Des mots vagues
Lorsque les cultures ancestrales, un beau jour, ont décidé de s’amuser avec les vagues, à plat ventre, à genoux, puis dressées sur le pont d’une planche, il y avait peut-être un désir de trahir la terre en tant que matrice de vie, de s’en échapper. C’était peut-être aussi la possibilité de flirter avec les origines du monde en s’immergeant et en réformant un sens commun qui intéressait ces autres funambules. En tout état de cause, avant l’apparition de cette tradition et son émancipation, il était aussi diflacile d’imaginer un homme se déplaçant debout sur l’eau en longeant une vague, juché sur Tépaule en mouvement qu’un monde dénué de divinités. Le surf est une trahison de la terre et des puissances chimériques ou une poésie et une célébration de la nature? Natation, radeau, pirogue, embarcation à voile, navire, sont des inventions pratiques, fonctionnelles. L’objectif proposé par l’outil, c’est de voyager d’ile en ile, de découvrir d’autres continents, de commercer, de transporter, de pêcher; mais le surf alors, ça sert à quoi ? À se faire l’égal du poisson ? Les Péruviens, les Africains de l’Ouest ou les Polynésiens avaient jadis développé des chorégraphies avec les remous, comme une pratique admise qui permettait peut-être aux chefs de tribus de montrer qu’ils avaient la capacité de défier l’océan.
Cette connexion avec l’élément liquide plein de mystères, contre l’autre solide qu’on connaît mieux, induit une notion de risque, d’inconnu, de surprise, d’inattendu; c’était une excitation pure. Certains des précurseurs bravant les flots s’affrontaient par leurs exploits: qui tiendrait le plus longtemps debout? En marge de tout aspect utilitaire, l’ancêtre du surf est devenu une activité spirituelle puis sociale qui s’est développée comme précisé sur les journaux de voyage du lieutenant James King, successeur d’un lames Cook qui avait perdu la vie sur une des iles de l’archipel: «les autochtones semblent ressentir un grand plaisir dans le mouvement que donne cet exercice, peut-on traduire des textes de King contemplant le He’Enalu »
Couverture : Tiago Carrique Photo par Manu Miguelez
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Coup d’œil sur le sommaire
COVID TIME – La Haine
II y a des gens qu’on ne peut tout simplement pas détester. J’ai longtemps pensé que les surfeurs faisaient partie de cette catégorie, quelque part entre les pompiers et les enfants malades. Seulement, il y a eu la crise sanitaire. Remettons les choses dans leur contexte, au moins pour les enfants du futur qui auront survécu à une dizaine d’autres pandémies et trois demi-déluges lorsqu’ils liront ces lignes: au printemps 2020, le monde entier a eu très peur, a fermé sa porte à clé et s’est mis à cuisiner des banana breads. C’était tout simplement interdit d’aller jouer dehors, ce qui n’a pas empêché les plus remontés d’aller à l’eau.
Texte Arthur Brière aka Arthur Über Alles
Illustrations Roch Tastet aka Tortuga_666
COMICS – Hippie Surf Satori
C’est l’histoire d’Alain, celle de ses rythmes, des rencontres, de la liberté et de l’aventure. C’est l’histoire qu’on fabrique, qu’on se partage et que lui couche sur papier. C’est celle d’un nouveau scénario pour le roman graphique Hippie Surf Satori, qui s’équilibre entre imagination et authenticité, mettant en scène des personnages réels, des comédiens croqués hantant une diversité de lieux fantasmés. Acteurs et décors illusoires sont propulsés en quadrichromie, comme plantés au milieu d’une époque colorée par les projecteurs d’un horizon inatteignable dont on chuchote la substance.
Texte Fielding Mellish
FREAKY – Des princes à New-York
Il faut s’extraire de Manhattan et franchir I’East River pour rejoindre les entrepôts de Bushwick où Aaron et Drew Austin ont installé un atelier de shape et de glaçage un peu particulier. Situé dans un ancien bâtiment industriel, cet espace est entouré de dizaines d’ateliers d’artistes, de plus en plus nombreux dans ce quartier Nord de Brooklyn où la créativité est plus au rendez-vous que les points breaks worldclass. Les poussières fines et autres résidus chimiques se noient dans les émanations industrielles environnantes et c’est dans cette
Texte Ondine Wislez Pons
Photographies Kings Glassing / Aaron Austin
TEAM – Les Biloutes
Accoudés au comptoir de leur pub attitré de Quimper, Titouan Canevet et Théo Julitte débriefent ensemble sur cette longue journée de surf qui vient de s’écouler. « Généralement, après nos sessions, on aime bien se retrouver dans ce bar plutôt traditionnel. C’est un peu le QG des surfeurs locaux. Ils’y passe beaucoup de choses », plaisantent les deux Bretons. Toute la journée, ils ont sillonné les routes du Finistère, en quête de vagues. Accompagnés de Ian Fontaine, leur mentor et habituel acolyte de surf, les jeunes riders sont plutôt ravis de cette session hivernale. « Ici, en Bretagne, chaque vague est particulière. C’est ça qui est beau. On ne sait jamais ce qui nous attend, c’est toujours fun et surprenant », soulignent Titouan et Théo. Ils reprennent:
«En hiver, nos journées avec les copains du coin sont assez simples: on cherche les vagues, on prend un bon snack à la boulangerie le midi, on retourne surfer l’après-midi, puis on termine dans notre bar local le soir ».
Texte Charlène Dosio
Photographies Florian Binet
AÇORES – Free Surf Express
Depuis une dizaine d’années, les Açores sont dans le viseur des compétitions WSL Europe. L’archipel a accueilli des épreuves hommes, femmes et juniors, des QS 1000, 3000, 5000, des Primes, les Championnats du Monde Masters, des /SA. Étant donné leur situation centrale, au milieu de l’Atlantique, les iles reçoivent à peu près tous les swells possibles et imaginables, qu’elle qu’en soit la provenance, l’origine, dès qu’un souffle d’air aux confins de l’océan lui donne naissance.
Texte Damien Poullenot
STORIES – Futur & passé simple
Il n’est pas évident d’accomplir de belles choses lorsqu’on ne compte que sur soi-même. C’est ce que la vie en Afrique a su m’apprendre. La route solitaire n’est que peu souvent enrichissante et elle peut même s’avérer égoïste. Au cours de ces 25 dernières années, je me suis rendu compte que j’étais totalement amoureux de ce continent et de ces gens qui m’ont vu naître. Dès que j’ai saisi mon premier appareil photo et que j’ai regardé dans le viseur, l’Afrique et les siens se sont mis au point dans la mire et depuis, je n’ai pas été en mesure de dégager mon œil d’au travers de l’objectif. Que ce soit au Nord, à L’Est, au Sud ou à l’Ouest, il y a toujours quelque chose d’assez singulier qui fait que la vie y est diamétralement opposée à ce que j’ai pu photographier et observer ailleurs. C’est cette incertitude, cette possibilité de trouver directement une vague worldclass ou alors de perdre son temps, de s’égarer complètement, en naviguant entre les spots pourris, pour finalement pouvoir se refaire au travers d’une session magique et inespérée: c’est ça le rythme de l’Afrique, tout peut arriver et c’est une sensation qui se vérifie par les relations, les connexions invisibles et qui se nouent naturellement, à partir de rien si ce n’est que par les fruits d’un hasard.
Texte et photographies Alan Van Gysen
Traduction Olivier Dézèque
PROFIL – Qui est Tiago ?
De retour du Portugal et présent aux alentours de la Côte basque durant quelques jours, Tiago m’a donné rendez-vous avant de repartir en direction d’autres contrées pour découvrir de nouvelles vagues et disputer d’autres compétitions. C’était par un dimanche particulièrement ensoleillé, au-dessus de la falaise qui surplombe le spot du VVF d’Anglet. On s’est assis dans l’herbe, la marée était encore basse, les séries avaient tendance à fermer. On en a profité pour échanger, le temps que l’eau monte un peu et puisse permettre aux vagues de dessiner une épaule que le surfeur allait déchirer à sa façon. On avait au préalable pas mal échangé par mail, c’était maintenant l’occasion de se rencontrer pour faire un point plus précis.
Qui est Tiago? Petit développement en compagnie du phénomène.
Texte Fielding Mellish
DISTANCE – Évolution : surf au Sénégal
Dans la capitale sénégalaise, le surf devient de plus en plus populaire. J’ai moi-même grandi en affûtant mes dérives sur les vagues du pays de la Teranga. Il existait un novau dur de surfeurs locaux sur les breaks de mon enfance et nous ne venions pas du même monde, c’était évident. Pourtant, nous, les surfeurs du lycée français, avions grandi avec ces types. Il s’agissait de gars qui n’avaient pas grand-chose et qui ont fait du surf une priorité de vie, avant toute chose. Le support sportif est presque inexistant à Dakar mais le surf sénégalais s’étoffe, le niveau augmente, tout comme le nombre de pratiquants. Deux locaux ont d’ailleurs réussi à décrocher des contrats avec des marques tandis que des dizaines de talents bourgeonnent sur les reefs des Almadies. Aujourd’hui ca fait 3 ans que j’ai quitté ma terre natale pour étudier. C’est maintenant l’occasion d’appeler de vieilles connaissances et faire un point sur la situation dans mon pays au travers d’échanges, notamment avec Paké et Ibra.
Texte Tom Larcher
Photographies Nicole Sweet
PROGRESSION – Marie Chauché
Marie, c’est la fille d’Éric Chauché qui est un des pionniers de la photographie de surf en Europe. Son père, lui a transmis, l’amour de l’océan, l’attrait de la nature, la volonté de découvrir, d’explorer et de partir à l’aventure en créant son propre chemin. La future surfeuse était bien entourée pour ses débuts dans les vagues, puisqu’au-delà de l’influence de son papa, son parrain Laurent Miramon, a également contribué à son initiation et à sa progression. Laurent est un de ses premiers à avoir pensé les surfcamps au Maroc – SurfLand, son camp et école de surf existe depuis 1991, et toute la famille avait pour habitude de le rejoindre à Oualidia, sur la côte Ouest du Nord de l’Afrique. Les parents et les enfants traversaient l’Espagne ou le Portugal avant de franchir le détroit de Gibraltar, lors des grandes vacances. Le but était de se retrouver et de profiter les uns des autres, de passer du bon temps, de se reposer et de jouir de l’environnement.
Texte Olivier Dézèque
Photographies Éric Chauché
Mais aussi bien d’autres rubriques et des tentatives de réponses à certaines questions qui nous préoccupent.
On ne vous en dit pas plus… la suite dans le mag !
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