Début février 2024 Oxbow lançait un appel à projets, »Be The Change !« , avec l’envie de soutenir un projet d’aventure responsable et engagé porté par des femmes, en les aidant à le réaliser. La marque française s’était engagée à sponsoriser le projet à hauteur de 3000€, fournissant également une dotation produits de 1500€. Le cœur de la communauté Oxbow a penché vers le projet « Sourires du Ghana », porté par Mélie et Victoria qui, depuis la nouvelle, préparent leur aventure et projettent de partir au Ghana début octobre 2024. « Chez Oxbow, nous croyons fermement que chaque action compte et que chaque individu a le pouvoir de changer les choses. C’est pourquoi nous sommes fiers d’accompagner ‘Sourires du Ghana’, un projet audacieux porté par Mélie et Victoria » a confié la marque.
Mélie, responsable du développement chez Circul’R, et Victoria, directrice artistique chez Billabong, vivent au Pays Basque et partagent une passion commune pour le surf, l’océan et sa protection. Conscientes des impacts néfastes de la fast fashion, elles ont décidé d’agir en créant l’association « Sourires du Ghana » et en lançant un projet du même nom. Leur complémentarité, avec l’expertise environnementale de Mélie et les connaissances du marché textile de Victoria, est un atout majeur pour le développer. Elles souhaitent sensibiliser les populations sur l’impact de la surconsommation textile, en mettant en lumière la triste réalité de la fin de vie de ces produits textiles au Ghana et leurs conséquences négatives sur l’océan et la population locale. Nous avons échangé avec l’une d’elles sur le projet, dans une interview qui suit.
Interview
Surf Session – Salut Mélie, comment vous êtes vous rencontrées, avec Victoria ?
Mélie – On se connait depuis 2 ans maintenant et ce sont, entre autres, les sports de glisse qui nous lient. À côté de son travail chez Billabong, Victoria fait mille et une choses, notamment de très belles affiches, c’est la pile électrique du duo ! Il y a une très bonne énergie entre nous, on se motive à faire beaucoup d’activités comme du surf ou de la couture.
Que vous a inspiré l’appel à projet « Be The Change » lancé par Oxbow ?
Quand Oxbow a lancé cet appel à projet, on a immédiatement pensé l’une à l’autre, mais au départ on ne savait pas vraiment si l’on voulait monter un projet environnemental ou social. En brainstormant, on s’est rendu compte que l’on pouvait allier les deux. On avait envie de mêler nos deux univers professionnels, celui de Victoria qui concerne l’industrie textile et le mien, qui touche à l’environnement. D’autant plus que ça rejoint les convictions d’Oxbow, qui est sensible au made in France et à l’éco-conception. On a donc créé notre association, « Sourires du Ghana », avec l’envie de sensibiliser les gens sur l’impact que la surconsommation textile peut avoir sur un pays comme le Ghana. On a aussi envie de mettre en lumière des initiatives inspirantes qui existent autour de cette problématique de pollution textile, mais aussi des sports de glisse au Ghana.
Peux-tu nous en dire davantage sur la problématique de la pollution textile au Ghana ?
Il y a une très grosse pollution liée à l’industrie textile dans ce pays, où plus de 150 tonnes de vêtements arrivent chaque jour. Une petite partie seulement, qui concerne les vêtements de meilleure qualité, est transformée, réparée ou recyclée, ce qui créé une vraie économie locale et circulaire, notamment autour du marché de Kantamanto, où l’on va se rendre. En un sens, c’est le côte positif de la situation, car ça profite un peu aux Ghanéens, ça créé des emplois… Ce sont des choses que l’on veut mettre en avant. Mais le problème c’est que le Ghana est incapable d’absorber le reste des déchets, qui finit dans des décharges à ciel ouvert qui asphyxient le pays. La plupart de ces vêtements sont issus de l’ultra fast fashion et sont bourrés de matières polluantes, peu réutilisables ou transformables qui, quand elles sont brûlées, sont très nocives pour la santé humaine. L’impact sur l’océan est lui aussi considérable.
Concrètement, en quoi consiste votre projet sur place ?
On souhaite sensibiliser les gens autour de cette pollution textile, tout en mettant en lumière des initiatives positives locales. Pendant la première moitié de notre séjour on sera à Accra, dans la capitale, où l’on mènera des actions auprès de l’ONG The Revival. On compte organiser des campagnes pour nettoyer les plages des déchets textiles, à partir desquels on fera des ateliers d’upcycling pour créer des pièces que l’on revendra et dont les bénéfices iront à The Revival. Cette ONG forme des jeunes à devenir designers de seconde main, créer des vêtements de travail, des uniformes pour les écoliers… On compte ensuite rejoindre Busua, dans l’Ouest, pour mener des actions avec le club de surf local, tels que des ramassages de déchets plastiques sur les plages. Dans le village, il n’y a pas d’accès à l’eau potable. Les gens sont obligés d’acheter de l’eau dans des sachets plastiques à usage unique, qui finissent sur la plage ou dans l’océan. À ce propos, on est en contact avec l’association Waves For Water, qui donne accès à des filtres qui rendent l’eau potable et qui durent 10 ans. On cherche aussi une dizaine de gourdes pour le club de surf, ce qui serait un bon début pour limiter le plastique à usage unique.
Vous souhaitez également aider la communauté surf locale à se développer ?
La scène artistique, surf et skate ghanéenne est en plein développement mais l’une de ses contraintes concerne la création de contenu qui, pour le club de surf de Busua, dépend de la venue d’internationaux. Le contenu qu’ils filment ne reste ensuite malheureusement pas au Ghana. Les locaux ne possèdent pas le matériel nécessaire à la création de contenu. On aimerait leur donner accès à du matériel, une GoPro, un caisson étanche, un appareil photo, grâce à des dons de matériel ou d’argent. On veut organiser des workshops avec le surf club pour que la communauté locale puisse gagner en compétences et créer son propre contenu photo et vidéo.
Vous souhaitez également réaliser un film documentaire pendant votre voyage ?
Oui, l’idée c’est de réaliser un film documentaire qui portera sur toutes les actions que l’on mènera sur place, que l’on aimerait ensuite projeter dans des écoles, des collèges, des lycées, mais aussi des entreprises et des collectivités. On aimerait sensibiliser les jeunes sur cette pollution textile, dans la mesure où ils représentent une partie très importante des consommateurs ou futurs consommateurs de l’ultra fast fashion.
Pourquoi le Ghana ?
Comme énoncé précédemment, le Ghana est l’un des principaux importateurs de textiles de seconde main, recevant plus de 150 tonnes de vêtements chaque jour, pour y être réparés puis revendus. Malheureusement, une grande partie de ces vêtements finit dans des décharges à ciel ouvert ou dans l’océan, causant une pollution considérable. Cette pollution affecte gravement les écosystèmes marins, menaçant la biodiversité locale, mais a aussi un impact social considérable sur les populations locales. En parallèle, le Ghana connait un boom de la culture glisse, notamment dans la ville de Busua, où le surf devient un vecteur d’inclusion sociale et de sensibilisation environnementale.
À travers un court reportage, mêlant surf et actions environnementales, Mélie et Victoria souhaitent comprendre les réalités éco-sociétales de ce pays, qui semblent si éloignées de nos quotidiens occidentaux, tout en mettant en place des actions concrètes, en collaborant avec des associations locales. Plus largement, Mélie et Victoria cherchent à comprendre comment nos actes, notre façon de consommer ici en France, ont un impact sur un territoire comme le Ghana et quels moyens nous aurions à notre disposition pour améliorer notre impact.
Le projet « Les Sourires du Ghana » en détails
Le projet se concentre sur deux axes principaux : la sensibilisation environnementale et l’inclusion sociale. A Accra, le volet environnemental du projet prendra vie. Mélie et Victoria souhaitent contribuer à des campagnes de nettoyage de plage en collaboration avec une association locale et mettre en place des ateliers d’upcycling pour transformer les textiles récupérés en nouveaux produits utiles. Elles visiteront également le marché de Kantamanto pour comprendre l’économie circulaire locale et tenter de promouvoir des pratiques de consommation et de production plus durables.
A Busua, les filles collaboreront avec un surf club local pour former les riders à la création de contenu surf et skate. Elles veulent également proposer des sessions de nettoyage de plage et espèrent pouvoir fournir des filtres à eau et des gourdes pour diminuer la consommation de plastique à usage unique et améliorer les conditions de vie des locaux. « Nous allons traverser une partie du pays pour aller à la rencontre de la communauté surf/skate de Busua. Le spot est un beach break offrant des droites et des gauches qui attirent de plus en plus de locaux. Beaucoup d’actions y sont mises en œuvre afin d’émanciper les jeunes à travers le sport. On aimerait partager leur quotidien, apprendre à les connaître, partager des moments et des sessions avec eux » confient Mélie et Victoria.
- Si vous souhaitez soutenir Mélie et Victoria dans le cadre de leur projet « Sourires du Ghana », vous pouvez participer à leur cagnotte en ligne. Vous pouvez aussi les retrouver sur leur page Instagram pour suivre leurs aventures.
Bonsoir,
Très belle initiative de votre part, le plus important c’est la sensibilisation au grand public de l’impact de leur consommation et ce que deviennent leurs déchets.
Votre projet est admirable, et je pense qu’en sensibilisant également les pays limitrophes.
En étendant l’information en incitant à venir en aide à ce pays, en les allégeant et bien étendu faire appel à beaucoup de petites mains créatrices partout en Afrique qui souhaitent soutenir un projet commun de recyclage et utiliser leur créativité afin de faire briller leur talent et réduire l’impact de cette catastrophe serait un plus.
Le plus difficile c’est comment réussir à mobiliser et toucher le monde et se faire entendre et à être visible
J’ai appris tout cela via un documentaire sur Netflix et ça m’a choqué, parce que le Ghana n’est pas le seul pays touché, mais énormément d’endroits le sont et le pire tout est dû à notre surconsommation, et le fait de créer de la demande là il n’y pas lieu d’être.
Maintenant je vois les choses différemment.
Bravo encore pour votre initiative.
Bien à vous