Voilà, l’anomalie est réparée. Parmi les surfeurs les plus doués de sa génération, et même au-delà, Joel Parkinson n’avait jamais encore conclu une saison, couronne de champion du monde sur la tête. À quatre reprises, l’Australien s’en était approché au plus près depuis son insertion dans l’élite en 2001. Mais jusqu’à ce 15 décembre 2012, un surfeur d’exception – quand ça n’a pas été des blessures – était à chaque fois venu le remettre à sa place d’éternel second : ses proches amis Andy Irons (Haw) en 2002 et 2004 et Mick Fanning (Aus) en 2009, puis Kelly Slater (USA) en 2011. À 31 ans et devant la montée en puissance de la jeune génération, Parko avait peut-être définitivement laissé passer sa chance, pensait-on. On avait tort.
Tout au bout d’une saison où il a fait preuve d’une monstrueuse régularité – jamais plus loin qu’une 9e place, aux Fidji –, l’Australien s’est offert, dans la nuit de vendredi à samedi (heure française), le premier titre mondial de sa carrière. Une consécration logique – malgré, entre autres, la polémique à Tahiti – pour ce surfeur au talent indéniable, élégant et efficace, qu’il a magnifiée d’une victoire sur le Billabong Pipe Masters, après trois échecs, cette saison, en finale sur le World Tour. Ne dit-on pas qu’un bonheur ne vient jamais seul ? Celui de Parko est total.
« La régularité a payé », confirmait l’intéressé aux désormais onze succès sur le WT. « J’ai travaillé toute ma vie pour arriver à ce résultat. Impossible de décrire ce que je ressens. J’ai eu pas mal de hauts et de bas tout au long de ma carrière. Pipe Master, le titre mondial, tout ça à la fois, c’est presque surréaliste. Parfois, vous vous réveillez le matin avec le sentiment d’être un perdant. Ce matin (vendredi), je me suis levé avec l’état d’esprit d’un champion. »
Kelly Slater a fini par craquer
Le dernier jour du Billabong Pipe Masters a, comme prévu, été rythmé par le mano a mano à distance, étouffant de suspense sur un spot décevant, que se sont livrés pour le titre mondial Parkinson et Slater. Contraint d’en passer par le 5e tour de repêchage après s’être classé dernier de sa série du 4e tour « no loser » derrière Josh Kerr (Aus) et Gabriel Medina (Bré), le King n’y a fait qu’une bouchée de Miguel Pupo (Bré), démonstration de tubes à l’appui, en signant le meilleur total (19,27) de la compétition (lire résultats ci-dessous).
En quarts, les deux prétendants s’échangeaient la pression mais ni l’un ni l’autre ne craquait, Parko face à CJ Hobgood (USA) et Slater contre Shane Dorian (Haw). Le duel entre les deux chauves quadras a néanmoins viré à l’exceptionnel, les deux hommes enchaînant les tubes pourtant pas si nombreux et fermants délivrés par Banzaï Pipeline. Sauvé par son premier 10 du contest, KS s’en sortait 18,73-18,20.
Le destin de Joel Parkinson a basculé en demi-finales de ce Pipe Masters. Mal embarqué dans la série l’opposant à l’autre jumeau Hobgood, Damien, l’Australien a enfilé trois tubes Backdoor dans les cinq dernières minutes pour sauvegarder ses espoirs de sacre. Car une élimination à ce stade de la compétition aurait automatiquement été synonyme de douzième couronne mondiale pour Slater. Le rêve de la finale idéale Parkinson-Slater, titre suprême et celui de Pipe Master en jeu, prenait corps. Restait au Floridien à franchir en demie l’écueil Josh Kerr. Un « Kerrzy » victime d’un gros wipe-out au cours de son 4e tour, et obligé de s’infuser un aller-retour aux soins afin de vérifier que son épaule pouvait encore supporter les chocs de Pipeline.
Visiblement oui puisque l’Australien commettait le crime de lèse-majesté en déboulonnant Slater, grâce à un tube pris en ouverture de série (9,20). Abandonné par cet océan qu’il chérit tant, le King a longtemps attendu la vague qui lui aurait permis de scorer un 8,14 pour se sortir de ce mauvais pas. Elle n’est jamais venue. Il n’y aurait pas de douzième sacre mondial pour le plus grand surfeur de tous les temps. Plutôt une première finale sur le World Tour pour Josh Kerr. Et le titre suprême pour Parkinson.
« En voyant cela depuis la plage, j’ai senti mon corps me lâcher. Je ne pouvais plus contrôler mes émotions », soufflait sur le podium le surfeur de Coolangatta, imposante coupe de champion du monde sous le bras. Dans la foulée de la courte célébration de son titre, l’Australien prenait le dessus sur Kerr en finale, et succédait au palmarès du Pipe Masters à Kieren Perrow (Aus), qui l’avait battu en finale la saison passée. La boucle est bouclée. « J’ai besoin de me pincer pour y croire », souriait-il. « Je ne sais pas qui m’a envoyé ces vagues en finale (deux tubes majestueux notés 9,17 et 8,00, NDLR)… Mais je pense qu’Andy (Irons, décédé en 2010, NDLR) a quelque chose à voir là-dedans. Alors, merci à lui pour m’avoir tant soutenu durant ma carrière. »
Nicol a tout perdu, Slater reste évasif
Déjà assuré de remporter la 30e Vans Triple Crown, Sebastien Zietz (Haw) a disparu de la circulation en quarts de finale, vaincu par un autre expert des tubes, Damo Hobgood. L’Hawaiien avait de toute façon déjà validé son billet pour le World Tour 2013, à l’instar de l’Irlandais Glenn Hall, du Brésilien Filipe Toledo et de l’Américain Nat Young, tandis que Fred Patacchia (Haw) passe du statut de remplaçant à titulaire.
Yadin Nicol devrait, lui, faire le chemin inverse. Malgré un superbe parcours à Pipeline, agrémenté en quarts de finale d’un 10, l’Australien s’est arrêté aux portes des demi-finales, qui auraient été synonymes pour lui de maintien dans l’élite. C’était sans compter sur un ultime tube de Josh Kerr, qui douchait définitivement les espoirs de son compatriote – pressenti pour être premier remplaçant – en même temps qu’il sauvait la tête de Tiago Pires, dixième et dernier (re)qualifié par le biais du World Ranking. Le Brésilien Raoni Monteiro étant quasiment assuré de recevoir l’une des deux invitations permanentes (celle pour les surfeurs longuement blessés), il ne restera donc plus qu’une place à prendre au sein du Top 34 2013 (lire ci-dessous). Ou deux, si Kelly Slater décide, à bientôt 41 ans (le 11 février prochain), de raccrocher le lycra de compétition.
« Je vais prendre du recul et j’aviserai le moment venu », a-t-il répondu à une question ayant trait à son avenir. « Mais, non, je n’ai pas encore pris de décision ferme concernant la saison prochaine. » Enfin, l’élimination au 5e tour de Gabriel Medina (Bré) fait les affaires de John John Florence, l’Hawaiien s’octroyant le trophée de « Rookie of the year » (meilleure débutant de l’année), grâce à son quatrième rang final. Vivement 2013. Avec ou sans Kelly.
Vincent Martin
Plus d’infos World Tour sur le blog Planète Surf.
Le résumé vidéo du dernier jour du Billabong Pipe Masters.
Les résultats :
La finale :
1. Joel Parkinson (AUS) 17.17
2. Josh Kerr (AUS) 14.83
Les demi-finales :
SF 1 : Joel Parkinson (AUS) 17.30 def. Damien Hobgood (USA) 14.63
SF 2 : Josh Kerr (AUS) 11.13 def. Kelly Slater (USA) 4.90
Les quarts de finale :
QF 1 : Damien Hobgood (USA) 9.83 def. Sebastian Zietz (HAW) 9.17
QF 2 : Joel Parkinson (AUS) 12.50 def. C.J. Hobgood (USA) 9.40
QF 3 : Josh Kerr (AUS) 15.00 def. Yadin Nicol (AUS) 12.17
QF 4 : Kelly Slater (USA) 18.73 def. Shane Dorian (HAW) 18.20
Le 5e tour (de repêchage, à élimination directe) :
Heat 1 : Damien Hobgood (USA) 8.23 def. Kieren Perrow (AUS) 3.26
Heat 2 : C.J. Hobgood (USA) 13.94 def. Dane Reynolds (USA) 8.00
Heat 3 : Yadin Nicol (AUS) 13.00 def. Gabriel Medina (BRÉ) 12.00
Heat 4 : Kelly Slater (USA) 19.27 def. Miguel Pupo (BRÉ) 10.66
La suite du 4e tour (le premier de chaque série qualifié directement pour les quarts) :
Heat 3 : Josh Kerr (AUS) 14.57, Gabriel Medina (BRÉ) 14.10, Kelly Slater (USA) 8.10
Heat 4 : Shane Dorian (HAW) 6.53, Miguel Pupo (BRÉ) 5.83, Yadin Nicol (AUS) 4.23
Victoires ASP World Tour 2012 :
1. Quiksilver Pro Gold Coast, Australie : Taj BURROW (Aus)
2. Rip Curl Pro Bells Beach, Australie : Mick FANNING (Aus)
3. Billabong Rio Pro, Brésil : John John FLORENCE (Haw)
4. Volcom Pro Fiji, Fidji : Kelly SLATER (USA)
5. Billabong Pro Teahupoo, Tahiti : Mick FANNING (Aus)
6. Hurley Pro Trestles, États-Unis : Kelly SLATER (USA)
7. Quiksilver Pro France, France : Kelly SLATER (USA)
8. Rip Curl Pro Portugal, Portugal : Julian WILSON (Aus)
9. O’Neill Coldwater Classic Santa Cruz, États-Unis : Taj BURROW (Aus)
10. Billabong Pipe Masters, Hawaii : Joel PARKINSON (Aus)
Le classement final du World Tour 2012 :
1. Joel Parkinson (AUS), 58700 pts
2. Kelly Slater (USA), 55450 pts
3. Mick Fanning (AUS), 47000 pts
4. John John Florence (HAW), 44350 pts
5. Adriano de Souza (BRÉ), 42350 pts
6. Taj Burrow (AUS), 41900 pts
7. Gabriel Medina (BRÉ), 41350 pts
8. Josh Kerr (AUS), 38900 pts
9. Julian Wilson (AUS), 35900 pts
10. Owen Wright (AUS), 33600 pts
10. Jérémy Florès (FRA), 33600 pts
12. Jordy Smith (AFS), 27900 pts
13. CJ Hobgood (USA), 26650 pts
14. Adrian Buchan (AUS), 25400 pts
15. Michel Bourez (PYF), 24250 pts
16.Damien Hobgood (USA), 21750 pts
17.Miguel Pupo (BRÉ), 19450 pts
18. Alejo Muniz (BRÉ), 18450 pts
19. Kieren Perrow (AUS), 18200 pts
20. Bede Durbidge (AUS), 16250 pts
20. Travis Logie (AFS), 16250 pts
22. Kai Otton (AUS), 16200 pts
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23. Kolohe Andino (USA), 15950 pts
24. Matt Wilkinson (AUS), 15250 pts
25. Brett Simpson (USA), 15000 pts
26. Yadin Nicol (AUS), 14950 pts
27. Heitor Alves (BRÉ), 14750 pts
28. Raoni Monteiro (BRÉ), 13500 pts
29. Tiago Pires (PRT), 11200 pts
30. Fred Patacchia* (HAW), 10250 pts
31. Taylor Knox (USA), 9000 pts
32. Adam Melling (AUS), 7750 pts
32. Jadson André (BRÉ), 7750 pts
32. Pat Gudauskas (USA), 7750 pts
32. Dusty Payne (HAW), 7750 pts
36. Willam Cardoso* (BRÉ), 1500 pts
*Remplaçants
Seuls les huit meilleurs résultats (sur dix) de chaque surfeur sont conservés à l’issue de la saison.
Les surfeurs qui terminent dans le top 22 du World Tour sont requalifiés pour l’année suivante, auxquels s’ajoutent les dix mieux classés au World Ranking (hors top 22 du WT) et deux wild cards permanentes.
Le Top 34 2013 :
-Top 22 du ranking WCT 2012 :
Joel Parkinson (AUS), Kelly Slater (USA), Mick Fanning (AUS), John John Florence (HAW), Adriano de Souza (BRÉ), Taj Burrow (AUS), Gabriel Medina (BRÉ) Josh Kerr (AUS), Julian Wilson (AUS), Owen Wright (AUS), Jérémy Flores (FRA), Jordy Smith (AF.Sud), C.J. Hobgood (USA), Adrian Buchan (AUS), Michel Bourez (PYF), Damien Hobgood (USA), Miguel Pupo (BRÉ), Alejo Muniz (BRÉ), Kieren Perrow (AUS), Bede Durbidge (AUS), Travis Logie (ZAF), Kai Otton (AUS)
-Top 10 de l’ASP World Rankings 2012 (moins les membres du WCT déjà qualifiés dans le top 22) :
Sebastien Zietz (HAW), Kolohe Andino (USA), Matt Wilkinson (AUS), Glenn Hall (IRL), Brett Simpson (USA), Filipe Toledo (BRÉ), Adam Melling (AUS), Nat Young (USA), Fredrick Patacchia (HAW), Tiago Pires (PRT)
ASP Wildcards :
Dusty Payne (HAW)
Raoni Monteiro (BRÉ)
Remplaçants :
1 Patrick Gudauskas (USA)
2 Yadin Nicol (AUS)
3 Willian Cardoso (BRÉ)
4 Heitor Alves (BRÉ)
? waou..
Personne ne semble relever, mais je trouve bizarre la fin de l´article et la « avec ou sans Kelly ». Je ne suis pas un fan absolu de Slater et son surf (aussi arithmétique que son talent pour le business), mais soyons élégants, et surtout lucides, et remercions le quand même pour le suspense proprement incroyable qu´il a su insuffler à cette journée, qui transcendait quand même la simple compétition. Car Parko, n´est pas Irons, mais la magie était là…donc, merci Slater. Perso, je demanderais bien, au contraire, un dernier petit tour de stade de sa Majesté… comme après un 100 mètres mythique aux Jeux Olympiques.
Trop de risque de faire une finale parko vs slater !!! Et désolé de dire ça mais les brésiliens ( sur le tour pro) sont de mauvais perdants et une salle mentalité, on l’a bien vu avec médina et wilson !!! Médina même pas capable de féliciter son vainqueur!!! Parlons même pas de de souza!!! Pour être un champion il faut commencer à être humble!!!!
Tu dois être d’origine brésilienne non? Je trouve surtout que les sauts de biche de Médina ont été surnautés (apogée du ridicule à SanFransisco). Après je suis d’accord pour dire que Muniz et De Sousa dont je n’aime pas le style sont autrement plus complets.
Médina ne s’est-il pas fait un peu voler le titre de rookie ? Sa défaite au r5 est loin d’être évidente… quant à cette victoire de Parko, on avait compris dès Tahiti (voire avant) qu’il serait bien aidé par les juges, d’autant que la nouvelle génération pousse très fort.
Après, dans l’absolu, Parko mérite d’avoir un titre au regard de l’ensemble de sa carrière, il est juste dommage que les notes très généreuses reçues par l’australien toute la saison viennent quelque peu ternir ce titre, qu’il aurait sans doute pu emporter de façon un peu plus régulière…
Bravo au nouveau champion du monde quand même, en espérant qu’en 2013 la notation pro-anglo-saxonne fasse place à un jugement plus loyal notamment à l’endroit de Jérémy Florès et des brésiliens. Pour moi les grands vainqueurs de cette saison sont les jeunes brésiliens qui ont mis un terme à la légende selon laquelle ils ne seraient capables de gagner des séries que dans des vagues on shore de 2 pieds. Médina, Pupo et Muniz sont des surfers époustouflants, ce sont eux les révélations de 2012.
Que devient reynolds?
S’ils avaient tout prévu, ils auraient fait la finale Slater/Parko !
le heat Slater vs Dorian était énorme. On peut se demander si la dernière vague de Shane est correctement notée … Mais au moins le suspense et le spectacle étaientt incroyables.
Je suis d’accord aucun suspens billabong avait tout prévu , Champion du monde , vainqueur du pipe…!!!Je le redit mais c est slater le meilleur on l a vu dans ces séries il a était incroyable !!! Un 9.20 a Josh kerr en demi contre slater c’est complètement de l’abus !!! Parko est très fort mais il est pas impressionnant dans son surf il est juste régulier avec de très belle courbe mais c est tout!!!
Aucun , suspens , billabong avait déjà tout calculer , ça c est vu en direct , c’etait vraiment gros a voir , les séries finales , on été faite pour que Billabong et que leur champion Parko gagne , il a gagner ok , il est champion du monde ok , bravo a lui , mais dans ces conditions la .. c’est douteux et dommage … j’espère que pour la saison prochaine , le surf-buisness n entachera pas trop le WT …