« La solution qu’on a réussi à faire adopter ce soir permet que les JO se tiennent ici et que la WSL (World Surf League) maintienne une étape annuelle du tour mondial ». Voici les mots de Moetai Brotherson, le président polynésien, relayés par un communiqué AFP ce début de semaine. Optimiste, ce dernier a ainsi annoncé le maintien de l’épreuve des Jeux à Teahupo’o. La solution actée au sujet de la tour des juges a donc été de choisir une tour en aluminium allégée, avec une garantie d’impact minimal sur l’environnement pour remplacer l’ancienne tour en bois qui ne respecte pas les normes olympiques de sécurité.
Une population divisée et toujours pas rassurée
Alors que nombre de médias titrent que cette décision met fin à plusieurs mois de tensions à ce sujet, la situation sur place semble toute autre, en témoigne le surfeur local Lorenzo Avvenenti, contacté par nos équipes.
« Nous ne sommes pas du tout rassurés bien au contraire. Ils ont pris leur décision et nous sommes contre » témoigne t-il. « On ne nous a pas consulté dans les réunions de prise de décision, nous n’avons été contactés qu’une fois la décision prise de continuer. Les décisionnaires font les aveugles et ne veulent pas voir que le monde entier est contre. Le problème est qu’ils divisent le peuple à suggérer l’annulation des Jeux et du CT. Le problème est là, les gens ont peur de perdre la WSL parce que c’est le gagne-pain de l’année pour beaucoup et je peux le comprendre mais à quel prix ? La destruction va continuer alors que l’on sait tous que les fondations actuelles fonctionnent et que la tour en bois aussi. C’est juste une question d’assurance et de manque de temps. C’est fou, de détruire la nature pour une question d’assurance et de manque de temps.«
La WSL du mauvais côté de l’Histoire ?
Le tournant décisif sur le sujet viendrait de la prise de position de la World Surf League, qui utilise depuis plus de 20 ans la fameuse tour en bois que nombres de locaux et d’associations souhaitent voir utilisée pour les Jeux. Cependant, comme nous le relayions le week-end passé, le référent local de la WSL, Pascal Luciani, a prévenu via TNTV que la non-conformité de la tour pourrait poser des problèmes d’assurance entrainant l’annulation de la compétition du CT. Des propos confirmés par Eric Spitz, Haut Commissaire de la République en Polynésie Française au micro de nos confrères chez France TV. Selon ce dernier, la World Surf League « exige désormais une nouvelle tour parce qu’elle ne trouve plus personne pour assurer la compétition contrairement aux 24 dernières années. La WSL menace, si la tour n’est pas prête en mai, de retirer Tahiti des compétitions internationales« . Pour répondre à cet ultimatum, le président polynésien a donc présenté un calendrier de travaux qui devrait aboutir à une tour fonctionnelle le 13 mai, quelques jours avant l’étape du Tour à Teahupo’o.
La question se pose de savoir pourquoi la World Surf League ne s’est pas prononcée plus tôt sur ce sujet, étant mentionnée depuis le début de ces débats comme la structure internationale qui bénéficiait jusque-là sans soucis de la tour en bois lors de ses événements. Alors que la tour en bois a servie pas plus tard qu’en août dernier lors du Tahiti Pro, pourquoi est-elle jugée non-conforme pour la saison prochaine et pourquoi cette non-conformité n’a t-elle pas été communiquée plus tôt ?
Des questions encore en attente de réponse, alors que les locaux soucieux de l’avenir de leur lagon continuent d’espérer faire entendre leur voix.
Vidéo : journée de finale au Tahiti Pro, compétition de la World Surf League en août 2023
Image à la une : la tour des juges en 2019 © WSL
« Alors que la tour en bois a servie pas plus tard qu’en août dernier lors du Tahiti Pro, pourquoi est-elle jugée non-conforme pour la saison prochaine et pourquoi cette non-conformité n’a t-elle pas été communiquée plus tôt ? »
On attend la réponse.
Il serait aussi intéressant d’avoir des détails financiers.
– Combien rapporte le Tahiti pro à chaque éditions ?
– Combien verse la WSL au gvt local pour pouvoir exploiter le spot ?
Il semble une fois de plus que le problème principal soit plus économique qu’écologique…