(Best of) Pauline Ado est vice-championne du monde ISA
Et la France championne du monde de relais aux World Surfing Games
31/12/2022 par Olivier Servaire
Initialement publié le 25/09/2022
L’équipe de France a obtenu trois médailles aux championnats du monde de l’International Surfing Association (ISA), à Huntington Beach, Californie.
Pour sa quatrième finale ISA, Pauline Ado est vice-championne du monde. Sa performance permet aux Bleus de monter sur le podium du classement des nations. L’équipe composée de Vahiné Fierro, Tessa Thyssen, Gatien Delahaye et Tim Bisso a remporté le titre de champion du monde de relais.
Kanoa Igarashi (Japon), Kirra Pinkerton (USA) et les Etats-Unis sont champions du monde. Le Japon et les Etats-Unis terminent respectivement en tête du classement messieurs et dames et obtiennent chacun une place pour les Jeux Olympiques de Paris-2024.
Pour sa quatrième finale ISA après celle de 2009 (4e place), 2016 (3e place), 2017 (championne du monde), Pauline Ado est allée chercher une médaille d’argent qui fait tout son bonheur et celui de ses coéquipiers. Cette nouvelle performance est évidemment à mettre au crédit de sa formidable expérience du très haut niveau. Solide face à la pression, imperturbable quand tout semblait aller mal, capable de gérer tactiquement toutes les situations et de sortir le grand jeu technique quand il le faut, où il le faut. Partir avec Pauline dans son équipe, c’est l’assurance de rentrer avec un maximum de points.
Dernière Français en lice pour le journal final après les éliminations la veille de Tessa Thyssen (15e) et de Vahiné Fierro (13e), la Basque avait pourtant mal débuté sa journée. Dans une finale de tableau principal à trois, après le forfait pour blessure (rotule) de la Portugaise Teresa Bonvalot lors du relais la veille, la capitaine de l’équipe de France n’a rien trouvé à se mettre sous la planche durant 35 minutes sans vague. Versée en finale de repêchages avec deux Australiennes, Sally Fitzgibbons et Sophie McCulloch, elle a parfaitement joué le coup en scorant une dernière vague sous les yeux de la jeune Aussie pour filer en finale d’un rien (11.27 pts à 11.16 pts).
Le titre qui s’échappe pour 0,63 point
A peine le temps de souffler que la Française était de retour à l’eau pour la quatrième finale mondiale de sa carrière. En compagnie de Fitzgibbons, championne du monde l’an dernier au Salvador, vieille connaissance depuis les années juniors. De la jeune américaine Kirra Pinkerton, surfeuse de San Clemente à seulement 50km de Huntington Beach, et de la Péruvienne Daniella Rosas. Très bien lancée avec deux belles gauches (6.00 et 7.00 pts), Ado tenait les rênes de la finale quand Pinkerton envoyait un énorme reentry sur une droite sortie de nulle part (7.22 pts) avant de trouver une belle gauche (5.30 pts) pour repasser devant dans les dernières minutes pour seulement 0.63 point. A la recherche d’une vague au-dessus des 6 points, Ado avait aussi à se méfier de Fitzgibbons capable de tout jusqu’au buzzer. Mais la situation n’évoluait plus.
Au coup de trompe, les Américains exultaient. Tout comme le clan français qui se précipitait pour fêter sa capitaine. Cette médaille d’argent au goût dorée faisant le bonheur de toute l’équipe.
24 heures après le titre sur le relais, la France réalisait le hold up parfait en montant sur le podium juste devant les Portugais. Un exploit au regard du plateau de ces World Surfing Games, certainement les plus relevés de l’histoire. Une performance fondatrice pour cette France new look, seule des six premières nations sans surfeur du Championship Tour. Qui est allée chercher l’or sur le relais, l’argent chez les dames, et le bronze au général.
Troisième du classement féminin
Alors oui, il restera quelques regrets. Notamment celui de voir les Japonais et les Américaines décrocher les deux tickets (non nominatifs) pour les Jeux Olympiques de Paris-2024. La qualité du surf proposé par les six tricolores présents à Huntington Beach, notamment les filles, et le parcours moins fringuant de certaines grosses nations comme le Brésil ou l’Australie, font croire qu’avec un soupçon de réussite, une pointe d’engagement, un autre choix tactique, le coup aurait été parfait. L’équipe féminine termine troisième du classement par genre à 145 points des Etats-Unis. Aux Bleus de garder toute cette énergie positive dégagée au sud de Los Angeles cette semaine pour continuer leur chemin sur le circuit professionnel et revenir encore plus fort dans huit mois au Salvador où se tiendront les World Surfing Games 2023. L’an prochain, deux places par genre et par continent seront décernées. La feuille de route est toute connue.
La France championne du monde de relais
Le relais et la France c’est une histoire d’amour. Celle qui donne tout son sens à la notion d’équipe. Vainqueurs en 2008 au Portugal et en 2017 à Biarritz, les Bleus ont remis le couvert ce vendredi à Huntington Beach. Dans le fief des Américains, Vahiné Fierro, Tessa Thyssen, Gatien Delahaye et Tim Bisso ont surpassé Zoe McDougal, Gabriella Bryan, Griffin Colapinto et Kolohe Andino. Malgré une interférence de Thyssen, qui aurait pu leur coûter la victoire, les Français ont fait preuve d’une impressionnante solidité pour maîtriser la pression des 50 minutes d’une finale qu’ils ont tenu tout du long.
Portée par un Gatien Delahaye des grands jours, la France a donné la leçon à des Américains qui ont surtout mal joué le coup en envoyant leur atout maître, Kolohe Andino, en dernier relayeur à moins de 8 minutes du buzzer. Impossible pour le n.1 US de retourner une situation rendue compliquée par un Colapinto en deçà de sa forme habituelle et plombée par les chutes de McDougal. Et tandis que les Portugais et les Argentins se battaient pour le podium, les Français pouvaient gérer les dernières minutes à la perfection avec une Vahiné Fierro revancharde et inspirée, et un Tim Bisso en feu pour porter l’estocade.
Champions du monde du relais, les Bleus démontrent qu’ils sont toujours une nation majeure du surf mondial avec l’arrivée d’une nouvelle génération.
RÉACTIONS
Pauline Ado, vice-championne du monde
« C’est sûr que ça se joue sur la dernière vague. Je me dis que j’aurais donc pu faire autrement sur la fin. J’ai bien commencé la finale avec deux bonnes vagues. Après, il y a eu peu d’opportunités. Tout le monde était dangereux. Je savais que Sally (Fitzgibbons, ndlr) pouvait avoir le score, la Péruvienne (Danielle Rosas, ndlr) aussi, elle surfe très bien de dos. Je suis hyper contente de mon parcours en fait. Surtout après la série de ce matin. Et puis, arriver à passer dans les derniers moments en repêchages pour accéder à la grande finale… Après, quand on passe si près du titre, il y a toujours un petit truc qui manque (sourire). Mais je suis très contente de mon parcours. Physiquement, je me sentais assez bien. Je n’étais pas au top en arrivant en Californie. Mais au fur et à mesure, je me suis sentie de mieux en mieux. C’est vrai que j’ai eu trois longues séries aujourd’hui (samedi) mais il y avait de longues attentes entre chaque séries de vagues. C’était donc plus une fatigue de concentration. J’étais un peu déçue de ma saison sur le circuit professionnel. Là, c’est un bon résultat qui va me redonner de la confiance. Il y avait une super énergie avec l’équipe, c’était de super moments. J’espère finir ma saison sur une bonne note. Cette médaille d’argent ? Je partais d’assez loin. Je voulais reprendre du rythme, de la confiance. Le titre en 2017 en France est spécial mais celle-là est forcément spéciale aussi. Merci à toute l’équipe, l’ambiance était incroyable. Je les entendais crier au large, quand j’arrivais sur les fins de vagues au bord. Les coéquipiers, le staff, les supporteurs français présents sur la plage, il y en avait pas mal aussi. Tous les gens qui nous ont soutenus. »
Vahiné Fierro, championne du monde du relais avec la France
« J’étais vraiment déçue de ma performance individuelle ce matin (vendredi, ndlr). J’ai eu les vagues mais mon surf n’était pas là. Je ne me suis pas bien exprimée. L’énergie est revenue pour le tag team. On fait deuxième en demi-finale, et après on s’impose en finale même avec une interférence. Je suis très fière de l’équipe de France. On a gardé le moral jusqu’au bout pour aller chercher ce titre de champion du monde ! »
Gatien Delahaye, champion du monde du relais avec la France
« C’est une bonne revanche. On était tous déçu de nos résultats sur la compétition. On voulait montrer que la France est toujours là. C’est un pur plaisir de gagner devant les Américains, les Argentins et les Portugais. Ça fait du bien de battre les Américains chez eux car généralement, ça tourne toujours en leur faveur. Ça a été chaud. Il y a eu des interférences. On en a eu une aussi (Thyssen, ndlr). Mais on gagne quand même. Ça prouve qu’on a vraiment fait la différence sur cette finale et qu’on a su répondre présent sur ce spot de Huntington. Et ce n’est pas fini. On a encore Pauline (Ado) dans la compétition et elle est sur la bonne voie pour la médaille d’or. »
LES CLASSEMENT DES FRANÇAIS
Pauline Ado : vice-championne du monde Vahine Fierro : 13e place Mihimana Braye : 13e place Tessa Thyssen : 15e place Gatien Delahaye : 16e place Tim Bisso : 19e place
LES RÉSULTATS
Relais
1. France 34.16 pts *** CHAMPION DU MONDE *** 2. Etats-Unis 31.43 pts 3. Argentine 21.90 pts 4. Portugal 17.52 pts
DAMES
1. Kirra Pinkerton (Etats-Unis) 13.63 pts *** Championne du monde ***
2. Pauline Ado (France) 13.00 pts
3. Sally Fitzgibbons (Australie) 11.60 pts
4. Daniella Rosas (Pérou) 9.20 pts
MESSIEURS
1. Kanoa Igarashi (Japon) 15.96 pts *** Champion du monde ***
2. Rio Waida (Indonésie) 14.04 pts
3. Jackson Baker (Australie) 11.67 pts
4. Guilherme Fonseca (Portugal) 9.36 pts
CLASSEMENT DES NATIONS
1. Etats-Unis 3435 pts *** Champions du monde ***
2. Australie 3250 pts
3. France 2988 pts
4. Portugal 2928 pts
5. Japon 2855 pts
6. Brésil 2330 pts
7. Canada 2225 pts
8. Allemagne 2113 pts
9. Pérou 1998 pts
10. Argentine 1905 pts
11. Costa Rica 1875 pts
12. Israël 1750 pts
13. Grande-Bretagne 1744 pts
14. Mexique 1710 pts
15. Espagne 1695 pts
(50 nations classées)
CLASSEMENT DES NATIONS PAR GENRE
Messieurs
1. Japon 1835 pts *** 1 ticket pour Paris-2024 ***
2. Etats-Unis 1555 pts
3. Indonésie 1532 pts
4. Brésil 1450 pts
5. Australie 1435 pts
6. Portugal 1390 pts
7. France 1253 pts
Dames
1. Etats-Unis 1880 pts *** 1 ticket pour Paris-2024 ***