Un célèbre spot balinais désormais interdit aux surfeurs
La vague de Serangan est menacée par la construction d'un resort touristique.
09/07/2018 par Marc-Antoine Guet
C’est pourtant une vague de classe mondiale. Longtemps resté secret, le spot de Serangan situé sur la côte est de Bali est un reefbreak qui fait depuis quelque temps maintenant, le bonheur des surfeurs. C’est l’une des vagues les plus populaires de l’île de Bali, aussi bien chez les débutants que chez les surfeurs pros ou plus expérimentés. Tous en ont fait un lieu de pèlerinage obligatoire lors de leur trip à Bali. Sans parler des warungs présents sur la plage qui vous permettent (permettaient ?) de profiter d’une expérience indonésienne typique.
Oui mais voilà. Aujourd’hui, le spot est menacé et l’accès à la vague, interdit aux surfeurs. La raison ? Un projet immobilier qui a comme objectif de construire un resort touristique de taille conséquente.
D’après Curtis Lowe, manager à Project Clean Uluwatu et interrogé par Surfline : « Les investisseurs ont fermé l’accès à tout les surfeurs. Seuls les pêcheurs locaux peuvent continuer d’évoluer dans la zone mais ils sont très surveillés ». Il se dit même que le portail d’accès au spot est désormais fermé pour « cause de travaux ». Si le projet lui est encore flou, il s’agirait selon les premières informations d’un « village typiquement balinais ».
Toujours interrogé par Surfline, le surfeur pro balinais Marlon Gerber a déclaré que ce que veulent les promoteurs pour l’instant ce sont « des bus entiers remplis de Chinois. Comme à Pandawa beach, ils veulent que la plage devienne pareil parce que ça rapporte de l’argent. Et à Nyang Nyang (près d’Uluwatu), la falaise a été modifiée pour accueillir des routes qui desservent le bas de la côte ». La vague de Serangan rejoint donc une liste déjà bien trop longue des spots indonésiens menacés par le développement touristique dans la région.
Du côté des promoteurs, on se vante d’un projet fiable écologiquement et bénéfique pour la région : « La communauté qui vit sur la côte a à la fois le potentiel écologique et socioculturel pour devenir une destination touristique lucrative » peut-on lire sur le site web du constructeur Giti Group basé à Singapour. 500 hectares devraient donc être utilisés pour bâtir ce resort. Ce dernier devrait accueillir un port avec des yachts ainsi que des villas de luxe. Si les prix restent inconnus, nul doute qu’en comparaison de ce que propose le marché actuel en Indonésie, ces derniers devraient être bien plus élevés que ce que sont prêt à s’offrir les surfeurs de passage à Bali.
Une bien mauvaise nouvelle donc, et ce alors qu’un autre spot secret situé non loin de Keramas cette fois est lui aussi menacé. Un mur a en effet été construit le long de la falaise pour protéger les villas de luxe de l’érosion. Cela a eu comme conséquence notamment de créer un backwash énorme sur la vague, rendant les barrels quasi inexistant.
Aux Mentawaï cette fois, un resort de plus de 2 300 hectares doit bientôt voir le jour. Ce dernier doit inclure un aéroport, un port, un parc d’attraction ainsi qu’un parc aquatique. « C’est juste le début » a terminé de confier Marlon Gerber.« Il y a encore tellement d’endroits où ils peuvent faire ça. La vague n’est pas leur priorité. Ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils font à la vague. Ils pensent juste au tourisme de masse et à l’argent que ça rapporte ». Inquiétant.