Les meilleurs surfeurs de la planète ont frôlé (et parfois trouvé) la mort dans des vagues world-class comme Pipeline, Tavarua ou Cortes Bank mais, dans leurs exploits, la plupart sont généralement encadrés par une water-patrol entrainée et rodée.
Mais qu’en est-il dans des scénarios plus communs, autrement dit pour des surfeurs lambda sur un spot lambda ?
Le magazine Surfing a demandé à deux lifeguards de légende du North Shore, Dave Wassel et Mark Cunningham, les bons réflexes à adopter si l’on se retrouve en présence d’un surfeur/nageur noyé. Voici ce qu’il faut retenir de cet excellent article :
1. Si possible, ne pas intervenir seul, appeler de l’aide, s’assurer qu’il y a des gens sur la plage qui ont réalisé ce qui est en train de se passer.
2. Ne jamais enlever le leash du noyé pour éviter de perdre son corps si une vague vous passe dessus. S’il s’agit d’un nageur, lui accrocher son propre leash.
3. S’il est conscient, toujours mettre votre planche entre vous et lui afin qu’il s’y accroche. Dans la panique, il pourrait s’accrocher à vous et ne plus vous lâcher, provoquant ainsi le sur-accident. « Si vous ne le faites pas, ils vous grimeront littéralement dessus pour pouvoir respirer. Résultat : il y aura deux personnes en train de se noyer« .
5. S’il est inconscient, ne pas tenter de réanimation dans l’eau, mais se diriger au plus vite vers la plage. Attraper la première vague qui arrive, caler le corps de la personne sur la planche – plus facile à dire qu’à faire – et laisser la mousse nous pousser vers la plage.
6. Une fois sur la plage, s’assurer que les secours ont été prévenus ou le faire soi-même (15 pour urgences médicales et SAMU) et commencer la RCP (Réanimation Cardio-Pulmonaire). 100 compressions minute sur le torse – « en y réfléchissant, c’est presque 2 par seconde, c’est très rapide » précise Wasse. Pas de bouche-à-bouche.
Des côtes peuvent casser lors des compressions, mais cela ne doit pas vous arrêter : « je sais que ça peut être étrange, mais si vous tentez de réanimer quelqu’un qui s’est noyé et est techniquement décédé, quelques côtés cassées ne vont pas changer grand chose » précise Dave Wassel.
7. La personne expulse de la bave ou de la mousse par la bouche ? C’est signe que le massage cardiaque a fonctionné et qu’elle revient à elle. La mettre de suite sur le côté afin de permettre au fluide de s’écouler et qu’elle ne s’étouffe pas. La personne va perdre cette couleur blanchâtre/grise typique de la noyade et retrouver des couleurs instantanément.
Le dernier mot, de Mark Cunningham :
« Il faut que vous sachiez ce que veut dire sauver quelqu’un de la noyade : les visages sont distordus, décolorés et enflés. Soyez prêts à voir de la bave, la salive, du sang, de l’eau et beaucoup de vomis. Vous serez dans une situation effrayante, entre la vie et la mort, il vous faut donc rester calme et utiliser toutes les ressources et personnes que vous pouvez. Garder ne serait-ce que la tête d’une personne hors de l’eau n’est pas aisé. Gérer un poids mort dans le courant et en pleine mer est extrêmement difficile ».
Ici les hommes s’abîment toujours. Tous les hommes s’abîment toujours. Car la mer est trop forte. On en retrouve échoués l’hiver. On en secourt l’été. Des traumatisés, des inanimés, des insecourables. Quand les maîtres nageurs sauveteurs officient depuis leur poste de vigie ou leurs chaises hautes, armés de palmes et d’hélicoptères. Quand il est encore possible de se noyer un peu sans craindre le pire, parmi les enfants, les odeurs de frites, les châteaux de sable et les parasols. Ici, la mer est dangereuse. Comme indiqué sur tous les panneaux, en lettres rouges, en lettres capitales. A cause des baïnes, ces jolies mares résiduelles, ces mignonnes bassines, ces charmantes lagunes oblongues qui se forment comme des langues gourmandes sur la plage, se remplissent d’une eau cristalline à marée haute, se vident à marée basse, vous soulèvent et puis vous fauchent, doucement.
Très délicatement vous chapardent à la terre tandis que vous pensiez patauger dans le petit bassin de la piscine municipale. Vous emportent enfin implacablement vers le large, nonobstant vos gracieux mouvements. Brasse, brasse. Crowl, crowl. Et puis nage du petit chien. La tasse ensuite en tapant des pieds. Tasse, tasse, tapant des mains maintenant. Et de plus en plus vite et de plus en plus fort. Enfin, souffle court, poumons remplis vers la zone d’impact, vers la limite où les rouleaux magnifiques vous cassent alors le cou. Ou bien les reins. Selon une règle élémentaire qui veut que la nature à l’homme soit infiniment supérieure.
Pour être sûr d’avoir le bon rythme en massant, il faut se caler sur le tempo de la chanson « Staying alive » des Bee Gees 🙂