Bonjour Marcus ! Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours de photographe, de tes débuts à ta vie quotidienne aujourd’hui ?
Je m’appelle Marcus Paladino (@marcuspaladino), j’ai 33 ans et je vis sur la côte ouest de l’île de Vancouver, à Tofino. J’ai commencé à prendre des photos au lycée et c’est passé d’un hobby et d’une passion à ma vie de tous les jours et à ma carrière. Je fais des photos de surf à plein temps depuis environ huit ans et cette passion ne s’est jamais éteinte. Chaque jour, je suis excité à l’idée d’essayer de prendre de meilleures photos que la veille.
Comment décrirais-tu ton style artistique à ceux qui découvrent ton travail ?
Je n’ai jamais su comment décrire mon style, j’essaie de laisser mon travail parler de lui-même. Pour moi, il est plus intéressant que d’autres personnes décrivent mon style de photographie, car cela apporte un nouvel aperçu de la façon dont il est perçu au lieu de la façon dont je le perçois moi-même. Mais je le décrirais comme une approche créative de la documentation du surf, qu’il s’agisse d’action, de lifestyle ou de lineups, j’essaie toujours de trouver de nouveaux angles et de repousser les limites chaque fois que c’est possible.
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Qu’est-ce qui t’inspire lorsque tu te lances dans un nouveau projet ?
Je suis toujours inspiré pour travailler sur de nouveaux projets car j’ai l’impression que c’est l’élément vital d’un artiste indépendant. Qu’il s’agisse de partir en voyage ou d’essayer de créer quelque chose que les gens apprécieront, c’est une sorte de cycle sans fin de la créativité qui rencontre la collaboration par le biais des voyages et de l’inspiration.
Ta photo est en couverture du numéro 386 de Surf Session. Peux-tu nous parler de ce shot ?
Cette photo de couverture a été prise avec Ian Fontaine et Pete Devries lorsque nous étions au Chili pour une campagne Manera. Nous avons parcouru la côte à la recherche de vagues et ce matin-là, il y avait du brouillard. Nous étions à flanc de falaise et nous regardions une gauche parfaite sans personne à l’eau et les garçons essayaient de savoir si les conditions allait s’améliorer ou non. Pendant qu’ils discutaient d’un plan d’attaque, j’ai pris une photo d’eux. C’est ce que j’essaie de faire dans la plupart de mes photos lifestyle. Je ne positionne pas les surfeurs mais je documente plutôt ce qui se passe sans qu’ils s’en aperçoivent. Je trouve que l’on peut obtenir une image beaucoup plus expressive et réelle que si l’on essaie de fabriquer un moment.
Quel émotion voulais-tu transmettre avec cette photo ?
Quelque chose que tous les surfeurs peuvent comprendre : l’indécision. La plupart du temps, surtout de là où je viens, on n’est jamais sûr de savoir où ça va marcher parce qu’il y a beaucoup de spots qui fonctionnent avec des houles similaires. J’ai constaté la même indécision lorsque nous étions au Chili et que nous essayions de faire coïncider les marées non seulement avec notre emploi du temps, mais aussi avec les prévisions concernant la houle et le vent, tout en essayant d’éviter le monde à l’eau. Je pense donc que la photo transmet vraiment l’idée de l’isolement et de la solitude, mais aussi l’anxiété de savoir quelle est la meilleure chose à faire à un moment donné.
Tu sembles t’épanouir dans le surf en eaux froides, peux-tu nous expliquer ce qui t’attire dans ces conditions ?
Pour moi, le surf en eaux froides est beaucoup plus brutal. C’est un peu comme si on partait en guerre. Je me sens attiré par le surf en eaux froides parce que de là d’où je viens, on n’a pas le choix : il faut porter des chaussons, des gants et une cagoule, sinon on se gèle les fesses ! Donc l’idée d’aller dans un endroit chaud et tropical semble attrayante pour des vacances, mais je préfère enfiler mon matos dans un endroit isolé, avec des décors enneigés en toile de fond et de l’eau froide, qu’il s’agisse plutôt d’un récit d’aventure.
Quels défis le surf en eaux froides apporte-t-il avec lui ?
Le défi est parfois simplement de survivre. Si vous allez camper au milieu de nulle part pour surfer et filmer pendant trois jours d’affilée sans personne autour de vous ni connexion téléphonique, vous devez être préparés. Le défi consiste donc à s’assurer que l’on dispose de tout l’équipement nécessaire, ou même simplement à rester au chaud, d’avoir le bon nombre de couches et un camp de base solide pour être sûr d’être au chaud et au sec lorsque l’on sort de l’eau. Je trouve que quoi qu’il arrive, même si on le fait depuis longtemps, on oublie toujours des choses lors de ces grandes sorties. Il s’agit d’essayer de prendre soin de soi de la meilleure façon possible, physiquement mais aussi mentalement, dans ce type de conditions.
L’océan et/ou le surf ont-ils toujours fait partie de ta vie ?
J’ai grandi toute ma vie autour de l’océan, mais je ne me qualifierais pas nécessairement de bon nageur. J’ai toujours ressenti un lien étroit avec l’océan, car je viens de l’île de Vancouver et je suis constamment entouré d’eau ; certaines personnes trouvent cela angoissant, mais moi je trouve cela libérateur. Il semble tout à fait naturel qu’à l’âge adulte, je me sois rapproché de la mer, même si je n’ai commencé à surfer que lorsque j’ai déménagé à Tofino, à l’âge de 20 ans. Mais j’ai l’impression de pouvoir rattraper ces années perdues à ne pas être dans l’océan en cumulant mes activités de surfeur et de photographe de surf.
Peux-tu nous parler de ton matériel ? Ton appareil photo, ton objectif préféré, ce que tu portes à l’eau…
Je travaille avec Canon. Sans raison particulière, si ce n’est que mon premier appareil photo était un Canon et qu’à partir de là, j’ai élargi ma collection d’objectifs et mes connaissances. Sur terre, mon objectif de prédilection est le 100-400. Dans l’eau, mon objectif de prédilection est un 70-200, mais j’adore prendre des photos au fisheye lorsque les vagues tubent. Mon boîtier aqua est un boîtier CMT en fibre de carbone, il est super léger et génial à transporter et à utiliser dans des conditions solides. J’ai également un drone Mavic 2 Pro que j’aime sortir pour obtenir des angles alternatifs lorsque je veux voir une vague d’un point de vue différent. Et je salue l’objectif Sigma 50mm Art, qui a été consistant ces dix dernières années et que j’aime utiliser chaque fois que je le peux. Pour ce qui est du matériel de nage, j’ai des palmes DaFins, un casque Gath et une combinaison Manera 6mm qui est de loin ma combinaison préférée pour nager.
Enfin, y a-t-il une photo spécifique que tu as souvent en tête ?
Si les vagues tubent, la question ne se pose pas : je me mets à l’eau avec mon appareil photo. C’est même plus pour des raisons égoïstes, parce que j’ai envie d’être moi-même dans le barrel et que la sensation d’être dans un tube avec quelqu’un d’autre est incomparable. J’aimerais essayer de prendre des photos larges chaque fois que je le peux, mais cet angle peut être délicat si les vagues ne coopèrent pas. Mais dès qu’on va sur des slabs, tout ce que je veux c’est me mettre à l’eau parce que je n’aurais jamais pu surfer une vague comme celle-là moi-même, alors en faire partie avec le surfeur, c’est spécial. Si le temps n’était pas aussi capricieux au Canada, je ferais des photos comme ça tous les jours et je ne m’ennuierais jamais.
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- Image de une : Andy Jones © Marcus Paladino