Jeux Olympiques de surf Paris 2024 : revivre en récap une 3e journée pour l’Histoire

Kauli Vaast, Joan Duru et Ramzi Boukhiam ont fait vibrer les Français en 8e à Teahupo'o.

30/07/2024 par Maia Galot

On avait rêvé de ça. Une vague de Teahupo’o massive, dangereuse, impressionnante et magnifique. Alors que les prévisions s’annonçaient ventées, les conditions à l’eau ont tenu une grande partie de la matinée à Teahupo’o, dévoilant des séries relevées dans les 8e de finale masculins. Ces Jeux à Teahupo’o ont pu révéler le surf dans toute sa splendeur et sa grandeur : la beauté de l’océan, de l’engagement, du spectacle et du haut-niveau au rendez-vous. Le vent ayant brusquement tourné à l’issue de ce tour, les 8e féminins ont été reportés au prochain call, aujourd’hui à 18h15.

Kauli Vaast et Joan Duru font vibrer les foules

Côté Français, c’est le local de l’étape qui a ouvert le bal. Kauli Vaast a affronté le numéro 2 mondial et peu importe le classement de ce dernier, a su montrer qu’il était bien chez lui. Patient, le Tahitien a choisi ses vagues pour marquer les scores lui permettant de passer en quarts de finale. 2 vagues, 2 scores. Un 7,33 points d’abord, lui permettant d’ouvrir son score sainement et de s’assurer la suite. Pour le reste de la série, le Tahitien s’est armé de patience et a laissé parler son expertise de la vague. Alors que Griffin Colapinto, qui l’avait battu au premier tour non éliminatoire samedi, était installé en tête, Kauli Vaast a sauté sur une bombe à quatre minutes du coup de trompe final pour s’engager dans un barrel monstrueux dont il est ressorti les poings serrés (7,77). Il s’impose avec un total de 15,10 points contre 13,83 pour l’Américain.

Kauli Vaast © ISA

« Je suis content de passer. C’était une série difficile. Tous les jours c’est un peu plus haut, plus compliqué. J’ai surtout pu avoir l’occasion de surfer des grosses vagues dans une série, des vagues parfaites qui viennent de l’ouest. C’est tout ce que j’aime. J’en ai profité pleinement jusqu’à ma dernière vague ! J’ai fais ce geste de joie car c’est une vraie libération. J’étais tellement content de sortir de ce gros tube. J’ai même oublié de sortir plus tôt et j’ai un peu ramassé. J’ai attendu longtemps pour avoir cette vague, très longtemps même. Mais je savais que pour dépasser Griffin (Colapinto), il me fallait une très belle vague. Je suis resté patient, je ne me suis pas alarmé. J’ai beaucoup travaillé sur ces moments-là, où tu dois rester assis à attendre qu’une vague arrive. J’ai travaillé sur comment les visualiser. Il y avait un petit goût de revanche après le premier tour samedi. De toutes façons, on ne se fait plus de cadeau. J’ai quand même la chance de pouvoir être chez moi, à Tahiti, avec mon petit frère qui est dans le bateau et Jérémy (Florès) qui est proche de moi dans l’eau. Ça me rend heureux. Je ne savais même pas que je tombais contre Joan (Duru) en quarts.  Évidemment que ça me fait ch… On aurait aimé aller le plus loin possible mais c’est la compétition, c’est comme ça. » a déclaré Kauli à la Fédération Française de Surf.

Kauli Vaast © ISA
Griffin Colapinto © ISA

Dans la série suivante, pas de répit pour les supporters français qui ont suivi la mise à l’eau de Joan Duru dans une houle qui continuait à gonfler. Phénoménal, le Français a très vite annoncé la couleur en scorant une vague à 9,10 points, un tube long, duquel il sort après le souffle avec la technique qu’on lui connait si bien. À ses talons, Alan Cleland ne lui a pas rendu la tâche facile, s’engageant lui aussi dans des vagues monstrueuses, rapides et puissantes. Quelques chutes du Mexicain ont pourtant réduit ses scores et fait tourner les priorités, maintenant tout de même le suspens à son paroxysme. Sur sa 5e et dernière vague, le Landais a mis le point final de ce heat, de nouveau dans un tube engagé scoré 9.03 points par les juges, écartant ainsi la menace mexicaine. Il s’impose 18,13 points (meilleur total de la compétition à ce jour) contre 15,17 points.

Joan Duru © ISA

« Les vagues étaient incroyables, tellement parfaites. Teahupo’o est la plus belle vague du monde, après la Gravière (rires). Ma série s’est bien passée. J’ai eu des gros scores mais je m’en fiche des scores, l’important est de passer les tours. J’avais une série très dure avec le Mexicain Alan Cleland. C’est un des meilleurs au monde ici. Il est très fort. Je ne l’ai pas pris à la légère. Je viens d’apprendre que j’étais contre Kauli (Vaast) en quarts. C’est dommage mais on ne peut rien y faire. On aurait préféré se rencontrer en finale. On est devenus très proches ces dernières années. On va faire une belle série, on va bien représenter la France. Ça va n’être que du plaisir pour moi. Je vais vraiment profiter à fond. Kauli est un ami et le restera. S’il est une menace ? Bien sûr, c’est tout simplement le meilleur surfeur ici. Il est chez lui. » a déclaré Joan à la Fédération Française de Surf.

Joan Duru © ISA
Alan Cleland © ISA

Ramzi Boukhiam versus Joao Chianca, la série à se refaire en replay

Dans l’heure suivante, le Marocain était à l’eau dans des conditions magiques pour le spot de Teahupo’o. 3m et plus, tubulaire, la belle polynésienne a donné aux deux surfeurs du CT des occasions de s’exprimer et ces derniers ont su les saisir. Alors que la patience était de mise sur les heats précédents, celui-ci s’est révélé l’un des plus actifs. Bombe sur bombe, les surfeurs se sont répondus pour venir afficher d’excellents scores très rapidement. L’oeil vissé sur les scores et les priorités, les spectateurs ont vécu toute l’intensité du heat, avec peut-être peu d’objectivité pour le public français, en force derrière Ramzi Boukhiam qui a des liens forts avec le Pays basque et les Landes. Par deux fois ce dernier aura été améliorer son score, pour terminer avec une vague à 8,10 points et une autre à 9,70 points. Le Brésilien a affiché un total à 18,10 points (9,30 points et 8,80 points) et une assurance ferme, avec nombre de claim sur chacune de ses vagues. Il était demandé 8.40 points au Marocain pour prendre la tête. Manque de temps et d’opportunité en fin de série, celui-ci arrête finalement en 8e son rêve olympique, à 0,30 points de son opposant mais avec les honneurs.

Ramzi Boukhiam © ISA

« Merci tout le monde pour le soutien. Ça s’arrête là pour moi, j’ai fais de mon mieux. Je suis un peu triste mais c’est comme ça c’est la compet’. C’était une bonne série c’était des conditions de rêve, c’était exactement ce que je voulais. Voila ça ne passe pas de justesse mais c’est la vie. Merci beaucoup à vous tous, ça me fait chaud au coeur » a t-il déclaré plus tard sur ses réseaux, ému.

Ramzi Boukhiam © ISA
Joao Chianca © ISA

De nombreuses têtes d’affiche en moins

Dans les autres séries, Alonso Correa a pris le meilleur sur Jordy Smith en début de journée, tout comme le Japonais Reo Inaba qui a vaincu le champion du monde en titre Filipe Toledo. Avec un homme en quarts et une femme en huitièmes, il semble que les stages intensifs de l’équipe japonaise ces dernières années aient payés. Les Français se sont donc chargés d’écarter le numéro 2 mondial Griffin Colapinto et la menace mexicaine Alan Cleland. Confortable, Gabriel Medina a pris la tête de sa série face à Kanoa Igarashi, grâce notamment à une vague scorée 9.90 points, le plus gros score de la compétition à ce jour. En fin de matinée et dans des conditions ayant tournées (plus lentes, plus en chantier et plus dangereuses), John John Florence a dû s’incliner derrière Jack Robinson qui a tiré le meilleur des rares opportunités présentes durant les 30 minutes de leur heat. De la même façon, Ethan Ewing a remporté son huitième de finale face à Connor O’Leary.

Alonso Correa © ISA
Reo Inaba © ISA
Gabriel Medina © ISA
Jack Robinson © ISA
Ethan Ewing © ISA

Un seeding questionnable ?

Trois quarts de finale sur quatre se joueront sous le même drapeau chez les hommes. Alors que Kauli Vaast et Joan Duru sont respectivement n°3 et n°4 mondiaux ISA, il est étonnant qu’il se rencontrent si tôt dans la compétition, quand on sait que le premier quart oppose Reo Inaba (n°46) à Alonso Correa (n°5). Si ce quart de finale (heat 2) est l’assurance d’avoir un surfeur français en demie-finale, c’est aussi la perte d’une chance de médaille puisque comme chez les femmes, les deux français ont le potentiel d’aller au bout de cette compétition. Comme la France, l’Australie et le Brésil ne pourront envoyer qu’un surfeur en demie (Gabriel Medina ou Joao Chianca ; Jack Robinson ou Ethan Ewing).

En demie, le vainqueur du duel franco-français affrontera le Péruvien Alonso Correa ou le Japonais Reo Inaba pour une place en finale. Au regard du tableau, quatre surfeurs du QS d’un côté et quatre pensionnaires du CT de l’autre, on peut estimer que le futur adversaire est moins huppé que l’autre partie, mais les rounds précédents démontrent que rien n’est joué sur la base des statistiques.

La compétition est désormais en pause et malgré le call attendu aujourd’hui à 18h15, elle ne devrait pas reprendre avant plusieurs jours en raison des mauvaises conditions sur Teahupo’o jusqu’à mercredi. Le surf reprendra avec les 8e femmes, dont la série opposant Vahine Fierro à Johanne Defay (série 3).

Les résultats du tour 3 hommes

Les séries à venir (tour 3 femmes – quarts hommes)

8e dames
Série 1 :
 Caroline Marks (Etats-Unis) vs Siqi Yang (Chine)
Série 2 : Tyler Wright (Australie) vs Anat Lelior (Israël)
Série 3 : Vahine Fierro (France) vs Johanne Defay (France)
Série 4 : Carissa Moore (Etats-Unis) vs Sarah Baum (Afrique du Sud)
Série 5 : Nadia Erostarbe (Espagne) vs Shino Matsuda (Japon)
Série 6 : Caitin Simmers (Etats-Unis) vs Tatiana Weston-Webb
Série 7 : Luana Silva (Brésil) vs Taina Hinckel (Brésil)
Série 8 : Brisa Hennessy (Costa Rica) vs Yolanda Hopkins (Portugal)

Quarts de finale messieurs
Série 1 :
 Alonso Correa (Pérou) vs Reo Inaba (Japon)
Série 2 : Kauli Vaast (France) vs Joan Duru (France)
Série 3 : Gabriel Medina (Brésil) vs Joao Chianca (Brésil)
Série 4 : Jack Robinson (Australie) vs Ethan Ewing (Australie)

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