Un mois après être devenue la première femme à surfer Belharra à la rame, l’infatigable Justine Dupont poursuit son entraînement dans le surf de gros à Nazaré. Entre deux sessions, on a réussi à lui poser quelques questions sur son quotidien, ses entraînements et et ses projets :
Justine, quoi de neuf depuis Belharra ?
Je suis en ce moment à Nazaré où je m’entraîne
depuis le mois de décembre. Puis je vais prochainement m’envoler pour l’Australie afin de participer à quelques épreuves QS en shortboard.
Pourquoi Nazaré ?
Ma session à Jaws était une aventure en soi, celle de Belharra à la rame aussi c’était quelque chose de nouveau, et aujourd’hui Nazaré est une nouvelle étape.
Puis j’adore le
Portugal, le pays, la langue, les vagues et ce que l’océan propose ici. La limite, ce n’est plus l’océan, c’est moi, et j’ai de quoi ressentir plein de
sensations, avec des fréquences de vagues
intéressantes.
Tout cela reste très personnel, je suis à Nazaré pour vivre
quelque chose, et non pas pour décrocher un quelconque record de la plus grosse vague, pour le surf
féminin, ou que sais-je. Je fais juste tout ça pour moi, pour mon aventure.
Et puis, je me suis rapprochée de mes deux sponsors principaux (Red Bull et Mini, Justine n’étant plus chez Billabong depuis fin 2016, ndlr) qui me soutiennent
et qui collent parfaitement à la direction que je prends.
Tu étais déjà venue à Nazaré avec Shane et Sancho en 2013,
non ?
Oui c’est vrai mais je
n’avais pas surfé, ils n’avaient pas voulu car c’était quand même gros cette
fois-là. Nazaré est une vague impressionnante, il faut s’habituer, y passer du
temps pour la comprendre, les conditions y sont
dures.
Là, je suis entourée des habitués et des locaux qui connaissent bien la vague.
Mon copain Fred (Fred David, ancien champion du monde de bodysyrf, ndlr) me pilote en jet-ski, et il est maintenant calé à Nazaré. L’ambiance est vraiment cool et les gens sont top, j’ai été très bien accueillie et je suis bien
intégrée.
En ressortant de ces sessions je me rends compte que je franchis de gros paliers, et que ça me fait du bien dans tous les domaines. Nazaré est une grosse école. La mairie me permet aussi de
m’entrainer à Car Surf, une salle de sport réservée aux athlètes.
Tu es la seule fille a venir t’y entraîner hors compétition ?
Non, il y a aussi Maya (Gabeira, ndlr), je ne suis donc pas la seule. Mais il n’y a pas de
différence entre filles et garçons, c’est juste un surfeur de plus à l’eau, un
jet-ski, une aide, un regard supplémentaire quand tu es dans l’eau,
une personne de plus qui participe à cette entraide très présente dans le surf
de gros.
Quand on est arrivés le premier jour, tout le monde faisait du tow. Il
y a plein de choses qu’on ne savait pas avec Fred, comme par exemple le fait qu’à marée basse
ici, il faut utiliser une corde pour la mise à l’eau. C’est un truc bien particulier qu’on a appris avec les locaux.
Tout le monde s’entraide. Comme la fois où on a perdu un surfeur de vue : en une
fraction de seconde, l’alerte a été donnée et tout le monde s’est organisé pour
retrouver le surfeur. Tout se met en place très vite, c’est
dingue.
Comment t’entraines-tu pour attaquer Nazaré ?
Je fais de l’apnée deux fois par semaine – et ce depuis trois ans – avec BSO (Biarritz Surf Ocean). Je vais aussi à la salle tous les jours (Car Surf à Nazaré) où je fais des circuits Crossfit, du vélo, je travaille mon cardio, je fais du yoga et surtout, je vais à l’eau tous les jours. Avec Fred, on fait du bodysurf, je nage dans les courants, je change très souvent de planche et j’hésite pas à prendre des planches en mousse aussi ! Le tout c’est d’avoir du fun. Et manger sainement, boire beaucoup d’eau et bien dormir.
Tu t’apprêtes à t’envoler pour l’Australie. Tu évolues donc sur deux plans : ta carrière sur le QS et celle dans le surf de gros ?
Oui voilà. Même si aujourd’hui, les QS
deviennent secondaires. Ils me permettent seulement de rester au niveau en
shortboard, pour continuer à me mesurer au niveau actuel de compétition, et
améliorer ma technique, ce qui m’aide dans les grosses vagues.
Je suis en train de me recentrer sur ce que j’aime,
et qui a toujours été ma passion : le surf de grosses vagues. Mais je ne me mets pas
du tout de pression. A Nazaré je suis juste avec mon copain, sans
photographes, sans journalistes, sans prétention. Je fais ce que j’aime, ce
dont j’ai envie.
Es-tu en
recherche d’autres sponsors en plus Redbull et Mini ?
Je suis déjà bien entourée avec Mini et
Red Bull, on partage les mêmes valeurs et on a de beaux projets pour l’avenir. Mais il n’empêche que je suis toujours à
la recherche d’un sponsor « principal » afin d’avoir plus de liberté et
pouvoir me concentrer sur cette nouvelle aventure, sans limites !
Quel est donc ton prochain objectif ?
J’ai beaucoup aimé Mavericks, tout
comme Jaws. Il y a beaucoup de choses à faire là-bas, le terrain de jeu est
magnifique. Mais ce qui est compliqué, c’est le monde à l’eau sur
les gros swells. C’est moins le surf que j’affectionne, les grosses sessions
s’apparentent à des compétitions sur ce genre de spots. Il y a tellement de
monde que tu prends des risques que tu ne prendrais pas normalement.
Pour Jaws et Mav’s, je m’y rendrai plutôt sur des swells intermédiaires, comme on l’a fait
à Belharra le mois dernier. Ce n’était pas le swell de l’année, celui que tout le monde
attendait, on était donc peu à l’eau ce jour-là et finalement c’était
top.
> Revoir Justine Dupont surfe Belharra à la rame (décembre 2016)
Crédits photos : Praia do Norte (actions Nazaré) et Fred David.