
Vahine Fierro (Thiago Diz / WSL)
Regardons la vérité en face. Les épreuves du Championship Tour organisée en piscines à vagues agacent un grand nombre de fans, que ce soit pour des raisons environnementales ou simplement parce qu’elles ne sont pas toujours passionnante à regarder.
Déplacer l’évènement dans un émirat ne risquait pas d’améliorer les choses… La semaine dernière la WSL a notamment dû donner des garanties concernant la sécurité de Tyler Wright dans un pays où l’homosexualité est encore illégale.
En termes de surf, la vague est sensiblement la même que celle du Surf Ranch californien, mais paraît moins parfaite avec une lèvre qui s’écrase souvent sous l’effet d’un petit vent mal orienté. En résulte une vague interminable mais loin d’être docile avec des sections très creuses et d’autres qui tombent rapidement. Les surfeurs sont donc toujours sous pression, contraints d’enchaîner une petite dizaine de manœuvres sans tomber pour trouver un score décent.

Si on cherche des points positifs, il s’agit quand même d’une belle opportunité de voir les meilleurs surfeurs du monde partir sur un point d’égalité. Et voir quatre Français évoluer sur une épreuve CT hors de France est certainement une première !
Quatre mousquetaires dans le désert
On attendait Johanne Defay pour sa première épreuve de l’année, surtout qu’on se souvient de sa victoire au Surf Ranch en 2021. Terminant derrière Picklum et Fierro au premier tour, elle rate ensuite la qualification pour seulement 0,13 points au cours d’une session de rattrapage nocturne… qui voit Vahine Fierro remporter le dernier billet pour les finales.

La Tahitienne ne s’arrête pas là et se paie le luxe d’exploser la championne du monde 2023 et championne olympique 2024, Caroline Marks. Vahine propose un surf aussi stylé qu’efficace avec notamment une entrée en tube très bien gérée backside. Molly Picklum met fin à son parcours en demies, mais cette 3e place est déjà un superbe résultat. On constate encore que Vahine mérite sa place dans l’élite, et pas seulement dans les vagues tubulaires. Sa 8e place au classement général la place idéalement pour aborder la suite de la saison et le cut qui aura lieu après la 7e épreuve.

Kauli Vaast abordait cette épreuve sans pression en tant qu’invité. On a senti qu’il s’améliorait vague après vague, et cette expérience lui sera sans doute utile pour la suite de sa carrière.

Marco Mignot avait décidé d’être agressif dans son approche en intégrant des manœuvres aériennes risquées à ses vagues. Cela a entraîné quelques chutes, et de belles réussites, comme sa gauche combinant un blow tail reverse puis un alley oop. Sa contre-performance en Night Session fait que cette étape le fait chuter au classement. Il a tout le temps de s’en remettre.

Simmers et Ferreira dominent les débats
L’épreuve féminine a été dominée par la nouvelle génération. Tyler Wright chutant en Night Session, Caitie Simmers avait le champ libre pour s’emparer du maillot jaune. La championne du monde en titre n’a pas tremblé, dominant largement quart, demie et finale. Les juges l’ont fait un peu travailler en donnant l’avantage à Molly Picklum (autre surfeuse en forme de l’événement) après son deuxième run de finale, mais il ne fait aucun doute que Caitie Simmers est la meilleure surfeuse du moment. Ses trajectoires sur la vague sont uniques, et on sent qu’elle a un tel bagage technique qu’elle peut se permettre une créativité impressionnante dans ses manœuvres.

L’épreuve masculine a été plus surprenante. Le premier tour a été dominé par un Filipe Toledo impérial sur son quattro. Il trouve de gros scores sans avoir besoin de passer par les airs, mais en cartonnant des turns dans la lèvre et réussissant de beaux exercices de compression au plus profond du barrel. On croyait assister au retour du roi, son élimination par Kanoa Igarashi dès les 8e a surpris tout le monde.

À d’autres niveaux, les beaux parcours de Miguel Pupo, Jackson Baker ou Rio Waida n’étaient pas forcément attendus. Quand ce dernier arrive en demies, il est entouré d’habitués du top 5 mondial. Pas plus impressionné que ça, il attaque les droites comme s’il était à Keramas et les gauches comme à Uluwatu. On voit qu’il a l’habitude d’enchaîner ! Il prend l’ascendant sur Ethan Ewing tandis qu’Italo Ferreira stoppe Jack Robinson.

Italo était imprenable ici. Ne semblant pas concerné par la peur de chuter, le Brésilien donne tout sur chaque manœuvre. Que ce soit un turn toutes dérives dehors ou un alley-oop stratosphérique, Italo a fait le show pour sa 10e victoire CT. La saison ne fait que débuter, mais après sa demie à Pipeline et cette victoire, il possède une large avance sur ses poursuivants au classement mondial.

Tout le monde sera heureux d’apprendre que le Championship Tour va désormais retrouver l’océan. D’autant plus que ce sera pour l’unique étape européenne du tour, le MEO Rip Curl Pro Portugal, qui débutera dans un mois.