Nos champions ont beaucoup à raconter, mais pas forcément l’occasion de s’exprimer dans un monde dominé par l’image. Parfois heureusement, ils leur arrivent de se livrer et on en apprend beaucoup sur leur vraies personnalités. John John Florence s’était plié à l’exercice dans The Player’s Tribune l’an dernier, voilà désormais la confession de Jérémy Florès dans Bros Stories.
Plutôt habitué à recueillir les témoignages de footballeurs ou de rugbymen, ce média a tendu la plume au plus capé des surfeurs français. Et bien sûr Jérémy s’est exprimé avec la franchise qu’on lui connait, sans chercher à embellir son histoire ou passer ses zones d’ombre sous silence.
A 31 ans, Florès a trouvé le recul nécessaire pour analyser ses plus grand moments de doute. Quand à 24 ans il pétait les plombs en sortant de l’eau suite à une décision qui n’est pas allée dans son sens. Quand à 28 ans il allait voir ses sponsors pour leur dire qu’il avait besoin de faire une pause…
S’il reconnait qu’il a un sacré caractère, Jérémy explique surtout que depuis petit, il a peur de décevoir. « Mes parents ont tout fait pour que je puisse m’accrocher à mes rêves. Les sponsors ont vite misé gros sur moi, tandis que la presse m’a tout aussi rapidement adoubé comme « le prochain Kelly Slater ». Et moi, au milieu de toutes ces attentes, après une déconvenue sur la planche, je ne sais pas où me foutre.«
Il raconte l’accumulation de frustrations liés aux sacrifices inhérent à la compétitions de haut niveau. Au point d’arriver à penser qu’il déteste le surf ! « J’ai fait une dépression. Je ne dormais pas de la nuit. J’étais là, à ressasser, les yeux grands ouverts, en fixant mon plafond comme s’il allait me répondre un truc. » Puis comment il a essayé de retrouver la simplicité de ces années passées à Madagascar, dans un petit village sans école : « j’allais pêcher, je mangeais ce que j’avais pêché et la plupart du temps, je me débrouillais par moi-même car mes parents bossaient. C’était mon quotidien : surf – pêche – surf« .
Car entre temps, suite à une compétition à Capbreton, sa vie avait pris un tournant radical. « À 11 ans, je suis passé d’un gamin qui vient d’un village de 500 personnes à pêcher mon poisson, à voyager partout dans le monde aux côtés de Kelly Slater ou Tom Carroll, sur des trip-surf en Indonésie, à Hawaï ou en Australie. C’était hallucinant.«
Plus jeune surfeur qualifié pour le World Tour à seulement 17 ans, Jérémy vit forcément des moments extraordinaires, mais pas une adolescence normale. « Pas d’adolescence du tout, en fait.«
Mais aujourd’hui c’est une autre enfance qui occupe ses pensées, celle de sa fille, et cela semble changer tout son rapport au monde. « Depuis la naissance de ma petite merveille, elle est la priorité et mon sport est secondaire. J’ai l’impression d’être dans un moment de ma vie, où tout est beaucoup plus cool.«
Après sa paternité et sa victoire au Quiksilver Pro France Jérémy semble donc plus serein que jamais, et on ne peut que conseiller de lire l’intégralité de son récit, car c’est vraiment une belle fenêtre ouverte sur l’âme d’un champion.