette année, Pierre Rollet m’a proposé de surfer avec lui. On a surfé ensemble en début d’année. Mais depuis sa blessure, je surfe avec Maya en attendant que son partenaire à elle, l’Allemand Sebastian Steudtner, ne revienne lui aussi de blessure. C’est ma 2e saison à Nazaré mais cette année j’ai la chance de pouvoir et conduire beaucoup le jet et surfer. Et ça m’a fait prendre beaucoup d’expérience. Ici le truc c’est que tu ne peux pas arriver et penser que tu vas avoir toutes les bonnes vagues, il faut y passer du temps. Il faut respecter les étapes.
Tu as fait équipe jeudi dernier avec la Brésilienne Maya Gabeira, comment vous êtes-vous rencontrés ?
P.C – Il y a un mois on avait déjà fait équipe avec elle pour le gros swell. Elle était toute seule à ce moment-là. Le jour où Pierre (Rollet) s’est fait mal, elle m’a demandé si je voulais y retourner et moi je n’attendais que ça. On a surfé ensemble le jour où c’était gros et ensuite on a surfé ensemble toute la semaine qui a suivi. Ensuite, il y a eu 3 semaines de flat. Elle m’a dit à ce moment-là que si les vagues revenaient et que j’étais tout seul, on pourrait surfer ensemble. Je lui ai envoyé un message car les vagues sont revenues. J’ai entendu dire ensuite en début de semaine dernière qu’il y aurait cette compet’. (le Tudor Nazaré Tow Surfing Challenge). J’étais sur place. Je pensais juste au début faire la sécu de Maya et de son partenaire pour la compet’. En fait, il s’est trouvé que comme son partenaire était toujours blessé, elle m’a proposé directement de faire l’event’ avec elle. Je n’en revenais pas ! En vrai ça fait seulement un mois que je la connais mais on s’entend très bien. C’est très facile de s’entendre avec elle. Tout s’est passé naturellement entre deux personnes qui adorent surfer les grosses vagues. Mais c’est vrai que je n’aurais jamais pensé être là. Je n’avais pas Instagram avant, je ne communiquais pas sur les réseaux donc c’est vrai que les gens n’entendaient jamais parler de moi.
Les réseaux sociaux du coup ce n’est pas ton truc ?
P.C – Il faut que je m’y mette parce que c’est vrai que c’est important. J’apprends (rires) mais c’est plus difficile que le surf. On oublie qu’il y a encore beaucoup de gens dans le monde qui n’ont pas de réseaux sociaux, qui ne montrent pas ce qu’ils font et qui sont incroyables.
Quand as-tu appris exactement que tu allais pouvoir participer à cette nouvelle édition du Tudor Nazaré Challenge ?
P.C – Maya m’a prévenu le lundi matin. Elle m’a envoyé un message en me demandant d’être son partenaire pour l’événement. J’ai dit oui. Ensuite on a surfé un peu tous les jours ensemble et jeudi c’était parti.
Comment as-tu vécu cette journée, est-ce que tu t’es mis une petite pression ou bien en as-tu profité pleinement sans trop y réfléchir ?
P.C – Non pas forcément une grosse pression. Mais c’est certain que ce format de compétition est un peu spécial, j’étais un peu perdu au début. D’habitude tu as un peu plus de temps quand tu surfes à Nazaré, tu cruises un peu, tu as le temps de te mettre dedans, tu regardes les vagues, tu vois où les mecs se placent… Là tu arrives, le plan d’eau est énorme, tu n’as pas le temps de te mettre dedans. D’un coup ça sonne et tu as 50 minutes. Au début c’était un peu compliqué mais ensuite tout s’est bien enclenché.
Revivez son heat ci-dessous.
Tu parles de te placer à Nazaré, comment fait-on justement pour se placer sur le plan d’eau lors d’une compet’ de tow comme ça ?
P.C – Tu as une idée quand même. À Nazaré tu as le 1er, le 2e et le 3e peak. À force de surfer le spot tu commences à avoir une idée. Tu lis le plan d’eau et tu commences à comprendre. Et tu as aussi l’aide du spotteur sur la falaise qui t’aide à anticiper ce qui arrive. Mais c’était une très belle journée, j’ai pu en profiter c’était incroyable. Maya a eu des vagues de dingue et moi j’ai essayé d’être à son niveau. Même si je n’y étais pas. Elle, ça fait 10 ans qu’elle surfe ici. Moi, un an et demi. Elle connaît l’endroit par coeur. Par rapport à elle, j’ai beaucoup moins d’expérience. J’ai eu beaucoup de chance de faire équipe avec quelqu’un comme ça. Elle m’a aidé à être au niveau et elle, elle y était déjà.
Elle t’a donné quelques conseils ?
P.C – Oui bien évidemment. Elle m’a dit que je savais quoi faire et elle m’a dit qu’elle avait confiance en moi. Mais c’est vrai qu’avec ce format de compétition il faut être ON d’entrée. Tu as 50 minutes et ça passe très vite.
Quels conseils justement peut-on se donner à Nazaré ?
P.C – Tu peux parler du placement, où se mettre. Tu peux aussi parler de la vitesse quand tu es tracté. Certaines personnes aiment être tractées vite, d’autres moins vite. Ensuite c’est du feeling avec la personne avec qui tu fais équipe. Celui qui drive fait beaucoup. Quand Maya me met sur la droite, elle me place parfaitement. Elle avait fait la moitié du job. À Nazaré, le pilote de jet fait 50-60% du boulot. Si tu n’as pas quelqu’un qui est compétent pour te placer c’est compliqué.
Qu’est-ce que tu retiendras de cette journée ?
P.C – Qu’à Nazaré tout peut arriver (rires). C’est un truc de fou, tu peux passer par toutes les émotions : la défaite, la gagne, la peur… Tout y passe.
Avez-vous peur quand vous surfez là-bas ?
P.C – Oui bien évidemment. Après quand tu es dans le moment c’est plus de l’appréhension. C’est de la peur qui se transforme en positif.
Il y a eu pas mal de blessés jeudi dernier, on pense notamment à Justine, Antonio Silva et Jaimie Mitchell notamment à qui on souhaite un bon rétablissement. De ton côté tout va bien ?
P.C – J’ai un peu mal au dos. Je me suis fait rattraper à un moment donné par une mousse en jet. On est tombé, on a récupéré le jet et on est reparti. Mais j’avais déjà un peu mal au dos du dernier swell, je m’étais déjà un peu fait secouer. Mais dans l’ensemble je vais bien. Juste un peu fatigué (rires).
Tes prochains projets ça va donner quoi ?
P.C – Il va falloir que je me mette à bosser quand même (rires). Je suis à Pôle emploi jusqu’à mai mais ensuite il va falloir bosser. Plus sérieusement, j’ai créé une petite boite de sécurité aquatique dans laquelle je fais surtout de l’aide à la caméra dans les piscines. J’amène des cadreurs sur des scènes aquatiques pour des films et des documentaires. Mais c’est certain qu’il va falloir bien bosser cet été pour revivre ça l’hiver prochain !
As-tu prévu prochainement quelques voyages pour surfer ?
P.C – Oui, si j’ai assez d’argent j’irai à Puerto (Mexique), j’ai plein de potes là-bas. Après si j’avais un budget il y aurait plein d’endroits où j’irai (rires). En attendant, il y a des vagues qui arrivent à Nazaré, je vais encore rester quelque jours. On va voir pour le prochain swell. »
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