La Great Barrier Reef Marine Park Authority publie tous les 5 ans un rapport sur l’état de la Barrière de Corail australienne. Et cette année, encore plus que les précédentes, l’état du fameux écosystème n’a pas cessé d’empirer, notamment à cause du changement climatique.
Le docteur David Wachemfeld, chef scientifique du parc, énonce les 4 causes majeures de cette dégradation : le changement climatique, les ruissellements depuis les terres, le développement de la côte et certaines formes de pêches, notamment illégales. Le développement certain et surtout rapide du changement climatique a causé notamment des vagues de chaleurs marines ainsi que des cyclones (plus nombreux que par le passé).
Un rapport inquiétant
Depuis le dernier rapport quinquennal, la situation s’est empirée pour le récif corallien. En 2016 et en 2017, les coraux ont subi de graves phénomènes de blanchiment dus à l’augmentation des températures océaniques. Le changement climatique est la première cause de ce blanchiment car il vient notamment altérer l’abondance des coraux ainsi que les espèces qui viennent composer l’environnement corallien. Suite à ces deux blanchiments consécutifs, les scientifiques du parc ont déclaré la mort de plus de 100 coraux, tout comme 30% des coraux d’eaux profondes.
L’impact terrestre est principalement dus aux ruissellements agricoles, qui ont favorisé l’implantation de l’ancanthaster pourpre, une étoile de mer qui dévore les coraux et dont la présence augmente corrélativement avec la pollution.
Le rapport a donc émis un bilan (inquiétant) tant sur l’habitat (dans lequel les espèces se trouvent) que sur la population d’espèces et de groupe d’espèces. Concernant les coraux, le constat est glaçant : que ce soit pour la première ou la seconde catégorie, il est estimé qu’ils sont en dégradation presque irréversible et se sont appauvris en un temps très court.
>> le rapport est disponible en intégralité ici (en anglais).
Les conséquences prévues
Bien évidemment, le blanchiment du corail n’est pas la seule conséquence du réchauffement climatique. Car s’il pose problème, c’est parce que le blanchiment du corail vient entraver la restauration symbiotique. La restauration symbiotique c’est la relation entre le corail et une algue qu’il contient, algue qui est censée se renouveler.
Or, l’algue ne se renouvelle pas (plus) à cause de l’augmentation des températures. Un non-renouvellement qui mène indéniablement à la mort du corail.
Encore plus que l’animal corallien en lui-même, le récif est précieux pour tout son environnement. De nombreuses espèces dépendent des coraux comme habitat mais aussi comme nourriture. La mort croissante des coraux impacte alors, nécessairement, la survie et le futur de la biosphère qui est une des plus développées et des plus riches du monde.
Les solutions demandées
D’après le Dr Wachemfeld, il est plus que nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) : « la remise en forme des coraux nécessite un laps de temps adéquat sans être une fois de plus perturbé ». Une simple augmentation de 0,5° augmenterai le risque de mortalité de la barrière de manière fatale. « L’impact grandissant de températures records à la surface de l’eau font que les coraux sont passés d’une qualité mauvaise à très mauvaise en seulement 5 ans » poursuit le chef scientifique du parc.
C’est la première fois qu’un tel texte issu de recherches scientifiques est publié, avec un ton si alarmant, quant à l’état et au futur de la Grande Barrière de corail.
D’autant plus que l’Australie n’a pas eu l’air d’anticiper ce rapport, le gouvernement ayant approuvé en juin dernier le projet d’exploitation d’une mine de charbon non loin du récif. « La perte supplémentaire de coraux est inévitable. La diminution des GES demande une réponse nationale et internationale, soit des politiques efficaces de réduction de la pollution carbone », a énoncé le rapport.
Et si jamais l’argument environnemental peine à convaincre, le rapport n’a pas manqué de notifier que la Grande Barrière de corail est un atout certes environnemental pour le pays mais aussi culturel et économique. Les activités liées à la Grande Barrière de corail représentent en effet près de 6,4 milliards de dollars australiens par an (soit l’équivalent de 4 milliards d’euros). Cette recette viendrait à disparaître si la barrière disparaissait elle aussi.
Quand même une bonne nouvelle
Le 7 août dernier, un volcan sous-marin situé à une profondeur de 40m est entré en éruption aux îles Tonga. Quel est le rapport avec le bien-être de la Grande Barrière de corail ? Les roches émises sont des pierres ponces qui se dirigent, sous forme d’un radeau de 150 km carré, tout droit vers l’Australie et qui pourraient possiblement repeupler un partie de la barrière de corail.
Selon le professeur Scott Bryan, géologue à la Queensland University of Technology, « la pierre ponce est un mécanisme potentiel pour repeupler la Grand Barrière de corail. En se basant sur des cas de formation de pierres ponces que nous avons étudié au cours des 20 dernières années, cela va amener de nouveaux coraux en bonne santé ainsi que d’autres habitants des récifs jusqu’à la Grande barrière de corail ».
Selon les scientifiques, il faudrait 6 à 7 mois à l’amas de pierre pour atteindre les eaux australiennes et la Grande Barrière de corail. Ce laps de temps est donc parfait car il permet aux organismes de s’attacher, proliférer et se diversifier sur l’étendue des roches volcaniques. Cette période correspond en plus à la phase de reproduction des coraux.
Ces roches peuvent ainsi possiblement aider au rétablissement d’une partie de la Grande Barrière de corail car, selon le Pr Bryan, « seules les pierres ponces du Pacifique Sud-Ouest permettent d’aider un écosystème unique au monde comme celui de la Grande Barrière de corail, on pense d’ailleurs que ce sont probablement ces pierres-là qui sont venues former la barrière australienne ».
Même si les roches arrivent bien à repeupler une partie de la barrière, le phénomène de blanchiment et de mort des coraux ne disparaîtra cependant pas de si tôt, du moins, pas tant que des mesures ne seront pas prises au niveau international pour empêcher la hausse des températures mondiales et des GES.