Entretien avec la petite soeur de Gabriel Medina, présente en ce moment en France pour le Rip Curl Pro Anglet.
27/08/2021 par Marc-Antoine Guet
Elle n’a beau avoir que 16 ans et faire ses grands débuts en France, le visage de Sophia ne laisse pas de doute quant à sa famille. La jeune regular n’est pas que la soeur de GabrielMedina sur le papier. Physiquement, la ressemblance est frappante.
Et c’est avec un largesourire et un anglais parfaitement maitrisé que Sophia nous a accordé ce matin un peu de son temps, elle qui se trouve en ce moment en France à l’occasion du Rip Curl Pro Anglet (QS 1 000) disputé en Pays Basque. Si les vagues sont aux abonnés absents depuis plusieurs jours et que la compétition est une nouvelle fois off pour la journée, le sourire et l’enthousiasme de la jeune brésilienne eux, sont bien présents. Une journée sans compet’ qui nous a permis de discuter un peu avec la jeune surfeuse de chez Rip Curl qui, « fière de son nom », compte bien marcher dans les traces de son grand frère.
Entretien
Sophia. Tu es jeune et le grand public ne te connait pas encore vraiment. Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?
Sophia Medina – « Oui bien sûr. J’ai 16 ans et je viens du Brésil. J’ai grandi à Maresias. C’est une belle plage avec beaucoup de vagues. Cette année est ma première saison sur le QS. Pour faire simple, je regarde un peu partout où il y a un QS qui m’est ouvert et j’y vais. C’est la raison de ma présence en France. Je veux faire des compet’ et prendre de l’expérience. J’ai fait mon tout premier QS au milieu de l’année en Equateur même si j’ai démarré le Tour Junior l’année dernière. Mais cette année, en parallèle du Tour Junior, la priorité c’est les QS pour prendre de l’expérience.
Quel est ton programme du coup pour le reste de la saison ?
S.M –Je vais essayer de voyager pour surfer de bonnes vagues et faire de la compet’. Je ne sais pas encore trop à quoi le reste de mon année va ressembler.
C’est ta première fois en France ?
S.M –Je suis déjà venue ici quand j’avais 5 ans, j’étais trop petite je ne me rappelle de rien. Donc c’est un peu comme si c’était ma première fois. C’est ma première fois à l’eau en tout cas ! Mais ce que je peux dire c’est que je suis fan de la nourriture. Vous avez vraiment le meilleur pain du monde. Je n’arrive plus à m’en passer. Au Brésil nous n’avons pas beaucoup de pains du coup ici j’en commande des différents tous les jours.
Quels sont tes points forts pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
S.M –Je n’aime pas trop dire des bonnes choses sur moi. Mais je pense que ma force c’est ma passion pour le surf. C’est ce que j’ai de plus fort. Dès que je suis dans l’eau je surfe avec amour et passion. J’adore ça.
Et tes points faibles ?
S.M –Il y en a beaucoup… Je suis jeune et j’apprends à chaque session. J’apprends tous les jours. Et ça sera encore le cas quand j’aurai 30 ans. Je dois m’améliorer dans tous les domaines si je veux devenir performante. Aujourd’hui beaucoup de jeunes filles font des airs. Ma génération je pense est très forte. Le niveau du surf féminin est en train d’augmenter sérieusement. Quant aux airs, j’essaye pour ma part d’en faire tous les jours. J’en ai replaqué quelques-uns mais la jeune génération est tellement forte qu’il faut encore que je m’améliore. C’est la compétition, je dois être capable de faire ce qu’elles font et en mieux si je veux gagner.
Je suis obligé de te poser cette question. Qu’est-ce que ça fait d’avoir ce nom de famille ? Prends-tu ça comme une pression supplémentaire ou comme une force ?
S.M –Ce n’est pas une pression. J’essaye de voir ça positivement et du bon côté. C’est une bonne chose pour moi. Je suis fière de ce nom. Je suis heureuse et chanceuse de m’appeler Medina. Gabriel a un super parcours dans le monde du surf. Je veux juste essayer de faire vivre ce nom et de le respecter au maximum pour lui faire honneur. Je vais faire de mon mieux.
Qu’est-ce que ça fait, en tant que jeune surfeuse de 16 ans, de grandir dans l’ombre d’un double champion du monde ?
S.M –C’est sympa en vrai ! Il y a beaucoup d’endroits où je vais où les gens me reconnaissent parce qu’ils m’ont connu toute petite aux côtés de mon frère. J’ai grandi depuis et certains sont surpris de me voir surfer (rires). J’essaye juste de suivre son exemple mais croyez-moi, ce n’est pas désagréable d’être sa soeur.
Te donne t-il des conseils ? On sait que vous vous entraînez beaucoup ensemble.
S.M –Oui il m’en donne beaucoup. Sur mon surf, mon état d’esprit, la stratégie.. Mon père aussi m’aide beaucoup. Et c’est mon père en partie qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui donc je pense être en bonne compagnie (rires).
Qu’est-ce que tu aimerais récupérer de ton frère ?
S.M –Son surf tout simplement ! C’est une personne incroyable. Je veux suivre ses pas mais en même temps je dois rester moi. J’ai ma propre personnalité. Je suis une fille, on est différent sur beaucoup de points. Je suis un peu plus expressive que lui par exemple (rires).
Tu as pas mal suivi ton frère sur le World Tour, sur de belles étapes. Qu’est-ce que ça t’a apporté de côtoyer très jeune les meilleurs ? Comment arrives-tu à t’en servir aujourd’hui ?
S.M –Ce sont clairement mes plus belles expériences ces dernières années. C’est génial de voir ces filles sur le Tour se préparer et surfer. J’ai eu la chance de voir comment elles surfent, comment elles se préparent, les stratégies qu’elles utilisent… J’ai fait attention à leur moindre faits et gestes. Et surfer sur des vagues différentes et de bonnes qualités m’a beaucoup fait progresser. J’ai beaucoup de chance.
As-tu regardé les J.O ?
S.M –Oui j’ai regardé ! C’était à 4h du matin au Brésil, ce n’était pas facile tous les matins de se réveiller (rires). Mais j’ai adoré. C’est top pour la discipline. Ce n’est plus juste un sport, c’est maintenant un sport olympique et ça va nous aider à avoir plus de visibilité. C’est top de pouvoir partager notre passion avec le plus grand nombre.
Le jour de l’ouverture de ces J.O, Globo, qui est l’un des journaux principaux du pays chez vous, a fait sa une avec une photo de ton frère. Le foot ne venant qu’en plus petit en bas de page. Cela prouve l’importance de ce sport chez vous. Un sport qui avec Filipe, Italo et Gabriel notamment est en train de prendre des proportions énormes.
S.M –Le foot est énorme au Brésil. C’est notre sport principal sans contestation. Mais oui, le surf est en train de se développer grâce aux gars que tu as cité. Aujourd’hui, le surf est en train de rattraper le foot chez nous et ça sera bientôt 50/50. Je pense que ça s’explique aussi par le fait qu’il y a beaucoup de Brésiliens sur le CT et le WQS. Mais ça je n’arrive pas à l’expliquer. Je ne sais pas comment ils font tous pour arriver là-bas (rires). Je pense qu’on a vraiment eu une bonne génération. Tout simplement.
S.M –Je sais ! J’aurai 19 ans… Je ne sais pas si j’en ferai partie mais je vais m’entraîner dur. C’est un objectif pour moi. Mais il ne faut pas que je brûle les étapes.
"J'avais envie de pousser beaucoup plus loin la dimension artistique de mon travail et la recherche photographique autour du mouvement, de la matière, de l'eau, des détails."