Ne lui parlez surtout pas de retraite. « Je ne prends pas ma retraite, je passe à autre chose, un nouveau chapitre ». Un nouveau chapitre qu’on lui souhaite aussi brillant, passionnant et excitant que le premier.
Mais ce qui était officieux est désormais officiel : Jérémy Florès va se retirer du circuit pro à l’âge de 33 ans, et après avoir passé 15 années sur le World Tour. C’est le Français lui-même qui l’a annoncé cette nuit via un long post Instagram. Mais ce n’est pas parce que le Réunionnais se retire du circuit qu’il compte s’arrêter là. Il passe simplement à autre chose.
Après avoir été le plus jeune surfeur de l’histoire du surf à se qualifier sur le CT, alors qu’il était à peine âgé de 18 ans, Jérémy souhaite désormais donner une nouvelle direction à sa vie. Et cette nouvelle n’est pas une réelle surprise. Cela fait déjà quelques temps qu’il évoquait la fin de sa carrière professionnelle. Il y a quelques jours, à la fin des JO, il avait déclaré avoir quelque chose à annoncer prochainement. Depuis cette nuit 23h, ce qui était officieux est désormais officiel.
Si cette nouvelle marque la fin d’une époque et à de quoi rendre nostalgique, comment lui en vouloir.
Depuis qu’il est devenu père, et encore plus depuis que sa femme attend son deuxième enfant, Jérémy dit vouloir se concentrer à 100% à sa vie familiale. Les priorités ont changé et on le comprend. Car la pratique sportive de haut niveau nécessite un investissement émotionnel et physique considérable, entraînant une focalisation exclusive de l’individu sur le corps et la performance.
« Grâce au surf pro, je peux mener une vie plus simple et assurée pour ma famille. Le sport de haut niveau, c’est du sérieux. Il y a tellement de choses qui se passent derrière les rideaux. C’est intense, ça demande énormément d’énergie et un mode de vie très strict. Depuis que je suis devenu papa, mes priorités ont complètement changé, je veux être à 100 % présent pour ma famille. Ces dernières années, je n’ai pas mis suffisamment d’efforts dans ma préparation. Je n’avais plus cette hargne que j’ai pu avoir avant et ça ne pardonne pas contre cette nouvelle génération de surfeurs extrêmement bien préparés à tous les niveaux. J’aurai cet esprit de compétition en moi toute ma vie, donc j’avoue que même si je le montrais moins, ça me fait toujours autant chier de perdre (rire). »
Que de chemin parcouru et quelle carrière !
Les champions ont ce charisme qui fait qu’on aimerait ne jamais les voir partir.
Pourtant, celui qui nous aura tant fait vibrer tout au long de ces dernières années s’apprête bien à faire ses adieux au Tour après une histoire d’amour de 14 ans faite de hauts et de bas. Mais il n’a jamais cessé d’être à fond dans ce qu’il faisait. C’est ça aussi la carrière d’un champion. Il aura su laisser du temps au temps mais qu’il se rassure, son empreinte dans l’histoire est bien réelle et comptez sur nous pour vous le rappeler.
« J’ai dédié toute ma vie à ma carrière de compétiteur. Des hauts et des bas, mais toujours à fond. Des moments inoubliables. J’ai essayé de rester vrai, le plus possible toutes ces années, des fois un peu trop même, cela a pu me jouer des tours, mais ça valait toujours le coup. Si quelqu’un m’avait dit, quand j’étais gamin, la vie que j’aurais, les succès, j’y aurais sûrement pas cru ».
Si Mick Fanning a choisi Bells pour son grand départ, Jérémy lui, fera ses adieux à Teahupo’o à la fin du mois. Tout un symbole pour celui qui vit désormais à Tahiti et qui le 25 août 2015, 50 jours après une grave blessure au visage, remportait le Billabong Pro Tahiti.
Pour rappel, c’est en 2007 que Jérémy a intégré l’élite du surf mondiale pour la toute première fois. S’ensuivront 14 saisons au cours desquelles il emmènera le surf français à un niveau où il n’était encore jamais allé. Il a ouvert des portes et entraîné avec lui toute une génération en plus de faire naître des passions et des vocations. Il aura surtout été le meilleur surfeur français de sa génération et même de l’histoire.
4 succès de prestige
Lors de ses saisons sur le Tour il aura remporté 4 succès mémorables dont à deux reprises le mythique Pipe Masters à Hawaii qui n’est autre que la plus prestigieuse des étapes du circuit. Il est le premier français à s’y être illustré en territoire que l’on sait tous hostile. En 2010 d’abord contre Kieren Perrow avec un tube magistral à Backdoor puis 7 ans après contre John John Florence qui venait de remporter pour la seconde fois consécutive le titre mondial.
Au fil des années et des compétitions, Jérémy a prouvé son excellence dans les tubes et ce n’est pas par hasard s’il éliminera successivement Kelly Slater, CJ Hobgood puis Gabriel Medina alors champion du monde sur l’épreuve du Tahiti Pro à Teahupo’o en 2015, 50 jours après une grave blessure au visage.
Le quatrième de ses succès mémorables s’est produit lors du Quiksilver Pro France en 2019 dans les Landes contre Italo Ferreira. Cette victoire figure parmi les moments les plus intenses de sa carrière et on s’en souvient encore. Toutes ces victoires prestigieuses l’ont propulsé dans une autre dimension. Celle des champions qu’on aimerait ne jamais voir partir. Mais Jérémy restera à jamais un surfeur très apprécié de la communauté surf. Il est aimé pour son naturel, sa sympathie, sa spontanéité et son honnêteté qui lui ont parfois porté préjudice sur le Tour, tout comme sa grande liberté de parole devenue rare chez les sportifs de haut niveau.
En attendant la suite, on ne peut que le remercier d’avoir amené le surf français à un tel niveau. Tu peux être fier de toi champion. Nous on l’est.
Jérémy Florès en chiffres
– 1 participation aux Jeux Olympiques
– 2 fois Pipe Masters
– 3 fois N.8 mondial WSL
– 4 victoires sur le CT
– 4 titres mondiaux ISA
– 6 finales CT
– 14 sélections en équipe de France
– 15 demi-finales CT
– 15 années sur le CT
– 20/20 au Tahiti Pro en 2011
– 40 jours de suspension en 2014
– 136 compétitions sur le CT
– 427 séries sur le CT