C'est le 1er navire hauturier capable de collecter et traiter en masse les macro-déchets océaniques flottants.
16/01/2019 par Marc-Antoine Guet
Enfin une solution miracle ? Lassé de voir les océans pollués par des objets plastiques en tout genre, le navigateur Yvon Bourgnon met sur pied le premier navire hauturier capable de collecter et de traiter en masse les macro-déchets océaniques flottants avant qu’ils ne se fragmentent.
Si tout se passe bien, « Le Manta » devrait voir le jour d’ici 2020. Une vraie bonne nouvelle pour la planète, qui voit ses océans mourir doucement mais sûrement. « Une action concrète pour montrer le bon exemple » selon le marin aventurier écologiste.
70 mètres pour faire une différence
Le voilier sera prénommé «Le Manta » en référence aux Raies Manta, qui font figurent de poissons modèles en terme de récupération et de filtration. Le but de ce projet étant principalement à caractère écologique, il est évident que tout sera créé afin de réduire l’empreinte carbone.
Fort de 2 000m2 de panneaux solaires, 2 éoliennes et 4 moteurs électriques, le quadrimaran sera surtout pourvu d’une herse de 70 mètres afin de récolter un maximum de déchets, et ce jusqu’à 1m50 de profondeur.
Ce concept devrait permettre d’amasser environ 300 mètres cube de déchets (environ 100 tonnes) qui pourront ensuite être recyclés. Le tout, grâce à un système de collecte inédit en mer et à une usine embarquée pour collecter, trier, compacter et stocker les macro-déchets plastiques. « L’océan est devenu ma passion, j’en ai fait mon métier. Aujourd’hui, toutes les mers sont en dangers. Nous devons nous engager dans ce nouveau défis ».
Atteindre les déchets avant qu’ils ne coulent
« Le Manta » une fois mis sur l’eau, travaillera en étroite collaboration avec des ONG spécialisées dans la localisation des zones de déchets. Le but sera de se rendre le plus rapidement possible sur place, à la source, « avant que les objets ne coulent », mais surtout avant que les déchets n’atteignent les courants. Car une fois pris dans ces derniers, ils rejoignent « le 7e continent ». Un endroit où plus de 3,5 millions de km 2 de déchets sont à la dérive. Des zones où il sera très difficile d’intervenir. C’est pourquoi, « il faut intervenir à la source » selon Yvon Bourgnon investigateur du projet.
Une fois sur la zone de ratissage, le quadrimaran naviguera à 2 nœuds soit environ 4 km/h. Afin d’éviter toute pêche accidentelle liée à l’utilisation de la herse, le voilier émettra des ultrasons qui auront pour but d’éloigner les poissons et mammifères présents dans les parages.
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les tempêtes qui inquiètent le plus les marins. « 10% des navigateurs du Vendée Globe abandonnent à cause de collisions avec des objets flottants non identifiés (OFNI) ».
Les OFNI, Yvon Bourgnon sait de quoi il parle. L’idée du projet est née de son tour du monde. Plus particulièrement lors de son passage aux Maldives, où le navigateur a passé la plupart de ses journées à enlever tous les objets plastiques coincés dans son gouvernail. Lui qui a aussi dû abandonner la Transat Jaques Vabres en 2015, à la suite d’une collision avec un OFNI, a de l’expérience. Il reste pour beaucoup, malgré cette édition de 2015, un vainqueur de Transat Jacques Vabres en double en 1997 et aussi l’homme qui a réalisé un tour du monde sans GPS, entre 2013 et 2015.
Si tout va bien, le bateau devrait être construit pour 2021 avec une première mission de collecte (de 1 à 3 mois) prévue pour 2022. Pour l’instant, Yvon Bourgnon récolte des fonds à travers une opération de crowfunding.
Une population locale exemplaire et solidaire, une fuite d'huile lourde enfin stoppée, des conditions climatiques compliquées... On fait le point en ce début de semaine.