Des petits groupes de 4/5 pour un suivi 100% personnalisé
Le feu vert donné, Cathy ne prit pas beaucoup de temps à mettre le projet en place. « J’ai vite monté un petit groupe de personnes ayant une capacité physique suffisante pour marcher et se lever ». Mais loin d’elle l’idée d’en faire des John John Florence. La surf thérapie n’a pas comme objectif de leur faire prendre des grandes vagues. « Le but est de les allonger sur une planche, leur faire resentir la glisse et de les faire respirer au grand air en plus de marcher dans le sable ».
L’Ehpad organise une sortie par semaine pendant un mois et demi environ avant l’été. « Cette année, nous avons commencé le 30 mai, à raison d’une séance par semaine. C’est peu mais ça va venir. Notre but c’est d’en faire le plus possible. »
Des petits groupes de 4/5 personnes sont donc formés. « Chaque année on change les personnes. Mais cette année, une dame qui était présente l’année dernière nous a réclamé de revenir. Nous avons aussi cette saison un monsieur qui a décidé d’arrêter de fumer. Il a 71 ans. C’est un peu dur pour lui, je lui ai demandé alors s’il voulait venir avec nous. Depuis, il est devenu accro ».
Après des débuts concluants, l’Ephad a multiplié les sorties, toujours au même endroit du côté de Saint-Malo. « Les pensionnaires aiment bien avoir des repères. Sortir de l’Ephad c’est déjà extraordinaire pour eux. Et arriver sur la plage c’est un vrai bol d’air pour le coeur et pour les yeux ».
Pour aller au bout de ce projet, Cathy installe un partenariat avec l’école de surf HinaSurf de Saint-Malo où elle avait pris quelques cours. Des cours qui lui ont permis de rencontrer Hélène, prof de surf. « Je savais qu’elle était très enclin à faire de la surf thérapie. Elle avait déjà eu des petits groupes d’IME (Instituts Médico-Educatifs). Avant d’être prof de surf, elle travaillait dans le social en tant qu’éducatrice spécialisée. C’était la personne parfaite. C’est ce qui a rendu le projet possible ».
Un projet rendu aussi possible par un directeur bien conscient de ce que ce genre d’activité peut apporter. « Il nous autorise à travailler à 1 pour 1. C’est à dire 1 accompagnant par personne. On part donc à 4 résidents pour 4 soignants. Nous avons beaucoup de chance. Il préfère que nous accompagnions moins de gens mais que nous soyons à 100% avec eux ».
« C’est aussi possible grâce à mes collègues accompagnants qui transmettent une vraie confiance pour que les résidents aillent à l’eau sereinement ».
Forcément un moment de partage inoubliable pour tout le monde. « Une dame l’année dernière de 92 ans était venue me dire que c’était la première fois de sa vie qu’elle mettait une combi. Elle était très fière. Et quand ça allait un peu moins bien dans la semaine, que cette personne déprimait un peu, je lui rappelais qu’elle avait surf en fin de semaine et son visage s’illuminait ».
Physiquement, les pensionnaires trouvent dans la pratique du surf une certaine forme d’apaisement. « Même si c’est encore difficile à mesurer car nous n’avons que 5 séances par an, je peux dire qu’ils dorment bien le soir. Il y a aussi un côté euphorisant. Quant on part surfer, sur la route, tout le monde est un peu excité. Au retour, on n’entend plus personne ». Un peu comme nous en sorte.