Mathilde Claverie, 31 ans, originaire de Mimizan, est infirmière et professeur de surf pendant la saison, à Biscarrosse, à l’école Kiwi Surf. Après un bel été 2012, elle se livre à nous et nous fait partager sa passion et ses sentiments sur le surf.
Mathilde, quel a été ton premier contact avec le surf ?
J’ai toujours vécu au bord de l’océan. J’ai commencé par faire du bodyboard et du surf sur une vieille planche en polystyrène trouvée dans un grenier, vers 9 ans. À l’époque, il y avait peu d’écoles de surf, pas toujours bien organisées. J’ai pris mes premiers cours de surf vers 12/13 ans.
Tes premières sensations ?
Comme une drogue, et ça démarre ! On ne s’arrête plus, on devient addict ! Je n’ai plus arrêté de surfer ; je me suis mis à la compétition : Critérium des jeunes, Championnat de France, sponsorisée par Rip Curl et Tatchee.
« Droguée au surf » au point de devenir professeur de surf ?
Je ne me destinais pas vraiment à cela au départ. Mais on m’a demandé de passer mes brevets fédéraux (brevets 1 et 2) dans le cadre d’un encadrement de jeunes, pour un séjour au Portugal. Je me suis lancée de cette manière dans le grand bain. Ensuite, en tant que compétitrice, mes acquits d’expérience et notamment mon classement national, m’ont permis d’obtenir mon brevet d’état, en présentant un dossier pédagogique devant une commission. La chose n’était pas très facile à l’époque, peu de filles tentaient une telle aventure.
Que ressens-tu lorsque tu es en cours avec tes élèves ?
Un formidable partage et l’immense joie de pouvoir revivre à travers eux ma première vague. J’adore voir leur visage s’éclairer de plaisir, lorsqu’ils glissent pour la toute première fois. Une fois l’expérience acquise, nous avons tendance à oublier ce sentiment de plaisir, la sensation du côté novice.
Quelles ont été tes principales destinations surf ?
La Guadeloupe, la Martinique, La Réunion, le Maroc, le Portugal (en stage), l’Espagne, et bien sûr la France : Bretagne, Landes, Pays-Basque. J’aimerais bien partir surfer en Indonésie pour la multiplicité des spots. J’aime surfer dans des endroits tranquilles, où il n’y a pas trop de monde à l’eau. C’est pour cette raison que partir surfer à Hawaii, par exemple, ne m’inspire pas du tout. Me mettre à l’eau au milieu de la cohue pour ne prendre que deux ou trois vagues, pas pour moi !
Ta plus belle vague surfée ?
Assurément la prochaine ! Chaque vague est différente. J’ai connu tellement de bonnes sessions que je ne pourrais en choisir une en particulier.
Ta pire vague ?
En plein hiver à Mimizan, un jour de gros, dans une eau noire… le côté obscur de la chose ! Je me suis retrouvée très loin de la plage, sans savoir si j’avais réellement la capacité physique pour revenir au bord… J’ai mis pas mal de temps après cet épisode pour pouvoir me remettre à l’eau.
Quelle est ta vision du surf actuellement ?
J’ai l’impression que le surf est devenu un sport spectacle, surfer pour être vu. La mauvaise ambiance à l’eau apparaît plus qu’avant. Voir ce sport comme une pratique individualiste est regrettable. Je pense qu’un bon surfeur est celui qui sait être solidaire avec les autres ! Mais j’ai une très bonne vision du surf et des surfeurs et surfeuses en général. Les « mauvais éléments » ne sont heureusement pas majoritaires. Le plaisir de la glisse reste le plus important.
Et la place des filles dans le surf ?
Il y a de plus en plus de mixité à l’eau et particulièrement dans les équipes pédagogiques. Et le surf avait bien besoin de présence féminine. Les choses sont en train d’évoluer favorablement. Le regard des gens est différent, en bien, maintenant, vis-à-vis des surfeuses. Et coup de chapeau aux filles en Aquitaine qui doivent passer bien souvent une barre costaud avant d’atteindre le large ! Les surfeuses dans les îles n’ont pas ce problème.
Un coup de gueule ?
La mauvaise ambiance à l’eau, parfois, lorsque certains gros bras veulent faire la loi. Même si cela n’est pas très fréquent, je ne supporte pas.
Un coup de coeur ?
Partager de bonnes sessions, avec par exemple les amis du Kiwi Surf.
Les Landes ?
J’espère que cette région restera aussi sauvage le plus longtemps possible. Sans chauvinisme, c’est pour moi un des plus beaux endroits en France, si ce n’est le plus beau. Le cadre de vie y est exceptionnel.
Le surf en un mot ?
Indispensable. Je ne suis pas prête d’y renoncer. C’est mon élément vital, ma ressource.
Texte et photos : Bruno / BCD Creations