Pauline Ado : "un délire sur un sujet qui fait débat"

La pro surfeuse française revient sur la démarche de son clip et l'incroyable buzz qui en a suivi.

28/10/2015 par Romain Ferrand

 

200 000 : c’est le nombre de vues que la surprenante vidéo de Pauline Ado totalise depuis sa mise en ligne jeudi dernier. Un chiffre qui ferait rêver plus d’un surfeur. De par sa mise en scène mais aussi le message qu’il véhicule, le clip a été repris par certains médias généralistes, et jusque sur Direct8.

Pauline a accepté de revenir pour nous sur les motivations qui l’ont conduit à réaliser ce clip et la façon dont elle a géré le buzz qu’il a suscité :

Précise-nous le contexte du tournage de ce clip ?

Je suis partie au Costa Rica l’été dernier pour l’opération Green Miss, un concept qui utilise la féminité pour faire passer un message écologique et sensibiliser les gens aux écosystèmes du pays. J’étais marraine du projet cette année, et c’est là que j’ai rencontré Sylvain Demercastel, qui est à l’origine du projet et qui est aussi caméraman, réalisateur etc. On a bien accroché et au fil d’une discussion sur le surf féminin et sa médiatisation, on a lancé l’idée de faire un clip un peu décalé et humoristique. On l’a tourné en août dernier, et on a fini par le sortir.

Depuis, les réactions sont mitigées. T’attendais-tu à ça ?

A la base, c’était juste un délire qui s’est concrétisé. On savait quand même que ça allait faire réagir parce que c’est un sujet qui fait débat, mais je ne pensais pas que ça dépasserait la sphère du surf, que ça irait jusqu’à passer à la télé…

Quel est le message derrière ce clip ?

Il faut repartir un peu en arrière : ça fait quelques années que le surf féminin a explosé, notamment parce que les marques et les surfeuses ont su mettre en avant le côté glamour et féminin qu’il n’y avait peut-être pas avant. Je trouve que c’est top, qu’on a réussi à avoir une vraie identité, qu’on a pu montrer que c’est aussi un sport de filles. Et la plupart du temps c’est bien fait, c’est joli. Les marques mettent en avant leurs produits, leurs maillots, leurs combinaisons, et c’est normal.

Mais ce qui est plus critiquable, ce sont les dérives qu’il y a eu. Il y a une surenchère dans le côté sexy qui finit par tomber dans le vulgaire chez certains médias et certaines filles en recherche de visibilité. J’ai vraiment vu des choses limites. Et ça finit par nuire à l’image qu’on doit véhiculer de sportives et de surfeuses. On s’éloigne un peu du sujet. C’était un peu pour se moquer de tout ça.

Mais pour moi qui ne suis pas du tout là-dedans, ça a été difficile de m’exposer de cette manière. Et ça a dû être surprenant pour les gens qui me connaissent, ce que je peux comprendre. Ça a dû en faire rire plus d’un (rires).

 

Justement, comment ont réagi tes proches ?

Je l’avais montré à ma famille et mon copain avant que ça sorte. Leur réaction était plutôt amusée, ils trouvaient ça cool. Mais ils ont été aussi surpris que moi de l’impact que ça a eu.

Tes sponsors ?

Je n’ai pas eu de retours de tout le monde, mais je pense qu’ils ont trouvé ça bien. Mais ce ne sont pas les marques qui sont visées, parce que ce ne sont pas elles qui sont vulgaires ou nous mettent en avant de manière déplacée. Elles mettent en avant des maillots de bain, bien sûr qu’il faut prendre de jolies filles pour les mettre en avant…

Penses-tu que ce clip a fait avancer ce débat ?

(rires) Je ne sais pas, j’espère. Ça en a fait parler en tout cas, c’est déjà ça.

Tu ne regrettes donc absolument pas d’avoir fait et publié ce clip ?

Non. Après, c’est la première fois que je fais quelque chose d’engagé comme ça, même si mon discours a toujours été le même : oui cette image nous sert car elle contribue au développement de notre sport, mais il y a clairement des dérives qui nuisent parfois à notre crédibilité. Les gens peuvent être amenés à ce demander ce que signifie être surfeuse aujourd’hui.

On a pu lire des commentaires de gens – dont des filles – qui pourtant ne comprenaient pas la démarche.

Je n’ai pas tout lu, et bien sûr ça ne fait pas plaisir de lire certaines messages. Mais le message global est quand même passé.

Quelques commentaires sur le maquillage aussi…

(rires) Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’était une mise en scène. La consigne était d’avoir les yeux super noirs, avec la musique à la Top Gun, le jardinier etc. Il y a des gens qui ont proposé de m’offrir des leçons de maquillage, mais c’est évident que je ne maquille pas comme ça (rires)

Voir le clip repris sur Direct 8 et commentée par Roselyne Bachelot, ancienne ministre sous Sarkozy, ça doit faire quelque chose ?

Ça m’a vraiment surpris quand j’ai vu le replay, j’ai halluciné. Comme quoi ça fait réagir les gens. Une des chroniqueuses du reportage résume justement bien le problème lorsqu’elle dit que le sport féminin ne peut pas être médiatisé sans une sexualisation à outrance. Et c’est là tout le débat.

Tu aurais aussi pu poser le débat sans toute cette mise en scène…

Oui, on peut me reprocher ça c’est sûr, me dire que je mets justement ce côté sexy en avant. Mais ça n’aurait jamais eu cet impact si ça n’avait pas été fait comme ça.

Tu nous réserves d’autres surprises comme celle-ci ?

Pas pour l’instant (rires). Pas de cet ordre-là en tout cas.

Le sujet du Grand 8 (Direct 8) sur le clip :



5 commentaires

  • rai
    29 octobre 2015 12h51

    Il vaut mieux qu’elle se contente de surfer..

    Répondre

  • guy
    29 octobre 2015 10h32

    Attention, ce n’est pas parce que les intentions sont bonnes que le clip est réussi.
    Il y a véritablement confusion dans les articles et les commentaires…
    Le plus navrant est de lire des réactions telles que « waw ce beau cul ». Cela prouve que la vidéo est complètement ratée puisque l’effet obtenu est inverse à la soit-disant cause défendue.

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  • tansalé
    29 octobre 2015 8h38

    ok tu t’es maquillée à la truelle, ok si je t’avais croisé saoul la nuit sur une plage de Thailande j’aurais eu peur pour mes fesses, mais bon l’essentiel est là: tu as un cul d’enfer 🙂

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  • The Aloha Beast
    28 octobre 2015 18h38

    Pauline a voulu marquer les esprits en frappant un grand coup: bravo à elle!

    Répondre

  • Tom
    28 octobre 2015 18h28

    « Mais ce ne sont pas les marques qui sont visées, parce que ce ne sont pas elles qui sont vulgaires ou nous mettent en avant de manière déplacée »

    Mouais, Rip Curl le fait pas mal quand même!

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