On l’en savait capable et elle l’a confirmé. Ce lundi 5 août à Tahiti, Johanne Defay a ajouté un élément de taille à son palmarès en s’imposant dans la finale pour la médaille de bronze face à Brisa Hennessy, allant ainsi décrocher son métal tant convoité. Sans se démonter après sa malheureuse défaite face à la championne olympique 2024 Caroline Marks dans un heat à totaux égaux (la vague la mieux scorée était au nom de l’Américaine, lui accordant la finale), Johanne Defay est restée concentrée, ancrée. Faisant parler toute son expérience et sa puissance, elle a géré d’une main de maître cette dernière série de ses Jeux Olympiques Paris 2024, de la même façon que les jours précédents lorsqu’elle s’était imposée devant des favorites comme Vahine Fierro et Carissa Moore.
Peu à peu, la Réunionnaise a construit son score, avec une première vague forte notée 5,83 points, suivie d’autres vagues dans les 5 points avant de conforter son total avec un 6,83 points. Dans des vagues parfois difficiles à lire, dont la taille et la forme pouvaient varier selon l’origine de la houle et la direction du vent, elle a su trouver un mélange de tube et de faces sur lesquelles exprimer son puissant surf backside. Engagée, c’est jusque sur le récif qu’elle a parfois conclu ses manoeuvres, démontrant tant sa volonté d’aller au bout que sa capacité à le faire. La Française qui avait chuté au point de s’ouvrir le front sur sa première série de la compétition ne s’est aucunement laissée impressionner par la vague ou par les enjeux de cette journée décisive. Face à elle, Brisa Hennessy est parue absente. Avec un total à 4,50 points, la Costaricienne a semblerait-il eu du mal à se remettre en jambes après sa déconvenue en demi-finale (où elle a été l’auteure d’une interférence, perdant ainsi sa place en finale).
Déçue après les épreuves de Tokyo 2020, Johanne Defay s’est sans aucun doute réconciliée avec les Jeux Olympiques, à peine plus d’un un an après son retour de blessure. Après avoir marqué l’histoire du surf français cette année à Bells Beach mais aussi notamment en 2022 en terminant 3e mondiale (le meilleur classement atteint par un athlète tricolore au plus haut niveau) et nombre d’autres fois grâce à son palmarès impressionant, la marraine du Surfeuses Magazine n°2 continue de consolider son impressionnant palmarès.
Sur la corne de fin de série, c’est émue aux larmes qu’elle s’est élancée dans les bras de son coach et conjoint Simon Paillard, avant de célébrer avec les supporters français présents sur la plage. Émotion palpable et résultat tant méritée pour l’une des surfeuses qui illustre peut-être le mieux le terme de « battante ». Avec cette médaille, Johanne Defay confirme qu’elle fait bien parti des meilleures surfeuses du monde, et parmi les meilleures de ces dernières, bien au-delà d’être aussi la meilleure surfeuse française depuis 10 ans déjà. Avec ce titre, la Réunionnaise confirme peut-être aussi l’un des rôles qui lui va le mieux, celui d’être une inspiration pour les générations à venir, rappelant que quand l’on vient d’Europe, et même d’un département d’outre-mer comme la Réunion, on peut porter haut et fort les couleurs de son pays et écrire son histoire avec fracas à l’encre indélébile. BRAVO et MERCI à elle pour les frissons !
La réaction de la médaillée olympique à la sortie de l’eau
« C’est difficile de trouver les mots. J’ai versé une petite larme dans l’eau avec Brisa Hennessy. Je suis maintenant excitée, enjouée et pleine de gratitude par rapport à ce qu’il vient de se passer. J’ai eu l’impression d’avoir un véritable parcours du combattant sur cette compétition olympique. Ce qui est à l’image de ma carrière. Avec moi, si ce n’est pas trop compliqué, si le challenge n’est pas assez haut, je peux passer à côté (rires). Je me nourris de l’adversité, ça a toujours été comme ça dans ma vie et dans ma carrière. Je dois avouer que je n’ai jamais été aussi stressée de ma vie que durant cette compétition. J’avais dit que ce n’était pas mon épreuve prioritaire cette saison, parce qu’il y a le CT en parallèle. Mais j’ai reçu tellement de messages que ça change vraiment les perspectives. Les Jeux, c’est l’opportunité d’une vie. C’est beaucoup de stress. Mais c’est vraiment chouette quand ça marche.
Kauli qui remporte l’or dans la foulée, il le mérite tellement. C’est toute l’équipe de France qui a été géniale. Je veux remercier avant tout mon mari Simon, qui est aussi mon coach. Ensemble, on a tout traversé. Honnêtement, je ne l’avais jamais vu pleurer comme ça. C’est un gros moment de soulagement. Je veux lui dédier cette médaille, pour tous les sacrifices qu’il a fait pour moi ces 10 dernières années. Je pense aussi à Fredo Robin qui a été un de mes coachs sur ces Jeux, à la Fédération Française de Surf, à mes amis, à ma famille. »
