Il y a un peu plus de 3 semaines, on vous relayait l’information comme quoi la construction d’une route menaçait le spot de Lagundri Bay, à Nias. Et bien aujourd’hui, c’est avec une autre nouvelle concernant la vague indonésienne que nous revenons, et elle n’est pas plus belle que la première.
Le gouvernement local souhaitait donc construire une route le long du récif de Sorake Beach. Une route surélevée de 80 cm par dessus le reef qui créerait ainsi un backwash dévastateur pour la vague, tout comme pour le reef et son environnement. De plus, la vague indonésienne attire pas mal de surfeurs à l’année, ce qui a permis de développer un tourisme local, tourisme qui disparaîtrait très probablement en même temps que la vague si la route vient à être construite.
Beaucoup pensait que les travaux ne seraient jamais engagés par manque de moyens financiers, et surtout grâce à la pression des locaux et des surfeurs. Et pourtant…
Si les surfeurs locaux étaient inquiets il y a moins d’un mois, ils sont aujourd’hui furieux. Car le projet commence à être mis en oeuvre, et ce malgré les conseils de nombreux locaux de ne pas le réaliser. Une source locale s’est confié à nos confrères de Surfline : « Mec, c’est le bazar à Nias. Il n’y pas d’autre moyens de le décrire, ce projet est catastrophique ! Ils ont entamé la petite section de la route dont ils parlaient à l’origine. Le reef est un désastre de roches et de ciment, et maintenant d’une nouvelle saleté rouge collante. Ils ont versé du ciment partout sur le reef comme des fous. C’est déjà très dangereux pour les surfeurs quand on est à marée haute. Il y a une immense pile de rochers juste à l’endroit où il y a le plus de monde d’habitude. À marée haute, l’eau atteint très facilement ces roches et les surfeurs ne peuvent plus aller nul part. Ils doivent emprunter un chemin le long des rochers, sur la partie acérée du reef, afin d’atteindre une autre zone ou ils peuvent grimper sur d’autres roches ».
« Ils ont des camions qui traversent le reef tous les jours pour y déverser de plus en plus de roches et de saletés. C’était déjà assez horrible comme ça, mais ils ont commencé à travailler sur une autre grande partie de la plage. Ils déversent encore plus de roches à l’autre bout, dans la zone clé du spot. Ils arrivent beaucoup trop sur le reef, dans la zone qui a un potentiel énorme de création de backwash lorsqu’il y a un fort swell ».
À tout cela s’ajoute le matériel de construction qui envahit de plus en plus la plage et qui inquiète les locaux : « De toute évidence, la volonté vient de plus haut que des simples administrations locales. Ils ont apportés d’énormes machines que nous n’avions jamais vu sur île de Nias. Ils ont un camion de ciment sur le reef. Il y a une énorme excavatrice juste à côté. Ils ont pompé une quantité incroyable de blocs de ciment. Ils les ont alignés temporairement le temps d’en faire d’autres. On ne sait même pas ce qu’ils vont en faire. C’est un désastre total ».
Le barrel de Lagundri Bay est très prisé depuis sa découverte dans les années 70. Des plages magnifiques, une eau chaude et surtout des barrels à en couper le souffle. La vague de Nias est donc, en plus d’être un joyaux du surf, un facteur économico-touristique qui n’est pas des moindres pour l’île de la province de Sumatra. « Hier, il y avait un grand groupe du gouvernement qui est venu voir où en étaient les travaux. Le Professeur Yasonna Laoly (Ministre des Droits de L’homme d’Indonésie et première personne originaire de Nias à être à la tête d’un cabinet gouvernemental) était là aussi. Pendant qu’il visitait le site de construction à Sorake, un surfeur (touriste) est allé le voir et lui a dit ‘le monde entier vous dit de ne pas construire cette route. Tous les surfeurs le disent. Parce que si vous détruisez cette vague, il n’y aura plus de tourisme sur votre île’ « .
Les locaux ont lancé une pétition en ligne en espérant avoir le plus de signatures et de commentaires possibles. Le début de construction est d’autant plus surprenant alors même que nous sommes à moins d’un mois du Nias Pro, la compétition de QS 3,000 qui doit avoir lieu à Nias et où tous les membres du gouvernement seront sur le site, aux côtés des locaux et des pro surfers.
C’est une affaire à suivre, mais il est bien évident que les travaux, déjà engagés, ne soient pas de bon augure pour le futur de la fameuse vague indonésienne, tout comme pour son reef.
>> Source et photos : Surfline