Le chargeur Mark Mathews était à Biarritz vendredi dernier pour la projection du film Fighting Fear, retraçant sa vie et celle de son meilleur ami Richie Vaculik. Après un après-midi à surfer sur les plages d’Anglet (dont une session tow-in avec le vainqueur de notre jeu-concours), on a retrouvé Mark à son hôtel à l’heure de l’apéro, quelque temps avant la projection du film. Loin des clips de « branque » auquel l’Australien de 29 ans nous habitue depuis quelques années, c’est un mec posé et plus que sympa qui a pris le temps de répondre à nos quelques questions. Magnéto :
Le film Fighting Fear sort dans quelques semaines. Explique-nous le titre. La peur est-elle une chose que toi et tes potes combattez ?
Oui, tout le temps. Quand j’étais petit, j’avais vraiment peur des grosses vagues. À tel point que ma mère a dû venir me chercher au large une fois. J’ai toujours la peur des grosses vagues aujourd’hui, mais j’aime tellement la sensation de les rider que je suis prêt à la combattre.
[OURS EST DÉJÀ DURE À SURFER DE JOUR, ALORS IMAGINE DE NUIT !]
Un des grands moments du film est cette fameuse session de nuit sur votre spot Ours. Comment l’idée vous est venue ?
Souvent en Australie, les vagues les plus parfaites arrivent de nuit car c’est à ce moment-là que le vent est le mieux, ou le plus faible. Ce qui veut dire qu’on loupe pas mal de vagues ! Pendant longtemps, j’ai rêvé de surfer Ours de nuit, et après pas mal de temps d’organisation et de logistique, on a enfin pu monter cette session. Ça nous a pris presque trois ans, le temps d’obtenir les assurances, l’autorisation du Parc National. Puis est arrivé le jour J, où les conditions semblaient parfaites. La session était dingue. La vague est déjà dure à surfer de jour, alors imagine de nuit (rires) ! Il y a eu beaucoup de wipe-outs, mais aussi quelques superbes vagues…
Rien de grave pendant la session ?
Non, rien de sérieux. On a eu de la chance.
J’ai lu que cette session vous avait coûté 50 000 $ australiens (environ 36 000 €)…
Oui, aucun de nos sponsors ne voulait participer à l’opération parce qu’ils trouvaient ça trop dangereux. C’est donc Maca (Macario de Souza, le réalisateur du film), Richie (Vaculik, le second surfeur) et moi-même qui avons tout financé. Maintenant, on essaie de se rembourser en vendant les photos et d’autres choses (rires). Mais ça valait carrément le coup. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas une seconde.
[LES MÉDIAS ONT DIT PAS MAL DE CHOSES SUR NOUS, MAIS LES BRA BOYS N’ONT RIEN A VOIR AVEC UN GANG]
Ours est LA vague des Bra Boys. On a entendu beaucoup de choses sur ce crew pas mal médiatisé depuis quelques années. Que signifie être un Bra Boy aujourd’hui ?
C’est juste une bande de bons amis, il y a une vraie fraternité entre nous tous. Les médias ont dit pas mal de choses sur nous, parlant de gang ou de choses comme ça. Mais ça n’a rien à voir avec un gang. C’est plus une famille, une bande d’amis qui a grandi ensemble, très passionnée par son quartier et d’où l’on vient.
Alors d’où vous vient selon toi cette image de gang ?
(il réfléchit) Il y a eu pas mal d’histoires là-bas. Je veux dire, on a eu pas mal d’histoires, de bagarres, même avec la police, sur fond d’alcool et de soirées qui dérapaient. On était vraiment stupides. Mark et moi avons eu la chance de ne pas finir en prison, en tout cas rien de sérieux. Maintenant, on a changé, et on espère que les kids de Maroubra ont appris des erreurs stupides qu’on a faites avant eux.
Le quartier est plus calme aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quelques années ?
Probablement, oui. Je crois que les kids sont plus intelligents qu’on ne l’était. Quand tu es jeune, tu ne réalises pas que tu peux foutre en l’air ta vie pour tes bêtises. J’ai pal mal d’amis qui ont mal tourné, qui ont fini en prison ou accros à la drogue.
Tu me parlais de ta jeunesse. Quand as-tu eu le déclic pour les grosses vagues ?
Je pense que c’est arrivé lors de ma première session à Shipstern quand je devais avoir 17 ou 18 ans. C’était mon premier vrai trip pour un mag de surf, avec d’autres pros. Les vagues étaient massives, on venait de prendre certains des plus gros tubes jamais pris à la rame. J’étais avec Koby (Abberton, ndlr) avec qui je traînais tout le temps et je me sentais à l’aise sur le spot. Quand j’ai vu les photos, je me suis dit que je pourrais peut-être faire une carrière dans le gros surf parce que c’était pas si compliqué que je ne l’avais imaginé.
[JE N’AI PAS ENCORE TROUVÉ DE VAGUES QUE JE NE SURFERAIS PAS]
T’es-tu fixé une limite dans ta quête des grosses vagues ?
Non, je n’ai pas encore trouvé de vagues que je ne surferais pas J’ai surfé des vagues énormes à Hawaii il y a quelques années, et je n’étais pas particulièrement rassuré mais je m’y suis habitué. Il faut juste un peu de temps à chaque fois pour se mettre dans le bain. Peut-être que Cyclopes est la seule vague où je n’ai pas envie de retourner. Il n’y a vraiment pas d’eau, et le danger n’en vaut pas la peine.
A la vue de wipe-outs sur des vagues comme Shipstern ou The Right, on se demande tout le temps comment le corps humain peut encaisser de tels chocs. Explique-nous ce qu’on ressent dans ces situations ?
De nombreux wipe-outs paraissent pires qu’ils ne sont en réalité. C’est violent, mais quand tu es sous l’eau, pas tant qu’on pourrait le croire. Sauf si tu n’as pas de chance et que tu tapes le reef ou te prends la lèvre dans une mauvaise posture. Tu peux te blesser dans des vagues bien plus petites. Mes pires wipe-outs me sont arrivés dans des vagues de 10 pieds, pas dans 20 pieds.
[QUAND JE ME FAIS BRASSER SOUS L’EAU, J’ESSAIE JUSTE D’APPRÉCIER LE MOMENT]
OK, mais quand tu chutes à Shipstern, et que le jet-ski n’a pas le temps de te récupérer avant que n’arrive la seconde, tu fais quoi ?
(rires) Tu essaies juste de te calmer et de respirer profondément. Paniquer est la pire des choses qui puisse t’arriver.
Facile à dire, mais dans la réalité, tu ne paniques pas ?
Si, tu paniques, mais moi je me dis « relax, relax ». Quand je me fais brasser sous l’eau, j’essaie juste d’apprécier le moment. C’est un sentiment bizarre, tu apprécies ce ride sous-marin (rires). Tout en essayant de repérer où se situe la surface… Je me suis déjà vu nager vers le fond en pensant que je remontais. C’est comme un grand huit dans l’eau : c’est fun, jusqu’à ce que tu commences à manquer d’oxygène. Mais maintenant on porte très souvent des gilets de sauvetage, ça fait une différence énorme.
PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN FERRAND
Plus d’infos :
Bonjour @lychar. Il y a peu de chances qu’il y ait une version sous-titrée, le film projeté la semaine dernière à Biarritz n’était qu’en anglais…
bonjour a tous,
Est ce qu’il y aura une version en ss titré FR ?
merci pour vos réponses