Les Mauriciens subissent le drame du Wakashio depuis le 25 juillet dernier, et on connaît désormais le sort de l’épave échouée sur le récif corallien. Si les habitants de l’île pensaient pouvoir souffler après leur descente aux enfers, le choix du gouvernement mauricien est loin de faire l’unanimité.
La partie avant de l’épave coulée au large de l’île
Le 16 août dernier, la carcasse du vraquier japonais se brisait en deux. Une énième interrogation s’est donc posée dans l’esprit des autorités autour de l’avenir du Wakashio. Des experts français ont même rendu un avis que le gouvernement mauricien assure suivre à la lettre.
Le 19 août dernier a donc débuté le remorquage de la partie avant du bateau. Le Boka summit ainsi que le Boka expedition se sont chargés de remorquer le géant métallique à 24 kilomètres à l’est de la péninsule. Cette partie de l’épave a été coulée à 3 000 mètres de profondeurs. Alors qu’on le rappelle, plusieurs alternatives étaient proposées comme la déconstruction du Wakashio qui semblait être la solution la plus écologique. Le sabordage du navire fait parler.
« Le gouvernement mauricien a choisi la pire de toutes les options offertes. Le naufrage de ce navire mettrait en péril la biodiversité et contaminerait l’océan avec de grandes quantités de toxines de métaux lourds, menaçant également d’autres zones, notamment l’île de La Réunion«
Les représentants de Greenpeace s’indignent de ce choix et les pointages du doigt à l’encontre des autorités mauriciennes quant à la gestion du naufrage et du pompage du fuel à bord s’accumulent. Un représentant japonais de l’ONG explique que : « Cacher le problème ne le résoudra pas. En coulant le navire, les compagnies Nagashiki Shipping et Mitsui O.S.K. adoptent une astuce typique de l’industrie pétrolière : enterrer leurs problèmes et s’attendre à ce que le monde passe à autre chose« .
Le gouvernement mauricien convoqué par la justice
« Ces membres du gouvernement ont failli dans leur mission de protéger la population et n’ont pas pris les décisions pour éviter la fuite d’huile qui a pollué le lagon du Sud-Est« .
Bruneau Laurette, habitant de l’île Maurice, explique dans ces mots la raison de la plainte qu’il a posé contre son gouvernement. Sudheer Maudhoo, ministre de la Pêche et Kavy Ramano, ministre de l’environnement, se sont donc présentés devant le tribunal ce vendredi 21 août.
Mais les reproches de Bruneau visent également le directeur des affaires maritimes mauriciennes, Alain Donat. Selon le plaignant, il n’aurait pas pris les précautions nécessaires à la protection de l’embarcation et aurait tardé à pomper le fuel qu’elle contenait.
Enfin, l’accusation se tourne aussi vers le capitaine du Wakashio, Sunil Kumar Nandeshwar, pour ses manques qui ont conduit au naufrage de son bateau. L’accusé est actuellement en détention provisoire et encourt jusqu’à 60 ans d’emprisonnement.
Des explications sur l’équipage à bord du Wakashio pour comprendre la raison de l’échouage
Sunil Kumar Nandeshwar a dû répondre aux questions des enquêteurs pour éclairer la situation qui a mené l’équipage du Wakashio à s’échouer avant de causer une marée noire. L’interrogé n’a pas nié ses responsabilités dans l’accident mais a tout de même tenu à donner des détails qui pourraient devenir des circonstances atténuantes.
Deux marins présents à bord n’ont pas posé le pied à terre pendant plus d’un an. Nandeshwar explique qu’il a reçu la barre du bateau en janvier 2020 et que son contrat devait initialement prendre fin en juin 2020. Hors, en raison de la pandémie, son contrat s’est vu rallongé de trois mois.
Au moment de l’accident, le vraquier japonais errait sur les océans sans but. Il ne recevait pas de commandes et pour éviter de payer des taxes dans des ports, il ne rentrait pas. Après avoir été tenu de rejoindre le Brésil pour prendre en charge une commande, le capitaine et son équipage qui partaient d’Asie sont passés au large de l‘île Maurice. La suite malheureusement nous la connaissons.
Les habitants de l’île continuent de lutter contre la destruction de leur patrimoine naturel ainsi que contre la propagation du fuel dans l’océan. Des barrages absorbants devraient être installés pour suppléer les barrages flottants déjà en activité.
>> Par Julen Bordachar