Une contre culture assagie ?
C’est à l’encontre d’une domination de formes culturelles imposées par les systèmes que certains mouvements se sont positionnés, avec passion, en inventant leurs propres fondements et dialectes comportementaux. On peut envisager un parallèle entre l’évolution du mouvement tag-graffiti et le surf. Ils ont quelque part, poursuivi un chemin similaire. Le phénomène coloré s’est mondialisé et transformé pour entrer en musée ou en galerie. Le surf, lui, rejoint les J.O. et les piscines à vagues. Assurément ; l’histoire le précise, les manifestations sous culturelles n’ont pas toujours été bien accueillies, ni traduites à leurs valeurs lorsqu’elles ont vu le jour.
Couverture : Clovis Donizetti à la Côte des Basques. Un éblouissement photographique de Thomas Lodin.
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Coup d’œil sur le sommaire
CULTURE – Water Thriller
Individuellement, nos peurs sont conditionnées par un passé et par une personnalité qui nous sont propres et qui peuvent nous échapper. Collectivement, notre culture, notre histoire, notre terre d’origine façonnent des appréhensions communes et on ne dispose que de peu de moyens d’y échapper. Autant promesse de vie que menace de mort, nos océans sont des territoires de paradoxe pour l’Homme depuis des millénaires : milieu mouvant, parfois sauvage, souvent anarchique. Il s’agit d’un mystère aux horizons floues et il n’est pas rare que les étendues liquides soient le vecteur d’appréhensions de taille. Ainsi, certaines sociétés partagent, temporairement ou non, une crainte des environnements liquides. C’est une angoisse qui se répercute inévitablement sur la pratique du surf.
Texte Flora Etienne
ART – Musée ou cabinet de curiosité
En dehors de nos frontières, on trouve un certain nombre de musées consacrés au sport des rois. Les surf artists sont bien plus représentés à l’étranger et l’hexagone fait figure d’exception des nations surf en ce qui concerne la mise en avant des cultures artistiques liées aux sports de vagues. Ce n’est cependant pas l’énergie déployée pas Gérard Decoster, pionnier du genre en France, qui a fait défaut aux projets de telles encyclopédies matérielles mais sans doute davantage une incompréhension de la part des institutions qui ne suivent pas. Visite guidée d’un musée sous exposé.
Texte Fielding Mellish
Photographies Alexis Atteret
HAWAIIAN JUICE – Ho, The Kid
Michael, Oncle Derek – R.I.P, Sista Coco et Mason, une famille du North Shore, un clan soudé et tourné vers l’océan. Ces kānaka maoli – nom donné aux natifs – sont tous à la poursuite de Mana, avec leurs attentes respectives. Ils sont des Hawaïens de souche qui possèdent de lointaines origines Chinoises et même Européennes, c’est ce que révèle Mason. Ce dernier, c’est un surfeur qui se positionne en général là où on ne l’attend pas : dans son surf, ses spots, sa capacité d’ouverture et sa créativité aussi. N’être que peu actif sur le Tour, surfer dans des conditions dantesques, s’éclater en hotdog surfing, s’envoler en rotation au-dessus de la lèvre, évoluer avec des rochers à fleur d’eau et s’amuser à les contourner ou à les frôler, fréquenter les close-ups en shorebreak… Il s’agit de missions qui dévoilent la pratique et surtout la personnalité d’un surfeur de 34 ans qui aime avant tout l’éclate dans tous ses possibles, le délire au travers de sa connexion avec l’océan, surtout sans jamais se prendre la tête.
Texte Fielding Mellish
Photographies Rip Curl
ESTHÉTISME – Le Style
Pour animer une discussion entre surfeurs, il y a un sujet avec lequel vous serez sûr d’atteindre l’objectif. Il suffit de parler du style. Émettez une opinion tranchée, lancez quelques arguments incisifs incluant des mots tels que tri-fin, single, longboard, WSL et prenez du recul, idéalement une boîte de pop-corn à la main, pour profiter du spectacle. Il y a peu de chance que vous soyez déçus.
Texte & Photographies Yves Sobanski
SHAPE – Matt Biolos
Lors d’un passage furtif en Europe, Matt Biolos s’est rendu disponible pour une rencontre. Superstar du shape, collaborant avec la crème du surf mondial, avec l’industrie de la fabrication ou du retail, il avait pas mal de choses à dire, tant sur son histoire personnelle, que sur sa vision du surf ou tout simplement sur son labeur et sa vision de l’entreprenariat. Le manque de vagues a laissé pas mal de temps pour creuser l’échange avec Matt.
Texte Olivier Dézèque
Photographies Lost Olatua
CHARITY BUSINESS – Le dialogue schizophrène du surf et de la charité
En se baladant sur le digital, on tombe de plus en plus sur des vidéos d’anciens pros qui apostrophent leur public pour le sensibiliser à une cause charitable ; l’offre de matériel ou de vêtements de surf promettant de reverser un pourcentage de la vente à une œuvre de charité est devenue pléthorique ; on ne compte plus les compétitions caritatives endossées par les plus gros noms de l’industrie, quand ces gros noms eux-mêmes ne créent pas leurs propres fondations caritatives. Pas facile d’y voir clair dans ce concept de surf charité ! Voici quelques pistes de réflexions pour tenter de mettre le tout en perspective.
Texte Arthur Briere aka Arthur Über Alles
Illustrations Roch Tastet aka Tortuga_666
LEGEND – Lisa Andersen
Ce sont des gens, avec leurs histoires singulières, leurs trajectoires, leurs échecs, leurs victoires, leurs angoisses, qui brodent le microcosme du surf et qui en construisent toute la spécificité. Même s’ils grimpent sur des planches, généralement plutôt bien, l’intérêt qu’on porte aux surfeurs pourrait aussi se dévoiler par leurs chemins de vie, leurs choix, leurs ambitions, leurs horizons, plutôt que par le systématisme de leurs exploits. Les compétitions, les résultats, les manœuvres ne constituent qu’une infime partie des individus, peut-être ; c’est la face visible et globalement médiatisée. C’est dans cet état d’esprit qu’a démarré l’échange avec Lisa Andersen. Le rendez-vous avait été pris lors d’une compétition que la championne parrainait et il était hors de question de s’attarder à débattre du contest en question, ni de savoir si Lisa aimait la France ou pas. Ça, beaucoup de gens s’en fichent et surtout la surfeuse. Le petit entretien allait durer beaucoup plus longtemps que prévu puisque la ligne donnée à nos échanges se rapprocherait d’un entretien psychanalytique plus qu’à du surf journalisme. Lisa allait se livrer, totalement, complètement.
Texte Olivier Dézèque
Photographies Roxy
PORTFOLIO – Arto Saari
Probablement plus connu chez les skateurs, le finlandais Arto Saari – Skateur Of The Year en 2001, s’est découvert, sur le tard, une autre raison de vivre. Tout avait démarré lors du mariage d’un ami au Mexique il y a une dizaine d’années. Il s’était essayé au surf, simplement pour s’amuser. Il se rappelle : » J’ai senti la pulsation de l’univers sur ce premier take-off. Je me suis immédiatement acheté une board. J’ai surfé en Californie où j’ai habité, et ensuite j’ai déménagé à Hawaii dans le désir de progresser plus rapidement. J’avais 35 ans déjà «
Plus de sujets encore sont à découvrir dans ce numéro !