Pas question de jouer les oiseaux de mauvais augure, mais il ne faut pas se voiler la face : les jours de Kelly Slater sur le Championship Tour sont désormais comptés. Et plutôt que d’annoncer une fin de carrière vite-fait entre deux résultats, on préfère prendre le temps de se préparer mentalement à accueillir la nouvelle…
Une situation délicate
Arrivé sur le WCT en 1991, Kelly Slater y a fait dès dégâts dès l’année suivante avec un premier titre mondial, et jusqu’à 2022 avec une victoire à Pipeline et une 3e place à Teahupo’o. Et cela à 50 ans svp !
Depuis, c’est plus compliqué… Cette année Kelly a participé à 3 compétitions en terminant 17e à chaque fois, ce qui le positionne 33e et bon dernier. Il peut encore éviter le fameux cut de mi-saison, mais il lui faudra au minimum obtenir une 3e place à Margaret River pour cela. Une finale améliorait ses chances, mais seule une victoire lui garantit vraiment de garder sa place.
Bien sûr en cas de chute, la WSL pourrait lui accorder une wildcard comme l’an dernier. Mais cela devient difficile à justifier, même s’il a manqué le MEO Rip Curl Pro Portugal en février et subi une opération de la hanche en septembre dernier. Avant cela Slater avait participé à toutes les épreuves de l’année 2023 sans terminer plus haut qu’à la 9e place…
La retraite à 52 ans ?
Même sorti du CT, les Jeux Olympiques à Teahupo’o auraient pu lui offrir une sortie par le haut, mais Griffin Colapinto et John John Florence ont raflé les deux places accordées aux Etats-Unis. Et s’il reste bien une mystérieuse « place de l’universalité » à déterminer, elle semble plus destinée à une nation n’ayant pas de surfeur qualifié, qu’à un 3e surfeur américain.
Difficile également d’imager le King reprendre les Challenger Series pour se requalifier à 52 ans, même s’il serait bien capable d’aller à Snapper « pour le fun » et d’enchainer s’il chope un bon résultat…
Changement de priorité
Comment Kelly vit-il tout cela ? C’est au travers d’un entretien vidéo avec Tom Carroll qu’on en apprend plus son état d’esprit. D’abord il explique pourquoi il a ignoré ceux qui lui ont conseillé de prendre sa retraite plus tôt : « Les gens ne comprennent pas quelle vie cela a été, les souvenirs, les expériences, comment cela a enrichi ma vie…«
Mais il explique vite qu’il est en train de changer d’avis. « Rater le cut, il y a quelques mois ça m’embêtait, maintenant ça me va car je ne veux pas être au milieu de tout ça quand mon fils arrivera » La voilà sa porte de sortie : l’enfant qu’attend sa compagne Kalani.
« Je veux être un bon père » explique celui qui ne l’a pas vraiment été pour sa fille née d’une autre union il y a 27 ans : « Quand elle est née j’étais en plein dans ma carrière avec une énorme ambition énorme, et cela l’a fait souffrir ».
Kelly prend toujours plus de recul sur ce qu’il a été : « Tu sais pourquoi j’étais le meilleur compétiteur de tous les temps ? Car j’avais un cœur de pierre! » explique-t-il encore. Le surfeur aux 11 titres mondiaux semble donc prêt à tourner la page, mais le King a encore les moyens de nous surprendre. Une invitation au Pipe Masters, un free-surf à Kirra, un trip aux Mentawai …. Et la Slatermania renaitra !