Suite à son parcours sur le Tour cette année, ponctué notamment d’une victoire à G-Land, d’une seconde place à Rio et d’une troisième place au Salvador, Johanne Defay s’est placée n°2 mondiale, passant avec brio le cut de mi-saison et la sélection dans le cercle très prisé des Final 5. L’opportunité pour la Française de concourir au titre mondial lors des Rip Curl WSL Finals, attendues à Trestles entre le 8 et le 16 septembre.
L’année dernière, Johanne entamait la journée en ouvrant le bal sur les premières WSL Finals de l’Histoire, dans un heat face à Stephanie Gilmore. Victorieuse, elle s’est ensuite inclinée en heat 2 face à Sally Fitzgibbons. La Réunionnaise a ainsi terminé à la 4e place mondiale, le meilleur résultat de sa carrière ainsi que le meilleur résultat tout court pour la France sur le World Tour.
Cette année, Johanne échappe grâce à son classement au heat 1 et 2. Elle devra attendre de les voir se dérouler pour découvrir qui de Stephanie Gilmore, Brisa Hennessy ou Tatiana Weston-Webb viendra l’affronter en heat 3. La surfeuse victorieuse de ce dernier montera en finale face à Carissa Moore, pour la bataille ultime au titre mondial 2022.
Jeudi dernier, l’athlète O’Neill nous a accordé de son temps pour parler de cette échéance qui commence demain.
Interview.
Surfeuses – Les finales commencent dans une semaine (interview réalisée la semaine dernière), comment tu te sens ?
Johanne Defay – Je me sens bien, super bien. C’est cool d’apprécier mon temps en Californie, d’être un peu plus posée avant les finales parce que je n’ai pas vraiment eu 15 jours pour m’entraîner et me poser avant les compétitions cette année donc là j’ai vraiment le temps, c’est cool.
Comment est-ce que tu situes ton état de forme physique ? On est tout de même en fin de saison…
J.D – Je ne suis pas au meilleur de ma forme pour être honnête. Mais ça revient vite, c’est ce qui est cool quand tu as une base solide. Là j’avais deux semaines, la première a été dure mais sur la seconde j’ai eu deux entrainements et je sens déjà la différence, le corps se rappelle.
À l’inverse, qu’en est-il de tes concurrentes ? Est-ce que tu t’en soucies ou tu préfères ne pas savoir ?
J.D – Je ne m’en soucie pas trop. Je sais que Tatiana et Carissa sont chez elles à Hawaii car c’est sur la route donc elles ont pu rentrer. J’ai vu que Tatiana se remettait à l’entrainement physique. Brisa est ici, je l’ai vue un petit peu à l’eau mais je n’y ai pas trop prêté attention. Mais elle est par ici et s’entraîne. Je sais que Steph est en Californie mais plus vers Santa Barbara. Elle me disait à Tahiti qu’elle ne viendrait pas trop tôt car elle ne voulait pas se faire un « burn-out » de la vague. C’est assez intense ici l’entraînement, il y a beaucoup de monde à l’eau donc ça peut vite te blaser. Pareil pour moi, je n’y vais pas toujours 2-3 fois par jour, quand il n’y a pas de vagues je ne me prends pas trop la tête. Je pense que tout le monde est fatigué, on en parle entre nous car en fin de saison on est peu. Tout le monde est un peu dans le même état.
Ressens-tu une différence par rapport à l’année dernière à la même période ?
J.D – Je suis vraiment dans un bon état d’esprit, l’année dernière aussi mais j’allais plus vers l’inconnu. Là je sais à quoi m’attendre, je sais comment ça se passe donc c’est sûr que c’est un avantage et du coup ça me stresse un peu moins.
Qu’est-ce que ça t’apporte face à Brisa par exemple qui découvre les finales pour la première fois ?
J.D – Avec l’expérience on se rend compte à quel point la journée passe vite. Quand tu passes une série, tu n’as que 30 minutes avant de retourner à l’eau donc c’est très rapide et le temps m’avait un peu surprise la dernière fois donc ça déjà je pense que je vais pouvoir mieux l’appréhender.
Le fait qu’aussi ce soit la grande finale et en plus à Trestles, tu te dis que tu vas pouvoir surfer beaucoup de belles vagues et puis finalement l’année dernière on a eu un swell vraiment gros pour ici. C’était chouette mais la première série contre Steph je gagne avec un 5 points sur une gauche donc ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. Il faut pouvoir se dire « oui c’est possible, je n’ai peut-être pas besoin de faire deux 8 ou deux 9 pour passer toutes mes séries ». Il va falloir s’adapter à chaque série, réaliser que même si c’est la grande finale en fait ça se passe comme une compétition classique : il y aura des séries, il faudra les passer même s’il n’y aura peut-être pas la manière.
As-tu des préférences sur la concurrente qui viendra te rencontrer en heat 3 ?
J.D – Pas réellement, je pense que les trois ont leurs qualités et leurs faiblesses. Sur le papier, Brisa a moins d’expérience mais en même temps c’est la plus jeune, elle n’a rien à perdre, c’est sa première expérience ici donc ça peut jouer en sa faveur. Stéphanie on sait que, c’est Steph quoi, elle est sept fois championne du monde. Si elle a décidé de « put on a show » comme ils disent, elle le fera. Et Tatiana est une compétitrice féroce. Donc je vais essayer de me concentrer sur ce que j’ai à faire. Peu importe qui j’affronte, on verra.
Quelles affinités as-tu avec la vague de Trestles, comment tu te sens sur le spot ?
J.D – Je commence à bien le connaître. J’aime bien Trestles. Le seul truc sur cette vague c’est que parfois il y a des trous dans les séries. Il peut ne pas y avoir de vagues pendant 15-20 minutes et ça, il faut pouvoir s’y attendre. Après, la vague en elle-même est assez facile, ça pousse, ça ne creuse pas et du coup tu peux vraiment faire du « performance surfing » et montrer pas mal de manœuvres différentes. C’est chouette. Après, 30 minutes c’est court donc ça ne sert à rien de vouloir faire trop de choses, il faut trouver le juste milieu.
Je pense que le mieux à Trestles c’est 4 à 6 pieds (1m20 à 1m80), le Trestles bien quoi. C’est principalement une droite, même si c’est un peak gauche-droite, la gauche a moins de potentiel. Mais selon la direction de la houle, elle peut être plus tendue.
En free-surf en ce moment j’essaie de voir quelles manœuvres peuvent passer et à quel moment de la vague pour pouvoir gagner le plus de points. Je me fait plaisir et ce n’est pas grave si je tombe. En ce moment j’essaie plutôt différentes dérives, pour voir ce que je ressens.
Cette année il y aura aussi de la couleur sur tes planches…
J.D – Effectivement c’est une pensée à ma sœur et ma maman qui ont dû subir et combattre le cancer du sein. J’aimerais le faire tout le temps mais à chaque fois on est trop dans rush dans les commandes entre deux compétitions. Là il ont pris le temps de le faire pour les finales donc c’est cool. Je les aient avec moi, j’ai aussi le petit logo de Simon et moi pour notre team d’entrainement à la maison, tout est avec moi sur ma planche.
Des finales que nous suivrons bien sûr de prêt, et tous derrière Johanne !
Petit rappel sur les Final 5 et l’ordre de passage :