La problématique des déchets, le réchauffement climatique et la pollution plastique ne sont plus des choses que l’on apprend mais des choses sur lesquelles on se doit d’agir. En Europe, nous produisons en moyenne 481 kg de déchets municipaux par an et c’est un chiffre en perpétuelle augmentation. Certains de ces déchets sont compostés ou recyclés, mais une partie d’entre eux finissent à la décharge. Il y a quelques jours, nous avons rencontré le fondateur de Ederrak qui a su trouver une solution pour limiter ce problème à son échelle, en construisant des racks de surf composés de déchets collectés. Auguste Plestant est né à Bayonne et il vit aujourd’hui à Biarritz. Surfeur, il est passionné par le monde de la glisse depuis son plus jeune âge et c’est en 2021 que l’idée d’Ederrak lui est venue. En basque, « ederra » veut dire beau et le « k » ramène au pluriel, on peut donc comprendre ce nom comme « beaux racks ». En grandissant au rythme que son quiver, il fut confronté à une problématique de rangement qui, combinée à son envie permanente d’entreprendre et d’innover l’ont amené à développer son concept. Soucieux de participer, à son échelle, à un mode de vie plus responsable, il s’est mis à fabriquer des racks 100% recyclés et recyclables.
Surf Session – Bonjour Auguste, premièrement, avant d’aborder l’histoire de ta marque, peux-tu te présenter ?
Auguste Plestant – « Bonjour ! Je suis le fondateur de la marque Ederrak. Depuis mon plus jeune âge je suis attiré par l’océan et les vagues et c’est tout naturellement que je suis devenu un surfeur passionné. Par la suite, au cours de mon cursus scolaire et professionnel, j’ai eu la chance de travailler dans le monde de la glisse. Au fond de moi, j’ai toujours eu cette envie d’entreprendre et j’ai eu envie d’allier cela à ma passion pour l’océan, le tout à une échelle locale.
SS – Comment est née l’histoire Ederrak ?
Auguste Plestant – L’idée d’Ederrak provient de deux constats. Le premier concerne l’omniprésence des déchets plastiques que l’on trouve sur les plages et dans la nature. Le second, plus personnel, est lié à la difficulté, au bout d’un moment, de ranger ou d’exposer mes planches chez moi. Ici au Pays basque, il existe une grande diversité de spots et de conditions, nous obligeant à avoir un quiver assez large. En associant la problématique des déchets à celle du rangement, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à inventer. De plus, je ne trouvais rien sur le marché qui correspondait à mes besoins, ce qui m’a poussé à mettre au point ces racks, à la fois décoratifs, inédits et écolos. Le projet a mis un an et demi à se mettre en route et sa commercialisation a commencé début janvier. Entre les deux il y a eu plusieurs étapes, la création du site, des visuels, il a fallu trouver des fournisseurs puis des distributeurs. C’est devenu aujourd’hui mon activité principale.
SS – Est-ce un projet que tu mènes seul ?
Auguste Plestant – Oui, je suis seul dans la gestion de ce projet mais je suis accompagné par la pépinière Arkinova et la couveuse Envolea. Je m’occupe de la communication, de la comptabilité, des achats et à terme, de nouveaux concepts vont arriver et de nouveaux déchets vont pouvoir être utilisés. À ce moment-là, je pense qu’il faudra que je recrute des gens, avec la demande déjà présente, qui devrait augmenter.
SS – Concrétement, comment te procures-tu les déchets qui servent ensuite à confectionner les racks ?
Auguste Plestant – Les déchets plastiques que j’utilise proviennent de deux sources différentes. D’un côté ils viennent de la post-consommation et de l’autre du post-industriel. La post-consommation regroupe les bouchons de bouteilles, les briques de lait, des pots de fleurs, des sièges de karting et j’en passe et le post-industriel concerne les flacons pharmaceutiques, les emballages de produits cosmétiques, les gaines alimentaires et bien d’autres choses. Ces déchets sont déstinés à l’incinération ou à l’enfouissement et, dans le pire des cas, se retrouvent sur les plages où ils sont directement collectés. Dans ma démarche, je collabore avec des partenaires qui traitent les déchets puis, une fois traités ils sont usinés dans le sud des Landes. La collecte de déchets reste locale, tout comme la création des produits, ceci dans le but d’avoir une émission carbone la plus neutre possible. Les déchets sont collectés localement, principalement au Pays basque, je ne vais pas les chercher à l’étranger. Les collectes et les dons sont mes principales sources de matière première.
SS – Et cette matière première, est-elle gratuite ?
Auguste Plestant – Elle peut être gratuite, mais il faut payer le traitement, le nettoyage et le tri des déchets, tout en sachant que chaque déchet nécessite un traitement différent. Je paye les services de certaines entreprises, pépinières et associations pour qu’elles trient les déchets et les nettoient ensuite. Mes collaborateurs travaillent avec des associations locales telles que Pikitup 40 et j’essaye d’intégrer d’autres pépinières et associations qui répondent à mes besoins et ma sont cohérents avec ma démarche. Dans l’idéal, j’essaye de m’associer avec des organismes qui font partie de l’agglomération dans laquelle je vis, ce qui me permet de sensibiliser les citoyens lors des ramassages de déchets.
SS – Comment se déroule ensuite le processus de production, une fois que tu as récupéré ces matières premières ?
Auguste Plestant – Il y a d’abord la collecte puis le traitement des déchets et enfin l’assemblage. Une fois traités, on les usine dans le sud des Landes et il m’arrive parfois de faire quelques finitions à la maison. Pour produire un rack qui pèse 400 grammes environ, il faut en moyenne 30 kg de déchets. Dans le processus de production, tout est fait de manière à ce qu’il n’y ait aucun rajout de matière qui empêcherait le recyclage du produit par la suite. Le produit fini est fait de matière recyclée et il peut être recyclé à nouveau. La réalisation des produits Ederrak s’inscrit dans une démarche écologique mais aussi dans un cercle vertueux et une optique durable.
SS – Qu’est-ce qui différencie les racks Ederrak des autres racks de surf ?
Auguste Plestant – En plus de s’inscrire dans un cercle vertueux d’un point de vue écologique, le produit en lui-même est simple et épuré. Sa forme ergonomique permet de ranger ses planches en toute sécurité et de les exposer de manière à obtenir un rendu esthétique. Les styles proposés peuvent faire office de décoration dans n’importe quel intérieur. À l’issue de leur confection, on obtient des chutes qui sont ensuite réutilisées pour produire de nouveaux racks, l’objectif étant de n’avoir zéro perte.
SS – As-tu des idées concernant la création d’autres produits ?
Auguste Plestant – Je souhaite mettre au point de nouveaux produits complémentaires, toujours dans le milieu du surf, du skate et du vélo. Ils s’inscriront dans cette volonté d’optimiser l’espace et de magnifier l’intérieur d’une maison, de participer à en établir l’ADN. Le fait d’exposer des planches chez soi de cette manière met en avant ta passion du surf, tes goûts en matière de design ainsi que des valeurs écologiques et responsables, dans la mesure où ce sont des racks composés de déchets.
SS – On peut donc retrouver les produits en ligne, mais qui sont tes autres distributeurs ?
Auguste Plestant – On peut me retrouver localement au Pays basque dans des boutiques telles que Colors of Surfing, Wyve, Btz Shop. À terme, j’espère que cela va se développer au niveau national et qui sait à l’international. Je touche du bois (rires). Mais je ne souhaite pas travailler avec de gros distributeurs comme Décathlon, les distributeurs que je sélectionne répondent à des valeurs similaires à celles d’Ederrak.
SS – Ton produit répond à un besoin précis, as-tu des idées de collaboration pour le futur, avec des shapeurs par exemple ?
Auguste Plestant – Pour l’instant je me concentre uniquement sur la vente, mais peut-être que prochainement je réaliserai des vernissages aux côtés de certains shapeurs locaux. Je veux rester dans le milieu du surf et dans le concept du rangement d’intérieur, tout en restant en accord avec mes valeurs. »
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