JO de Paris 2024 : Kauli Vaast et Johanne Defay en demis à Teahupo’o !

Les ambitions françaises de deux médailles, une par genre, sont plus réelles que jamais.

02/08/2024 par Ondine Wislez Pons

*Informations via la Fédération Française de Surf.

Cette nuit à Tahiti, les Français Johanne Defay et Kauli Vaast se sont qualifiés pour les demi-finales de l’épreuve de surf des Jeux Olympiques, dans des petites vagues d’environ 1m20 et sont désormais à une victoire d’une médaille olympique. Johanne a réussi l’exploit de sortir la championne olympique en titre Carissa Moore, à l’issue d’un quart de finale que la Française a dominé de bout en bout, obtenant un score total de 10,34 contre 6,50 pour l’Hawaiienne, quelques heures après avoir éliminé sa compatriote Vahine Fierro (9,00 contre 7,54). En demi-finale, elle affrontera l’Américaine Caroline Marks, championne du monde 2023.

Johanne Defay © ISA – Tim McKenna

De son côté, Kauli Vaast a sorti son coéquipier Joan Duru, à l’issue d’un quart de finale de très haut niveau, réunissant un total de 15,33 sur ses deux meilleures vagues, contre 12,33 pour le Landais. En demi, Kauli sera opposé au Péruvien Alonso Correa, invité surprise du dernier carré. À ce stade de la compétition, l’équipe de France réalise de bien meilleurs Jeux que lors de la première du surf à Tokyo en 2021 et ses ambitions de deux médailles sont plus que jamais d’actualité. La journée de vendredi a été déclarée off par la direction de compétition, qui attend de belles vagues pour un dénouement samedi ou dimanche à Tahiti.

Kauli Vaast © ISA – Beatriz Ryder

Deux victoires en une journée pour Johanne Defay

Johanne Defay a franchi deux montagnes en une journée. Tout d’abord Vahine Fierro, qu’elle a croqué avec sang-froid et science tactique en matinée (9,00 à 7,54) lors d’un huitième de finale pauvre en vagues à Teahupo’o. Face à sa compatriote, elle s’est imposée avec intelligence en produisant un surf de manœuvres backside, alors que Vahine a privilégié les (rares) tubes, desquels elle n’est parvenue à s’extraire qu’une seule fois. Cette élimination précoce est une immense déception pour celle qui avait survolé le Tahiti Pro disputé en mai dernier, dans des vagues de plus de 3m et qui, pour ses premiers Jeux se classe 9e à la maison.

© ISA – Pablo Franco

Moins de trois heures plus tard, Johanne Defay repartait au charbon sur le récif à sec de la passe de Hava’e. Face à la quintuple championne du monde, couronnée championne olympique en 2021 à Tokyo, il n’y a tout simplement pas eu match. Jamais inquiétée par Carissa Moore, Johanne n’a pas laissé passer l’occasion de se hisser dans le dernier carré pour sa deuxième participation aux JO. Dans un Teahupo’o avare en belles vagues à tube, et un plan d’eau perturbé par le fort vent de sud, la Française a rapidement pris les devants, avec la même tactique que contre sa compatriote plus tôt. Soit un surf à manœuvres dos à la vague, jusqu’à planter les dérives de sa planche dans le corail à fleur d’eau. Prise à la gorge, Moore a tardé à réagir et a chuté trop souvent pour espérer revenir sur Defay. Dans les ultimes secondes, et alors que la Réunionnaise avait usé de sa priorité sur une dernière vague, l’Hawaiienne se glissait dans un long tube mais chutait à la sortie. Ouf !

Johanne Defay © ISA – Pablo Jimenez

Après une 9e place décevante à Tokyo en 2021, Johanne Defay, compétitrice née, ne va certainement pas s’arrêter à une marche du podium. Outre Marks, la Brésilienne Tatiana Weston-Webb, championne du monde ISA en mars, et la Costaricienne Brisa Hennessy, finaliste du Tahiti Pro en mai, sont elles aussi de redoutables concurrentes.

« Rien ne pouvait m’arriver de mieux que passer ces deux séries très relevées aujourd’hui. Je suis hyper contente de la façon dont la journée s’est déroulée, de la façon dont j’ai performé, dont j’ai géré le stress. Je dois rester concentrée pour la suite maintenant. J’étais super contente aussi de regarder les garçons (Kauli Vaast et Joan Duru) s’affronter dans un super esprit. J’ai une petite pensée pour Vahine (Fierro) aussi qui n’a pas la même journée que moi, c’est sûr. Je connais Carissa (Moore) depuis très longtemps, on a souvent logé ensemble sur le circuit professionnel, c’est une de mes meilleures amies sur le tour. On parle souvent de l’après, on parle de plein de choses et c’est aussi et surtout une redoutable compétitrice. C’est la meilleure surfeuse du monde à mes yeux. Peut-être le fait d’avoir fait un peu moins de compétition cette année a été un peu plus dur pour elle (Moore a volontairement fait un break du circuit pro pour préparer les JO, ndlr). J’essaye de me dire que cette demi-finale olympique est une demi-finale comme celles sur le Tour que j’ai déjà vécu. Quoi qu’il en soit, c’est toujours difficile d’aller jusqu’en demi. Un demi, ça change tout. Je vais me battre pour cette médaille. Le prochain tour face à Caroline Marks ? Elle m’a souvent battue. On verra comment sont les conditions. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’étais à mon avantage avec des vagues à manœuvres, qui plus est de dos. Ça aide et les juges aiment bien car on est plus radicale, alors que c’est plus compliqué de verticaliser face à la vague dans ces conditions. » – Johanne Defay.

© ISA – Pablo Jimenez

Kauli Vaast aux portes de la gloire

De son côté, Kauli Vaast a sorti le capitaine de l’équipe de France Joan Duru en quarts de finale. La connaissance du spot de Teahupo’o lui a permis de dénicher deux jolis tubes alors qu’il manquait une seconde vague à Duru pour revenir sur lui. Dans des vagues bien lisses, le Tahitien a rapidement su trouver le rythme de ce match. Mais il a dû attendre la moitié de la série pour faire tomber les gros scores. Après quelques vagues avec des manœuvres, il a déniché un très joli tube agrémenté d’un gros re-entry (7,33pts). Puis, dans la foulée, il a disparu dans un long tube très propre (8 pts). Moins actif, Duru a semblé privilégier les bonnes vagues. Il en aura eu une seule, la quatrième et dernière (7,50pts). A la recherche d’une seconde note de 7,84 points pour se qualifier, le Landais a patiemment attendu. En vain. Il se classe 5e au général de ces JO 2024, ses premiers et très certainement ses derniers. Un parcours remarquable pour l’un des meilleurs surfeurs français de tous les temps.

Kauli Vaast © ISA – Beatriz Ryder

Quant à Kauli Vaast, le petit prince de Teahupo’o est aux portes de la gloire. Soutenu par toute la population locale, il surfe en harmonie totale avec la vague de Teahupo’o qui pourrait bien le couronner roi dans quelques jours. Outre le Péruvien Correa, il reste toutefois le Brésilien Gabriel Medina et l’Australien Jack Robinson, lesquels sont certainement les deux meilleurs compétiteurs à Teahupo’o. Pas de quoi impressionner Kauli Vaast qui a des ailes sur sa vague.

© ISA – Beatriz Ryder

« Ça passe ! Je suis tellement content. Il y a eu beaucoup d’émotions à la fin de la série quand Joan (Duru) est venu me serrer la main. C’est vraiment ch… d’être tombé ensemble. Je suis heureux et fier d’avoir fait cette série avec lui, c’est un des meilleurs tuberiders au monde. Ça passe pour moi. Je suis évidemment très content. On a tout donné, on était des guerriers dans l’eau et jusqu’au bout, on n’a rien lâché, que ce soit lui au moi. C’était beau. Les vagues étaient compliquées, l’idée était de surfer, de s’amuser, de trouver un rythme et on a tous les deux trouvé le rythme. J’ai réussi à trouver les meilleures vagues. Je ne regarde pas contre qui je tombe. Je prends les séries les unes après les autres. Tous ceux qui sont là le sont pour une bonne raison, ils sont tous très forts. Je suis très fier du parcours Vahine (Fierro) et de ce qu’elle a fait ces derniers mois, des efforts qu’elle a fait en compétition, des entraînements qu’elle a effectué. Elle s’arrête face à Johanne (Defay) dans une autre série entre Français. C’est dommage encore une fois. Je vais tout donner pour elle ! » – Kauli Vaast.

Kauli Vaast © ISA – Beatriz Ryder

Johanne Defay et Kauli Vaast vont avoir une journée de repos pour préparer au mieux leur demi-finale. La direction de compétition a d’ores et déjà annoncé que la journée de vendredi était off en raison du manque de vagues. Au regard des prévisions, le jour final pourrait se dérouler samedi ou dimanche dans de petites vagues, mais avec peu de vent. Pour le camp français, ces qualifications dans le dernier carré signifient que les ambitions de deux médailles (une par genre) sont plus réelles que jamais. Nos deux surfeurs seraient assurés d’une médaille en se hissant en finale, sinon ils disputeront le match pour la médaille de bronze.

Vahine Fierro © ISA – Pablo Jimenez

Les réactions de Vahine Fierro et Joan Duru

Vahine Fierro, éliminée en 8es de finale, 9e au général :

« Je suis hyper triste de perdre ces Jeux à la maison. Mais je sais que Teahupo’o m’a toujours donné les plus belles leçons de ma vie. Celle-ci est une de ces étapes que je dois traverser aujourd’hui. Même si c’est dur, même si ce n’est pas ce que je voulais. C’est comme ça, on apprend, on grandit et on revient plus fort. Félicitations à Johanne. C’est une compétitrice très expérimentée et je savais que quoi qu’il arrive, on allait apprendre l’une de l’autre. Je me suis beaucoup entraînée cette année pour pouvoir surfer toutes sortes de conditions et être à l’aise, peu importe que ce que la vague te donne. Dans cette série, je suis tombée trois fois d’affilée sur des bonnes vagues avec des tubes. J’ai eu les opportunités de tuber et de prendre des scores mais j’ai chuté. Ça s’est joué à rien. Trouver des tubes était compliqué. J’ai réussi à les trouver mais ça bougeait beaucoup et je n’ai pas su tenir. En tout cas, ce n’est pas la pression. Je me sentais à l’aise dans l’eau, j’étais bien, j’étais prête à faire des tubes. (Interrogée sur le soutien des spectateurs dans l’eau et dans la fan zone) C’était incroyable, ça m’a fait pleurer. Ils étaient là, ils m’ont soutenue et ça fait chaud au cœur. Merci beaucoup à toute la population, à Tahiti, à la France, à tous ceux qui m’ont soutenue. Je ne me suis jamais sentie aussi prête pour ces Jeux. »

© ISA – Tim McKenna

Joan Duru, éliminé en quarts de finale, 5e au général :

« Je suis content. Si on m’avait dit, en début d’année que je finirais 5e des JO ! Après, bien sûr, je voulais rapporter une médaille pour moi et pour la France. Mais j’ai fait une bonne série. Je n’ai rien à regretter. Kauli (Vaast) était meilleur. C’est le meilleur ici. Il y a eu de bonnes vagues, il fallait les trouver et lui sait les trouver ! J’en ai eu quelques-unes, je savais où je devais me placer. J’ai attendu une dernière bonne vague car je savais que je devais faire un 8 pts pour me qualifier. C’était faisable. Mais la vague n’est pas venue. On a surfé toutes les conditions ensemble ces trois semaines, donc je connaissais ces conditions. Là, j’étais contre le meilleur ici. Je suis sûr qu’il va gagner la compétition, donc je n’ai aucun regret. Mon avenir ? Je ne sais pas trop, je vais peut-être finir l’année sur le circuit Challenger Series… ou pas. Sincèrement, je ne sais pas du tout. S’il y a des sponsors qui me suivent, pourquoi pas. J’adore ça, j’adore faire les compétitions. C’est juste une question de budget mais c’est ce que j’aime faire. Si je vais à Paris ? On verra ce qui se passe, s’il y a des médailles à fêter ! Je vais regarder le surf ici jusqu’à la fin et après peut être aller à Paris ou à Huntington Beach pour l’US Open. Encore une fois, je ne sais pas encore. »

Joan Duru © ISA – Beatriz Ryder

Les résultats

Huitièmes de finale femmes
Série 3 : Johanne Defay (France) 9,00 bat Vahine Fierro (France) 7,54


Quarts de finale femmes
Série 1 : Caroline Marks (Etats-Unis) 7,77 bat Tyler Wright (Aus) 5,37
Série 2 : Johanne Defay (France) 10,34 bat Carissa Moore (Etats-Unis) 6,50
Série 3 : Tatiana Weston-Webb (Brésil) 8,10 bat Nadia Erostarbe (Espagne) 6,34
Série 4 : Brisa Hennessy (Costa Rica) 6,37 bat Luana Silva (Brésil) 5,47


Quarts de finale messieurs
Série 1 : Alonso Correa (Pérou) 10,50 bat Reo Inaba (Japon) 10,16
Série 2 : Kauli Vaast (France) 15,33 bat Joan Duru (France) 12,33
Série 3 : Gabriel Medina (Brésil) 14,77 bat Joao Chianca (Brésil) 9,33
Série 4 : Jack Robinson (Australie) 15,33 bat Ethan Ewing (Australie) 13,00

Le programme

Demi-finales femmes
Série 1 : Caroline Marks (Etats-Unis) vs Johanne Defay (France)
Série 2 : Tatiana Weston-Webb (Brésil) vs Brisa Hennessy (Costa Rica)


Demi-finales messieurs
Série 1 : Alonso Correa (Pérou) vs Kauli Vaast (France)
Série 2 : Gabriel Medina (Brésil) vs Jack Robinson (Aus)
(Les vainqueurs iront en finale pour la médaille d’or, les perdants en match pour le bronze)

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© ISA – Beatriz Ryder

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