Une finale, jusqu’à l’ultime seconde, n’est jamais perdue. Si cette phrase souvent ressassée dans l’adversité paraît bien souvent désuète, John John Florence, hier, l’aura magistralement sublimé. Pipe, de nouveau, vient de couronner un roi. Au terme d’une finale qui restera probablement comme l’une des plus belles et dramatiques de son histoire, le North Shore a vu deux de ses fils toucher du doigt la perfection pour se voler la couronne, dans une conclusion incroyablement critique. On ne pouvait sans doute rêver mieux qu’un affront entre Jamie O’brien et John John Florence, tous deux fins connaisseurs de Pipeline, pour clôturer ce Volcom Pipe Pro mémorable. Cet affront, finalement, n’aura eu lieu que dans les dernières secondes. Vingt petites secondes qui auront valu leur pesant d’or, anéantissant les espoirs de Jamie pour reconduire un John John béni des dieux sur le trône. Retour sur la finale mouvementée du Volcom Pipe Pro 2012.
La mainmise hawaiienne
Tout d’abord, il faut saluer celle qui est au coeur de tout : Pipeline. Pendant quatre jours, elle aura une nouvelle fois offert des conditions à la hauteur de sa réputation, déversant sans relâche des barrels solides de plus de trois mètres. Hier, en effet, les vagues étaient à nouveau au rendez-vous pour le dernier jour de compétition, qui débutait donc avec le quatrième tour. Malheureusement, les Français encore en lice ne parviendront pas à entrer dans le rythme. Joan Duru et Ramzi Boukhiam finissent derniers de leurs heats respectifs, les opposant notamment aux futurs finalistes, tandis que les Hawaiiens prennent logiquement le contrôle. En demi-finale, pas moins de six natifs de l’archipel se disputent une place dans le carré de tête, sur huit surfeurs encore en course. Il faudra que Bruce Irons manque sa qualification de peu pour qu’un Américain, Nathan Yeomans, se retrouve seul en finale face à Kai Barger, John John Florence et Jamie O’brien.
Dès les premières minutes d’une finale qui en comptera trente-cinq, J.O.B. prend le contrôle des opérations. Il score trois tubes consécutifs à plus de neuf points et obtient un total de 19, 40 points, qui le place loin devant ses adversaires alors bloqués dans une situation de combo. On le croit tous à l’abri. Les minutes passent et Jamie se rapproche inexorablement de la victoire, tandis que John John met du temps à se mettre dans le rythme. A cinq minutes de la fin, Florence finit tout de même par s’extirper d’un long barrel backside et obtient un dix parfait et plein d’espoir, mais ça n’est pas suffisant. Même les efforts répétés de Kai, qui se hisse tout de même à 18, 20 points, ne semblent pas pouvoir ébranler la mainmise de Jamie.
Un hold-up magnifique
On se prépare alors à voir Mr J.O.B. succéder à John John victorieux l’an passé, oui, mais voilà, c’était sans compter sur l’aura de ce dernier, que beaucoup surnomme désormais « l’aimant à vague ». A vingt secondes du buzz final, alors que John John vient saluer et féliciter son successeur, un set fait son apparition. Tout s’accélère, Jamie met du temps à réagir, John John rame de toute ses forces et s’élance sur une bombe vers Backdoor. Le tube est intense et violent, Jamie le sait : le jeune John John vient de lui voler en une fraction de seconde une victoire qu’il tenait dans son poing depuis 34 minutes et 40 secondes.
« Je ne peux pas y croire, tout peut arriver ici à Pipe, » s’extasiait John John. « Avec 40 secondes restantes je n’y pensais même pas. Je disais à Jamie : ‘Yeah, félicitations ! J’ai gagné l’année dernière et je suis content pour toi’. Puis je me suis retourné et j’ai vu ce pic. Je ne sais même pas si il (J.O.B. ndlr) a essayé d’y aller. J’ai pris la vague en droite et j’ai réussi à me hisser dessous. Ça a été un ride violent. Je suis vraiment heureux. »
Jamie, déçu et abasourdi mais néanmoins satisfait de sa performance et heureux pour John John, lui rétorquera en plaisantant à la sortie de l’eau : « Mec, j’ai comme l’impression que tu m’as détourné de mon attention avant qu’on rentre chez nous. Je vais venir chez toi te voler ton trophée cette nuit. »
Une victoire de bon augure, donc, pour le jeune hawaiien, qui devrait aborder sa première année complète sur le World Tour avec une confiance gonflée à bloc. Le rendez-vous est donné le 25 février prochain pour le Quiksilver Pro Gold Coast, où on pourrait bien voir John John Florence briller à nouveau du haut de ses 19 ans.
Plus d’infos de photos et de vidéos sur le site du Volcom Pipe Pro.
-Olivier Hamelin-
pas sans rappeler ce que kelly a fait john john au dernier pipe…
Et Jonathan Gonzales des Canaries en demi finale.
Bravo
Superbe finale! Vue à 2H du mat, du suspense jusqu’au bout et des barrels de folie!