Vous avez difficilement dû passer à côté la polémique liée au projet de l’implantation d’une tour métallique dans le lagon de Teahupo’o à Tahiti, site retenu pour l’épreuve des prochains Jeux Olympiques. Depuis, les habitants et surfeurs de Teahupo’o ne cessent de se mobiliser contre ce projet qui représente une menace réelle pour la vague et l’équilibre du lieu. Les Tahitiens sont soutenus par des surfeurs du monde entier, un soutien auquel s’associe le collectif Rame pour ta planète de manière concrète en organisant un rassemblement le week-end prochain.
En 2018 et 2019 avait eu lieu Rame pour ta planète, une mobilisation inédite de surfeurs et de surfeuses en faveur de la protection de l’océan. Cette aventure, qui a donné lieu à un film, fut une belle odyssée d’un mouvement citoyen. Face à la menace que fait planer le projet de construction d’une tour métallique sur la vague de Teahupo’o, en vue de la tenue des JO de Paris 2024, l’équipe de Rame pour ta planète a décidé d’apporter son soutien à Teahupo’o. Ce soutien prendra la forme d’un rassemblement citoyen baptisé « Rame pour Teahupo’o » qui aura lieu ce dimanche 17 décembre, à Guéthary. Deux points de rassemblements sont prévus, ceux qui souhaiteront se mettre à l’eau pourront rejoindre le lagon des Alcyons tandis que les autres se tiendront sur l’esplanade.
Comme par le passé, après une courte prise de paroles, les surfeurs (et toutes les autres embarcations présentes) se mettront à l’eau pour former un cercle dans le lagon à marée basse. Tous ceux qui ne surfent pas et qui aiment tout autant l’océan sont les bienvenus sur la plage. Une photo de l’évènement sera ensuite envoyée à Tahiti, comme preuve du soutien de la communauté internationale dans cette lutte pour la préservation du récif corallien.
Depuis octobre certains initiateurs de Rame pour ta planète, dont Gibus de Soultrait le directeur de la publication de Surfer’s Journal France, sont en contact régulier avec les habitants et les surfeurs locaux de Teahupo’o, afin de les soutenir dans leur défense du récif corallien, contre la tour métallique qui menace la vague et l’équilibre du lieu. « Avec eux et pour eux, nous organisons Rame pour Teahupo’o, un rassemblement citoyen sans invective, dans et pour le respect de l’océan, un bien commun planétaire si vital. On ne détruit pas le corail, ni pour le surf, ni pour les JO. Soyons très nombreux le 17, c’est un moment important« , voici le message porté par l’équipe de Rame pour ta planète.
Le processus ayant conduit à l’organisation de ce rassemblement à Guéthary a été mené en accord avec les habitants de Teahupo’o qui s’opposent au projet de tour métallique. « Pour leur apporter notre soutien, on leur a montré ce que l’on avait fait avec Rame pour ta planète il y a cinq ans« explique Gibus. Un projet qui se renouvelle aujourd’hui en soutien à la vague Teahupo’o, sévèrement menacée par le projet de construction. L’édition 2018 de Rame pour ta planète avait été organisée à la suite de l’annonce du rapport du GIEC et fut une façon d’en porter haut et fort le message. Cinq ans après, l’objectif de Rame pour Teahupo’o est soutenir la voix des Tahitiens en lutte contre la tour. « Ce sont des gens qui ont l’amour profond de leur territoire et nous, avec Rame pour Teahupo’o, c’est cela que nous soutenons. Le monde du surf doit apporter son soutien à Teahupo’o parce que ce peuple a inventé le surf » explique Gibus. Autrement dit, ce rassemblement n’est pas à charge contre les Jeux Olympiques mais bien un soutien à Teahupo’o, la vague, les coraux et les habitants, par amour pour l’océan et le surf qui, là-bas, résonnent plus fort que nulle par ailleurs.
Un historique des événements
Le choix de Teahupo’o comme site olympique des JO Paris 2024 a été pris en décembre 2019. Si les autorités polynésiennes d’alors et le Cojo se sont entendus avec le village de Teahupo’o pour préserver le lieu, avec un bateau devant accueillir pour large partie la sur-affluence de population liée à l’événement, ce n’est qu’en septembre 2023 que les gens de Teahupo’o ont découvert le projet d’une nouvelle tour des juges en métal, devant remplacer celle en bois, existante depuis 20 ans et régulièrement rénovée, utilisée chaque année pour la compétition pro de la WSL.
N’ayant jamais été consultés, ni même avertis de cette construction, surfeurs locaux et habitants de ce village l’ont aussitôt contestée, à cause de son risque évident de destruction du récif et possiblement de la vague. Grâce au dialogue ouvert par le nouveau président de Polynésie, Moetai Brotherson, une diminution de la tour métallique a été retenue par les autorités pour l’installation sur le récif, le Cojo restant cependant ferme sur le refus de la tour en bois selon leurs critères de sécurité. Malgré tout, la tour métallique oblige de forer dans le récif. Plus récent, l’essai du déplacement d’une plateforme de travail sur site a engendré la destruction du corail et la situation est pour l’instant bloquée. D’autres solutions seraient à l’étude. En 2020, un projet d’une nouvelle tour en bois, reprenant la même embase dans le récif que l’existante, avait été officiellement réalisée (pour un coût de construction bien moindre), mais ce n’est pas celui-ci qui a été retenu. « On peut s’étonner qu’une telle tour ait pu être retenue et construite, sans en avoir imaginé les conséquences écologiques et donc de contestation de la population locale » se questionne le collectif de Rame pour ta planète.
La dernière rame organisée dans le cadre du mouvement Rame pour ta planète date du 23 août 2019. Elle avait eu lieu dans le port de Guéthary, à la vieille de l’ouverture du G7 qui s’était tenu à Biarritz. Après avoir ramé tous les premiers samedis du mois pendant un temps pour faire entendre les enjeux climatiques et écologiques vitaux de la planète, une rame en soutien à l’océan est plus que jamais d’actualité.
Toutes les infos sont à retrouver sur la page Instagram de Rame pour ta planète.