Fred Biscayar ©Xavier Renaudin / Comité des Landes de surf
C’est avec une immense peine que nous avons appris le décès de Fred Biscayar ce samedi. Directeur de la ligue de surf de Nouvelle-Aquitaine, le Bayonnais (43 ans) restera comme le tout premier capitaine de l’équipe de France de para surf en 2015.
Tant de choses seront dites sur lui ces prochains jours. Tant de souvenirs remontent déjà. Nous retiendrons particulièrement son franc-parler, sa rigueur, son sens de la fête, ses innovations permanentes, son investissement pour le surf néo-aquitain en particulier et français en général, sa casquette à l’envers, sa passion pour les belles voitures. Abîmé après un grave accident, il s’était reconstruit grâce au surf et pour le surf. Assis dans son fauteuil, entier dans la vie qu’il croquait sans retenue.
A sa femme Géraldine, à sa fille, à sa famille, à ses proches et à nos amis de la Ligue de surf de Nouvelle-Aquitaine, nous adressons nos plus sincères condoléances. Tu vas nous manquer Fred
La dramatique nouvelle nous est parvenue par ce communiqué de Fédération Française de Surf. En ce moment de tristesse nous avons choisi de nous souvenir de Fred via ce portrait réalisé avec lui en 2016…
« Il faut vivre ses rêves »
Fils d’artisan Biarrot, Fred a toujours vu ses potes étudiants profiter des vagues. Mais lui doit vite trouver un job qui l’éloigne un peu de la plage. De toute façon, son truc c’est l’automobile. Il est vendeur puis responsable 4×4 chez Nissan et part à l’étranger pour faire des courses auto. Ces voyages le rapprochent quand même des vagues quand il fait du bodyboard à St Leu ou un peu de surf chez un pote d’Agadir.
C’est finalement en 2013, après être devenu paraplégique suite à un accident, que le surf reprend le dessus dans sa vie. Quand son centre de rééducation organise une sortie surf à l’école Lehena de Hendaye, la première agrée Handi Surf en France, Fred prend tout de suite du plaisir. Cela lui permet de passer du temps loin de son fauteuil, et il se dit que c’est une activité qu’il pourra partager avec ses gosses. Alors il se met à y aller tous les jours, et comme tout surfeur qui progresse, passe des planches bateaux aux shortboards manœuvrables.
Fred retombe alors sur une vielle connaissance : Jean Marc Saint Geours, aujourd’hui (entre autres) monsieur Handi Surf à la fédé. Ils parlent de compétitions et d’une bien belle carotte: les premiers Championnats du Monde Handi Surf organisés par l’ISA en Californie. Fred passe les sélections avec succès, et un bonus mettra des étoiles dans les yeux de son fils : il est capitaine de l’équipe de France !
Jean Marc l’a entre autres choisi pour son coté « vendeur de bagnole », il veut un gars qui saura vendre l’équipe et rassembler les troupes. Il ne s’est pas trompé, Fred a envie de gagner et sait se mettre à la place des autres. C’est pour montrer l’exemple et souder l’équipe qu’il décide de prendre la place de « surfeur assisté » dans l’équipe, alors qu’il aurait pu prétendre à une autre catégorie.
Peu importe, à La Jolla, Fred est « comme un gamin chez Mickey ». Pour lui, il s’agit d’un véritable graal sportif, avec une super infrastructure et un staff médical qui les encadre à la perfection. Il se fait sortir de justesse avant les demi-finales, mais a vraiment de quoi se satisfaire de sa belle performance, ainsi que de celle de toute l’équipe de France.
Adaptation
Pour ces mondiaux il surfe une 6’4 x 24 x 3, limite sous-taillée pour ces petites vagues californiennes qui rappellent ses débuts à Hendaye. Mais depuis, il y a eu les sessions aux Sables d’Or, à la Côte des Basques et même à Parlementia avec le complice Gautier Garanx. Avec ND Surf à Bidart, Ils recherchent des planches custom toujours plus réactives, notamment une 6’6 avec une bonne flottaison, et adaptée au centre de gravité plus bas du surf à genoux.
Pour la technique, avec l’équipe de la FFS, ils développent de nouveaux appuis adaptés, en prenant notamment exemple sur le kneeboarder Jérôme Blanco. Et ça a bien pris, explique Jean Marc, car « son point fort est de savoir écouter, se remettre en question et reproduire ce qu’on lui dit ». Donc quand on lui explique qu’il peut remplacer le poids du corps en mettant son rail dans l’eau avec la main et en tirant sur l’autre rail, il écoute et son surf devient plus performant.
Comme il est aux côtés d’un B.E. ou d’un pro dans toutes ses sessions, Fred développe de belles complicités avec ses accompagnateurs. Que ce soit avec François Gouffrant avec qui il échange les blagues en pleine série de championnats du monde, ou avec tous les ambassadeurs Handi Surf. « On me prendrait pour un mytho quand je dis partager des sessions avec Pierre Rollet, Mathieu Crepel, les frères Delpero ou Tim Boal… » raconte Fred, mais ce sont de vraies belles rencontres.
Aujourd’hui, comme beaucoup de surfeurs il va moins à l’eau car il a du boulot. Mais il reste dans le milieu avec un poste de responsable aux Comité Régional et Handi Surf. Il veut partager cette pratique qui lui a beaucoup apporté. Pour cela il veut que les handis puissent venir sur les compétitions, avec des places aux premières loges. Son objectif ? Qu’un jeune handi de Creuse puisse imaginer se mettre au surf, car pour lui « Il faut vivre ses rêves »
L’objectif est de gagner toujours plus en autonomie, mais il se réjouit d’être déjà aussi bien intégré dans la grande famille du surf. Mais quoi de plus normal… Après tout dit-il : « On est juste des surfeurs !».