El Niño 2015 : à quoi s’attendre ?

Le célèbre phénomène climatique revient -peut-être plus fort que jamais- avec dans son sillage dérèglements, sécheresses, inondations et houles exceptionnelles.

16/09/2015 par Baptiste Levrier

L’Enfant terrible du climat est bien là. El Niño, le nom est sur toutes les lèvres en ce début d’automne à mesure que les mesures scientifiques confirment le développement de ce phénomène aux impacts multiples. On serait même sur les bases d’un épisode particulièrement marqué, dans la lignée de celui de 1997, le plus fort enregistré depuis le début des mesures en 1950. Alors, à quoi s’attendre, que craindre pour la planète et qu’espérer pour le surf ? On essaye d’y voir plus clair :

El Niño, qu’est-ce que c’est ?

C’est en premier lieu une augmentation anormale de la température de l’eau dans la zone du Pacifique équatorial. Ce sont d’ailleurs les pêcheurs des côtes équatoriennes et péruviennes qui ont constaté les premiers ce dérèglement qui apparaissait au moment de Noël (d’où l’appellation El Niño, l’Enfant Jésus) et rendait la pêche moins bonne. Les observations scientifiques ont depuis succédé au flair des marins. On sait maintenant que le phénomène El Niño naît au milieu du Pacifique, tous les deux à sept ans et dure de six à dix-huit mois. En temps normal, dans cette zone, les alizés soufflent de l’est (Amérique) vers l’ouest (Australie, Asie), poussant les eaux chaudes de surface puis permettant la remontée d’eaux plus froides le long des côtes sud-américaines. Lors d’un épisode El Niño, ces vents faiblissent puis s’inversent, perturbant la circulation des eaux chaudes de surface qui stagnent à l’est, au niveau de l’Amérique du Sud. El Niño est lancé.

Ça change quoi ?

Cette augmentation anormale de la température de l’eau dans le Pacifique Est, mesurée à la mi-août à + 2°C, entraîne une élévation du taux d’humidité à la surface. Des nuages peuvent ainsi se former et déverser leur contenu sur les pays du littoral sud-américain. Des pluies torrentielles qui ont causé de nombreux dégâts lors des épisodes précédents, comme en 1997. A l’aune de cette expérience, le Pérou a déjà anticipé en annulant par exemple le passage du rallye Dakar sur ces terres en janvier prochain.

A l’inverse, l’Indonésie, les Philippines, le nord de l’Australie connaissent lors des années El Niño des sécheresses anormales : les pluies sensées tomber sur ces régions se sont déplacées vers l’est.

D’un point de vue économique, El Niño peut perturber les récoltes (c’est déjà le cas en Amérique centrale) et entraîner une baisse de la production de produits alimentaires de base (riz, sucre, huile de palme…). Par conséquence, les prix augmenteront.

Et pour le surf ?

Plus intéressant pour nous surfers, El Niño, en perturbant vents, températures, conditions climatiques, entraîne aussi le développement de dépressions, surtout dans le Pacifique Nord. On peut donc s’attendre cet hiver à des systèmes dépressionnaires plus nombreux et plus puissants que les années précédentes, comme cela avait été le cas en 1997.

Le Big Wave World Tour compte d’ailleurs bien dessus et espère des conditions conséquentes et répétées pour ses trois épreuves à venir sur les côtes du Pacifique (Jaws, Puerto Escondido et Nelscott Reef).

Chez nous, ce serait plutôt l’inverse. El Niño ralentit la saison cyclonique dans l’Atlantique Nord, envoyant donc moins de houles sur les côtes françaises. Il faudra plutôt surveiller le phénomène inverse d’El Niño, baptisé La Niña et qui a des conséquences inverses. D’ici là, la planète aura vu passer l’hiver 2015/2016, on verra avec quelles conséquences.

Sources : Météo France, NOAA, Magicseaweed.


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