Après 7 ans d’attente, le retour du CT à Cloudbreak a été plié en seulement 3 jours, mais cela a été 72h riches en vagues et lourdes en conséquences. Au dernier pointage, on voyait que deux Brésiliens pouvait renverser l’ordre établi avant les grandes finales à Trestles. Yago a failli, Tati a réussi, hélas au dépend de notre représentante tricolore. Mais ce Corona Fiji Pro est avant tout l’histoire d’une révélation et d’une confirmation…
La sensation Erin Brooks
La journée des finales débute dans des conditions plus petites que la veille, annonçant qu’on verra moins de tubes mais beaucoup de carves sur les longs murs de Cloudbreak.
C’est la première demi-finale féminine que les Français attendent car elle va sceller le sort de Johanne Defay. Un peu à l’image de sa curieuse combinaison mi-longue mi-courte, Tyler Wright semble à moitié là et score des vagues médiocres tandis que Tatiana Weston-Webb atomise la lèvre à chaque occasion. L’invitée Erin Brooks fait la même chose face à Molly Picklum de l’autre coté du tableau, ce qui nous promet un bon duel de goofies en finale. On se dit que Tati pourrait arrêter la jeune sensation avec une approche frontside assez similaire, mais du haut de ses 17 ans la Canadienne propose un surf plus fluide et varie ses turns à l’envie. De long bottoms pour aller taper haut, du roundhouse cutback pour se replacer avant de viser la lèvre à nouveau. C’est beau, c’est précis et c’est tout simplement l’avenir !
Avec 15 points en finale, comme en demies et en quarts (un total qu’elle est la seule à avoir atteint dans cette compétition), Erin Brooks n’a pas volé sa victoire. Sachant qu’elle pointe à la 4e place des Challenger Series à deux épreuves de la fin, il va falloir s’habituer à voir cette ado malmener les surfeuses de l’élite.
Griffin Colapinto étoffe son CV
Coté masculin c’est le quart de finale de Yago Dora qui portait le plus d’enjeu. Le Brésilien n’avait plus qu’une série à passer pour s’offrir un billet pour Trestles. Il prend la tête de sa demie avec un petit tube et un enchainement de carves, mais c’est Jack Robinson qui a la priorité quand rentre la plus grosse vague du heat, et il n’a pas à forcer pour placer 3 turns et l’emporter. Une victoire qui fait le bonheur d’un autre Brésilien (Italo Ferreira) et d’un autre Australien (Ethan Ewing), alors assurés de rester dans le top 5.
Libéré de toute pression, Ewing va gratter une place au général en passant une grosse démonstration de carving face à Barron Mamiya. Quand il remet le couvert et trouve un neuf en demies on se dit que c’est l’homme en forme de la journée, mais Rio Waida lui répond en prenant tous les risques pour passer un premier roller dans une section critique avec de s’engager dans un floater suicidaire qui lui permet d’aller connecter 3 manoeuvres de plus. Pas mal pour un surfeur qui découvre Fidji ! Et quand Ethan le laisse partir sur une vague mousseuse à deux minutes de la fin, il le regrette en voyant l’Indonésien caler 4 turns au dessus de la mousse.
Allait-on assister à une première victoire CT pour l’Indonésie le même jour que celle attribuée au Canada ? La réponse est non, car Griffin Colapinto était imprenable à Cloudbreak. Grace à ses turns backside bien calibrés, le Californien a dominé tous ses adversaires directs avec environ 3 points d’écart sur cette épreuve. Après cette deuxième victoire de l’année (sa cinquième en carrière), Griffin tentera donc d’obtenir son premier titre mondial sur son homespot dans 15 jours.
5 surfeuses, 5 surfeurs, 2 titres
On l’a vu, Tatiana Weston-Webb a chamboulé le classement pour s’inviter à des finales qui se dérouleront donc sans Johanne Defay. Dommage, mais ne discréditons pas une saison qui l’a vu s’imposer au Portugal et ramener une médaille olympique !
Les top 5 sont désormais définitifs et on connait maintenant le parcours que chaque surfeuse et surfeur devra parcourir pour décrocher un titre mondial à Lower Trestles. Pour Westo-Web, Picklum, Ewing ou Ferreira ce sera un marathon. Pour Caitlin Summers et John John Florence il s’agira de rester concentré jusqu’au dernier duel qui leur permettra de valider leur avance cette saison. On sait combien ce système où tout se joue en un jour peut créer de grosses surprises et même quelques injustices. On suivra donc tout cela avec beaucoup d’intérêt le meilleur jour de la période d’attente s’étalant du 6 au 14 septembre.