Par Olivier Servaire
Nous sommes en 2003, au dernier jour du Pipeline Masters. Shea Lopez doit passer son quart de finale pour finir la saison dans le top 10. Ce serait encore un bon résultat pour cet habitué du Top 16 depuis sa qualification en 1995. A l’époque son entrée sur le WCT avait fait sensation, car même si on savait qu’un Floridien pouvait devenir champion du monde, lui venait de la côte ouest donnant sur un Golfe du Mexique encore moins fourni en vagues.
En confiance après plusieurs bonnes vagues sur Backdoor, Shea monte sur la lèvre à pleine vitesse. Il glisse longuement, mais au moment de redescendre, la vague se dérobe devant lui. Il se détend complètement et replaque de tout son poids sur une section plate. La board s’immobilise et il s’écrase sur sa jambe avant. Sous l’impact, son ligament latéral interne lâche instantanément, bientôt suivi par le croisé antérieur et le croisé postérieur. Plus rien ne tient sa jambe, et il sent sa cheville venir le frapper derrière la tête !
Il doit s’agripper à son genou pendant qu’il bouffe une autre vague dans le dos, avant de pouvoir appeler à l’aide. Assisté par les » lifeguards », il va rester regarder la fin de la compète grâce à la glace et aux médocs, sans savoir qu’il devra subir une opération de 7 heures pour tout remettre en place. Il mettra environ un an à bien s’en remettre, mais ne refera plus vraiment de bons résultats en compète, contrairement à son frère Cory.
Shea s’oriente alors vers le freesurf et le shape, mais sa connaissance de la compétition va lui ouvrir une petite carrière de commentateur, puis de collaborateur à Surfer Mag. Il y rédige quelques billets et comptes rendus, mais surtout ses « Fantasy Surfer Picks » dans lesquels il explique sur quel surfer « parier » selon sa forme et les conditions prévues. Après tout il connait les spots et les surfeurs du tour mieux que personne, et a lui-même gagné cette compétition de pronostics il y a quelques années. Une reconversion qui lui permet de garder un œil affuté… et des genoux bien placés !
Vidéo du floater de l’impossible, par Shea Lopez (à 0’43 ») :
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