Saga World Tour : Nicolas ‘Daz’ Dazet

Interview du vidéaste/réalisateur/producteur officiel du team Quik sur le Tour...

09/03/2011 par Romain Ferrand

Nicolas Dazet, aka Daz, est un acteur majeur de la scène surf française, et même européenne. Caméraman, monteur, producteur, on lui doit certaines des meilleures vidéos surf du Vieux Continent de ces dernières années comme Fightoony ou encore Euroforce. C’est aussi à lui que l’on doit Cloud 9 et « une saison de rêve« , la série de documentaires relatant la 1ère année de Jeremy Flores sur le World Tour diffusée sur Canal +.

Daz est d’ailleurs un témoin privilégié du circuit World Tour, qu’il suit depuis maintenant 7 ans. Son rôle au sein de Quiksilver lui permet notamment de partager le quotidien de Kelly Slater, Dane Reynolds et Jeremy. De quoi rendre jaloux un paquet de photographes et de surf-journalistes.

Et même si d’autres responsabilités au sein de Quiksilver l’ont un peu éloigné de la vie palpitante du Tour, il demeure un de ses acteurs phares, et compte bien d’ailleurs rendre visite à ses compagnons de route le plus souvent possible…

Bref, la personne adéquate pour nous éclairer sur cette grande famille qu’est le World Tour. Magnéto :

Comment t’es-tu retrouvé à suivre le Tour régulièrement ?

Daz : J’ai d’abord commencé comme team manager pour une marque de lunettes. Puis j’ai voulu passer à autre chose et j’ai donc commencé à faire un peu de films par « accident ». Je me suis retrouvé à suivre Miky, Fredo, Sancho et toute l’équipe à travers le monde et de fil en aiguille, j’ai fait des films.

En 2004, j’avais suivi Eric Rebière sur quelques étapes du Tour, avant de suivre Miky en 2006 et en 2007. Puis Quiksilver m’a proposé de suivre Jérémy pour réaliser Saison de Rêve, diffusée sur Canal+. Ca s’est tellement bien passé que j’ai continué à faire le Tour 4 années d’affilée, en suivant Jérémy, Kelly, Dane et tous les Européens quand on a fait Euroforce.

« LE TOUR EST UN PEU COMME UNE GRANDE FAMILLE »

Que fais-tu de tout ce que tu shootes sur chaque épreuve ?

Ca dépend des années. Quand on a fait Une Saison de Rêve, on était à fond dessus car il fallait faire un 26 minutes par compète. Puis on a développé des formats courts qu’on mettait en ligne assez rapidement sur le web, comme le blog de Belly ou les épisodes Euroforce.

Puis les 2 dernières années ont eu en trame de fond de suivre les courses aux titres de Kelly. En ce qui concerne son 10e titre, il y a une partie qui est déjà sortie pour fournir les médias du monde entier, mais le reste est dans dans mes disques durs pour un projet à plus long terme qui sera certainement fait avec un gros réalisateur américain…

Tu as un statut privilégié, tu suis Kelly, Jérémy, Dane sur le Tour… Comment ça se passe au quotidien ?

Ça dépend des endroits dans lesquels on va. Quand Belly (team manager Quiksilver, ndlr) organise des maisons, ce qui est souvent le cas, on se retrouve à vivre tous ensemble. C’est une vraie vie de groupe, il y a pas mal d’interactions entre Kelly, Jérémy et Dane, Jérémy a beaucoup traîné avec Kelly cette année et ça fait du bien à tout le monde. Du coup tu te retrouves au milieu de conversations assez dingues sur le surf, les boards, les compètes…

« C’EST UNE VRAIE VIE DE GROUPE. IL Y A PAS MAL D’INTERACTIONS ENTRE KELLY, JEREMY ET DANE »

Du coup tu peux me sortir un secret, une grosse exclu sur Kelly ou Dane ?

Ouais, ils sont tous les deux hyper fans de Surf Session en fait ! (rires) Ils apprennent le Français juste pour pouvoir lire Surf Session ! (rires)

Comment se passe la vie de cette « grande famille » qu’est le Tour ?

Comme dans toutes les familles il y a des affinités qui se créent ici et là. Quand tu croises les mecs au petit déj’ tous les jours, puis sur les compètes, tu crées des liens, même si tu n’es pas forcément pote avec tout le monde. Les premières années à Tahiti je logeais toujours chez Alain Riou, du coup je suis devenu pote avec Fanning qui y habitait aussi. Depuis, quand tu les revois après sur les autres épreuves, tu manges avec eux, etc. Au final tu passes plus de temps avec ces gens là qu’avec ta propre famille !

Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé à Puerto Rico au moment de la disparition d’Andy. Tout le monde a été très affecté et s’est montré très solidaire. C’est là que je me suis dit « il y a quelque chose quand même ». Ce n’est pas juste de la compétition, avec les participants d’un côté, les juges de l’autre, les quelques médias qui suivent le tour à l’année… Tout le monde partage les mêmes moments.

« AU MOMENT DE LA DISPARITION D’ANDY, TOUT LE MONDE A ÉTÉ TRÈS AFFECTÉ ET S’EST MONTRÉ TRÈS SOLIDAIRE. C’EST LÀ QUE JE ME SUIS DIT : « IL Y A QUELQUE CHOSE QUAND MÊME »

Le Tour a pris une importance considérable ces dernières années, il y a beaucoup plus de médias, le webcast s’est développé… Qu’est-ce qui a changé selon toi ?

Pas grand-chose au final ! Il se passe plein de choses autour, les relais médiatiques sont plus importants, le web a pris une ampleur considérable… Mais au quotidien ça reste une entreprise très humaine et « artisanale ». Artisanale dans le sens où les pro riders restent accessibles, tous le monde se croise, tout le monde est logé à la même enseigne, je trouve ça assez sympa ! Ce n’est pas du golf, du tennis ou du foot, ça reste du surf pour l’instant. Même si sur certaines compétitions les conditions s’améliorent pour mieux accueillir les participants, les spectateurs et les médias.

Toi qui filme aussi pas mal de free surf, est-ce que tu dirais que les surfeurs se brident vraiment en série ou qu’il n’y a maintenant plus vraiment de différence de niveau entre un heat et du free surf ?

Pour le coup, je pense que ça a vraiment évolué. Le changement dans les critères de jugement de l’année dernière a vraiment boosté le niveau général des séries. Ca a eu un impact assez bénéfique, tout le monde prend plus de risques. On a eu des séries hallucinantes cette année. Dane et Jordy marchent bien là-dessus, j’ai l’impression que ces changements ont été faits pour eux. Ça oblige les surfeurs à repousser leurs limites, et le niveau de compète se rapproche effectivement de celui en free surf.

« A TEAHUPOO, TU SENS QUE LA PRESSION MONTE QUAND UN SWELL DE 10 PIEDS OUEST EST ANNONCÉ »

D’après toi, quelle épreuve représente le plus gros challenge pour les surfeurs ?

Teahupoo je pense. Tu sens que la pression monte quand un swell de 10 pieds ouest est annoncé, surtout chez les gars qui ne sont pas hyper à l’aise dans ce type de conditions. Dès qu’il y a un enjeu physique en fait. Après il y a aussi une pression sur les compètes où il y a beaucoup de monde, parce qu’il y a  la pression du public. Mais chacun a un niveau de pression différente selon la saison qu’il a fait, s’il joue sa re-qualification sur telle épreuve, s’il est chez lui. Il y en a pour qui ça marche, d’autres pour qui ça marche moins, on l’a vu avec les Français en France. Je dirais aussi Pipe, qui est aussi une  compétition spéciale, d’autant que la présence de toutes les wildcards locales représente un facteur de pression supplémentaire.

Quelle est l’épreuve du Tour que tu préfères ?

Elles ont chacune leur charme. J’aime bien l’Afrique du Sud car c’est tout petit, tout le monde habite au même endroit, on se croise toute la journée, il se passe toujours des trucs et c’est sympa. J’adore aussi Tahiti. D’abord pour l’endroit, mais aussi parce qu’on a des amis là bas, on est bien reçus, il y a beaucoup d’interactions, et c’est un endroit qui a une énergie spéciale. Sans parler de l’Australie, d’Hawaii… Même le Brésil qui n’est pas une destination parfaite en termes de vagues, reste marrant : les gens sont passionnés, il y a une ambiance spéciale. Puis il y a les épreuves du Search où tu as vraiment l’excitation de découvrir de nouveaux spots.

Malgré tes nouvelles fonctions, tu prévois d’être présent sur certaines épreuves du Tour 2011 ?

Oui carrément! On va dire que j’ai calculé mes déplacements professionnels en fonction des compètes ! C’est important car j’ai créé des liens avec pas mal de gens sur le tour que je n’ai pas envie de perdre. C’est un peu une grosse famille.

J’aimerais aller sur la moitié des épreuves au moins. Il y a 2 ou 3 endroits où j’ai envie d’aller. J’irais bien à New York franchement (rires) ! Puis les compètes Européennes et l’Afrique du Sud aussi.

Pour filmer le documentaire sur le 11ème titre de Kelly alors ?

Eh ben écoute apparemment il est reparti pour une année en tout cas ! D’après ce que j’ai compris il veut aller dire au revoir à tous les spots, sans pression ! Profiter, y aller à la cool !

PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN FERRAND


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